C’est toujours très délicat de chroniquer un album d’un groupe qui revendique son influence vers tout ce qui peut être expérimenté. Tortured By Turtles nous livre ici un disque sans concession, expérimental et très “électronique”.

Formé en 2004 par deux Lituaniens, le groupe part sur une voie où "recherches musicales et esthétiques sont le but absolu". Au moins, vous êtes prévenus ! Et il est vrai que leur musique transpire d’expérimentations où chaque son qui existe peut servir à des fins autres que leurs propres buts (et c’est d’ailleurs l’une des définitions de la musique électronique expérimentale). On retrouve donc sur Cyber Maire, deuxième album des Tortured By Turtles, beaucoup de choses. Voire trop, au point que l’album plonge dans la noisy-electro. Sont-ils tombés dans un piège où bien ont-ils voulu cet effet des plus “surprenants” ?

Aux premières écoutes, la réponse est sans doute la première. Mais au fur et à mesure, on arrive à trouver des lignes mélodiques autres que celles qui sont mises en avant. Un jeu de basse moins mécanique que la boite à rythme qui l’accompagne, un petit synthé en fond (Woody Jacket) ou bien une simple guitare (Stop Killin’ Turtle Mario). Par ailleurs, cette dernière est certainement l’une des mieux construites avec ses samples du jeu vidéo très connu sur consoles des années 1980. Un petit moment de doux délire avec quelques souvenirs pour ceux qui ont pu jouer avec le plombier.

Malheureusement, l’effet “noisy” rattrape un peu vite toutes ces chansons et gâche le plaisir d’une écoute simple. Au point de ne pouvoir écouter l’album en entier (malgré sa petite demi heure de long), ou tout simplement, de le rendre moins accessible aux simples curieux.

Petit album sur un label indépendant, Cyber Maire est fait pour les aficionados de musique expérimentale, limite hardcore pour trouver dans quel sens on se doit de l’écouter pour bien le comprendre. Si ce n’est pour le côté noisy, la recherche est bien au rendez-vous. Mais la musique y perd au passage et c’est bien dommage. Car à vouloir en faire trop (ou trop mixer), les Tortured By Turtles se perdent dans des élucubrations de mélanges qui ne se digèrent pas facilement.