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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 31 juillet 2006
paru le 12 juin 2006 (Pschent / Wagram)
Inutile de tergiverser. Les disques de reprises sont extrêmement ennuyeux, d’une manière qui n’est pas sans rappeler... les reprises elles-mêmes. Or, envers et contre tout, ils continuent à se vendre comme des petits pains. Reste ensuite à l’auditeur de séparer l’ivraie du grain et à ce jeu-là, Emmanuel Santarromana semble avoir échappé au modèle qui consiste à repiquer benoîtement les chansons pour les graver ensuite sur sillon. Après diverses expériences comme attaché de presse de maisons de disques et avoir écumé les scènes clubs à travers l’Europe, il sort enfin son deuxième album. Plus un hommage qu’une pulsion mercantile, son album Fab 4 Ever se prête à un vaste tour d’horizon (axé principalement sur la seconde partie de carrière des Scarabées) des influences générées par les compositions des Beatles.
Et c’est ainsi que l’auditeur découvrira une tentation intéressante d’accoucher d’un disque bizarre. Un disque capable d’une compréhension subtile et instinctive, telles celles dégagées par les Liverpudliens le long de leur incroyable répertoire, même retravaillé par le Français. Au rayon reprise standard, You’ve Got To Hide Your Love Away laisse éclater sa fraîcheur et la production est des plus optimistes, aidée en cela par les techniques de l’époque. Il n’y a jamais deux morceaux qui se suivent dans le même style et Come Together est honnête malgré une trop forte ressemblance avec les reprises déjà existantes. Flying, l’un des seuls instrumentaux composés par les Fab Four, dégage également une gentillesse chaleureuse et palpable.
Ce qui fait la force de ces douze plages, ce sont ces morceaux totalement remaniés voire ceux où la tension grimpe progressivement. On pourrait citer Blackbird, rythmique envoûtante pour un titre loin des aspirations pastorales de McCartney où Marie Payen plaque sa voix de rêve, Strawberry Fields Forever revisitée dans l’esprit de Mercury Rev, feeling identique, ambiance lente et désordonnée, un régal ! La version détraquée du Tomorrow Never Knows de Lennon, toutes griffes sorties sur des zestes de guitares réellement tranchants, impose un caractère en acier trempé. La fin attirera inévitablement le coup d’oreille : on y retrouve Sun King, cadence moyenne, la mélodie, traitée différemment, aurait pu tourner rasante au bout de trente secondes. Ici, pas une seconde d’ennui. Exposition tranquille du thème, la guitare se met à siffler, le verbe séparé rajoute une couche puis des espaces sonores proche de l’ambient donnent le souffle nécessaire à la chanson pour s’étirer sur une très longue période, onirisme assumé et patte de velours confirmée.
Il ne faut surtout pas essayer de mettre une étiquette à Fab 4 Ever. Les mots nous embrouillent souvent donc il s’agirait plus de le laisser de côté ou bien d’y trouver du plaisir. Une chose est certaine : l’esprit de Harrison, Starr, Lennon et McCartney n’a pas été trahi par ce brusque passage dans le millénaire suivant.
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