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mercredi 15 avril 2015
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par Arnold le 12 juin 2007
À la veille du premier tour des élections présidentielles françaises, j’avais rendez-vous avec l’un des plus impertinents artistes français. Monsieur Didier Super en personne m’accueillait, vêtu de son sous-pull légendaire et de ses lunettes cassées sur le nez. Ce ne fut pas une partie facile... Didier Maillard joue son personnage Super pendant toute l’interview. Il répond souvent à côté de la plaque, peu concentré, etc. Je repars peu satisfait de ma prestation, tout en réalisant que le bonhomme joue bien son rôle et que mine de rien, je ne m’en suis pas si mal tiré.
B-Side Rock : Bonjour... Vous préfèrez que je vous appelle comment ? Didier ? Ou Monsieur Super ?
Didier Super : C’est quoi comme orientation marketing ton truc ?
BS : C’est un webzine rock. Il n’y a pas plus d’orientation marketing que ça.
DS : Tu veux dire un magazine ? Un webzine... « Web » c’est pour les jeunes... Alors, tu m’appelle Didier. On va se tutoyer, je pense que pour votre segment, pour votre cible, c’est plus attractif.
BS : D’accord. Ça aurait été Le Monde, ça aurait été « vous »...
DS : Éventuellement... Mais ils sont pas venus...
BS : J’ai vu et constaté que tu étais un grand adepte du spectacle de rue et que tu continuais d’en faire régulièrement avec les « Têtes de Vainqueurs ». Je voulais savoir ce qui te plait vraiment là-dedans, quelle est la différence avec le spectacle en salle ? Où le public est-il le plus réceptif ?
DS : Déjà la rue, ça paye mieux, paradoxalement. Je fais des meilleurs cachets en faisant du théâtre de rue qu’en faisant la vedette. Faut quand même le savoir, ça va du simple au double. Ça j’aime bien, comme ça ça pose l’ambiance - rires). Sinon, le public est beaucoup plus intellectuel en théâtre de rue, et paradoxalement, en salle, on a plus l’impression de jouer pour les lents. C’est pas le même public. La rue, c’est un public underground-intellectuel. Dans les festivals de rues, c’est plus un public de profs, des trucs comme ça. Alors qu’en salle, c’est un peu tout le monde qui vient dans mes concerts. Quand tu fais un concert en salle devant 500 personnes, elles attendent de la batterie, de la basse et de la guitare. Le public est moins réceptif qu’un public qui vient voir du théâtre. Et puis en salle, il y a moins de code... Le public va soit faire « OUAAAIIS » soit... bah rien... Donc on sait pas vraiment ce qu’il reçoit au final.
BS : Musicalement, quelles sont tes références ?
DS : Je suis comme tout le monde. Je me tape toutes les merdes que passent RFM : Johnny, Céline Dion, Goldman, Patrick Bruel, Obispo... Tout ce que tu choisis pas d’écouter mais qu’à force qu’on te le martèle, au bout du compte, t’aimes bien.
BS : D’accord... J’ai entendu aussi que tu avais chanté avec Corbier.
DS : On a fait un concert ensemble, avec deux groupes de metal : Gronibar et Ultravomit. Moi je suis passé après et à la fin, y a eu Corbier. Il a fait un truc super bien. Il a fait installer 300 chaises à minuit, et il a joué devant un public de hardos, il leur a fait un spectacle de chanson digne des plus grands tourneurs de chansons française, et il a fait une tuerie. Un vrai bon tueur.
BS : J’avais découvert une chanson de lui il y a quelques années : « La clinique des épinards », plutôt paillarde. Bien marrante.
DS : Eh ben, il est resté marrant.
BS : Et toi qui aimes amuser la galerie, qu’est-ce qui te fait rire ?
DS : Déjà, pas Rire & Chansons.
BS : C’est tout ?
DS : Bah après, tout le reste ça va...
BS : Comment tu décris ce que tu fais ?
DS : Je fais de la BONNE chanson.
BS : Il n’y a pas des fois où tu te dis que tu vas trop loin ? Où bien tu préfères y aller et advienne que pourra ?
DS : Bah le problème, c’est que dès que c’est pas marrant, c’est là que ça me fait rire. Alors je prefère y aller, sinon je m’emmerde.
BS : Avec la presse dite « culturelle », ça se passe comment ? Les Inrocks, ou Télérama qui t’as mis un canon sur ton album...
DS : Ah ben, ils m’ont fait un beau cadeau ce jour-là ! Vu le nombre d’album de merde sur lesquel ils mettent 4 F ! Quelque part, le fait qu’ils me descendent ça ne peut être que bon signe !
BS : Mais sinon, ça se passe bien avec cette presse ?
DS : Bah, ça se passe bien dans la mesure où je les lis pas, donc ça peut pas mal se passer. Et puis tant qu’ils racontent pas de conneries... Les Inrocks par rapport à Rock Sound par exemple, ils racontent moins de conneries.
BS : Sur ton site, tu dis que tu veux devenir gouverneur des États-Unis, puis Maître du Monde, et ainsi de suite... Et si on commençait par la France. Si tu étais président de la République Française, tu changerais quoi ?
DS : En fait, j’ai compris depuis looongtemps que c’est pas un homme politique qui allait changer quoi que ce soit. Donc c’est pas en devenant président que tu vas changer la France. Quand tu sais que les trois quarts de la planète ont envie de venir chez nous tellement ils crèvent la dalle chez eux, est-ce que c’est vraiment par la France qu’il faut commencer le changement ? Peut-être qu’il faudrait arrêter d’aller les piller eux, chez eux... J’en sais rien. Enfin met pas ça dans ton truc, je vais passer pour un chanteur engagé après !
BS : Et tu n’as pas envie de passer pour un chanteur engagé ?
DS : Bof...
BS : Bof...?
DS : Hein ? Pourquoi faire ? Pour être quelqu’un qui a la vérité infuse ?
BS : Tu es quand même un petit peu engagé ? On te voit souvent dans les festivals militants de type Avis de KO Social, ou comme demain pour le journaliste lié à l’affaire ClearStream ?
DS : Oui ! Mais j’y vais pour faire ma promo ! Je ne suis pas un chanteur engagé, je ne suis pas imbu de bons sentiments. Je trouve ça dangereux les bons sentiments. Parce que par des bons sentiments, on a cramé 6 millions de juifs, on a fait les croisades au Moyen-Âge ... Enfin, je sais plus tout ce qu’ils ont fait au nom des bons sentiments. Donc, non, je suis pas un chanteur engagé.
BS : Comment tu le sens le 1er tour [1] ?
DS : J’aurais bien voulu voter pour Yannick Noah mais il se présente pas...
BS : Yannick Noah ?
DS : Bah oui ! Quand tu as le choix entre l’extrême-droite, la droite extrême, ou bien les nazis de gauches, tu te dis que ce serais bien qu’il y ait au moins un vrai chanteur engagé qui se présente.
BS : Et Yannick Noah est un vrai chanteur engagé ?
DS : Ben, t’as pas entendu ? (il chante une chanson de Yannick Noah) « Puisqu’il faut changer les choses, / Aux arbres citoyens ! / Il est grand temps qu’on propose / Un monde pour demain ». Eh ! Pffiouu ! Ou bien on a Francis Lalanne aussi ! Un grand programme ! Ça vaut le détour.
BS : Très bien. Sinon, tu fais quoi quand tu n’es pas Didier Super ?
DS : Du vélo... et je me branle.
BS : Ça va. Tranquille...
DS : Ça va... enfin ça va pas durer... On est « intermittents du spectacle ».
BS : Une race en voie de disparition, non ?
DS : Eh bah oui ! Le problème c’est que pour l’Etat, on est payé par l’Assedic quand on répète et qu’on est pas sur scène. Au même titre qu’un militaire devrait être payé quand il fait la guerre puisque c’est ce qu’on attend de lui, comme un intermittent du spectacle devrait etre payé que quand il est sur scène. Or le militaire, il est comme nous, la plupart du temps, il répète ! Et moi c’est clair qu’entre les branlettes, je travaille beaucoup mes spectacles. Donc pour l’Etat, on est payé par l’Assedic quand on répète. Mais pour le Medef qui gouverne plus que l’Etat maintenant, on est au chômage tout le temps où on est pas sur scène. On est pas en train de répéter, on est chômage, un chômage de longue durée. Et donc faire sa carrière basée sur le chômage, ça ne leur convient pas. Depuis 2003, on essaie de trouver des solutions, mais ça ne leur convient pas.
BS : Et que penses-tu du téléchargement libre ?
DS : Je suis pour ! Du coup, c’est plus dur pour les maisons de disques de prendre n’importe quelle potiche, ou n’importe quel taré et d’en faire une vedette. C’est le public qui choisit lui-même qui il a envie de voir sur scène. Après, on gagne moins d’argent sur les disques c’est sur, mais quand tu gagne 2 francs par disque, qu’est-ce que t’en as à foutre ?
BS : Tu gagnes plus sur les concerts ?
DS : Bah oui ! Ça c’est sur. Pis c’est plus chouette de faire des concerts que de faire des disques.
BS : Tu prévois un nouveau disque, avec des nouveautés ?
DS : J’ai 17 nouvelles chansons que je joue dans un nouveau concert. Ça s’appelle « concert sans musique ». Un concert où si tu viens pour danser, t’es déçu !
BS : Très bien, je n’ai plus de questions. Je te remercie pour ce moment et à très bientôt
DS : Merci à toi.
[1] NdR : 1er tour des élection présidentielle, l’interview a eu lieu à la veille des éléction présidentielles
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