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par Vyvy le 15 janvier 2008
Paru le 26 novembre 2007 (Tôt ou Tard)
Gratte moi la puce, en voilà un joli nom pour un best-of. Le best-of, cet exercice ingrat auquel, venu l’âge et/ou partie l’inspiration, l’artiste et son label se sentent obligés de succomber. Les sirènes de l’inspiration l’ayant rendu sourd, l’artiste n’est plus alors sensible qu’à la fine odeur des potentiels brouzoufs ainsi accumulés. Le best-of, vile manœuvre visant à piller le fan transi, en échange d’un titre inédit ? Souvent, bien souvent, mais pas ici.
Car pour Thomas Fersen, ce best-of est l’occasion de re-digérer son œuvre. De bouffer ses CDs, d’en sortir la substantifique moelle…et de l’assaisonner à grands coups de ukulélés teigneux… Tout un voyage, qui l’a amené lors d’une tournée ukulélé chroniquée sur ses pages en présence de son fidèle acolyte Pierre Sangrã (ukulélé baryton, mandoline et chœurs) compagnon de toujours. Ce best-of n’est pas un live, mais fut enregistré, en septembre 2007, une fois cette longue tournée tordue et tordante assimilée. Le répertoire léché, les chansons finement choisies.
La relecture peut donc commencer, il était temps. Thomas Fersen est une des figures phares de cette « nouvelle scène » française, dont la renaissance est pour beaucoup datable à son premier essai, le jazzy et d’ailleurs sublime Le Bal des Oiseaux de 1993 qui lui valut une Victoire de la Musique comme révélation masculine. Un des premiers gus aussi à rejoindre ce fou label qu’est Tôt ou Tard, où maintenant la fine fleur de cette dite scène se retrouve. Mais, à l’heure où la chanson française ne fait plus figure de nouvelle scène, à l’heure où ce qui ce fait de nouveau en France (c’est-à-dire à Paris, n’est-ce-pas) cuve au Gibus, que veut donc nous dire ce grand gars maigrichon, avec son ukulélé soprano et sa chemise à jabot ?
Alors là, arrêtons nous tout de suite. Quelle est donc cette idée saugrenue que de chercher un message partout ? Pourquoi ne pas se laisser bercer au son du ukulélé ? C’est beau, le son du ukulélé, ça apaise, tout devient simple et sirupeux. Alors le son de deux ukulélé…. Laissons donc Thomas évoquer à nos oreilles des images tarabiscotées comme on aimerait bien en voir plus souvent. Le Fersen façonne les mots en bestioles et situations, personnes et déclinaisons des mêmes images joliment sordides (ennui, paresse, mort, folie, assassins, insectes…)…
Son œuvre, assez conséquente, 10 œuvres (albums, lives…) en 15 ans, n’échappe pas à certaines redites, réutilisations de certains tricks. Mais les 20 chansons choisies ici pour présenter Thomas Fersen évitent de trop creuser dans une même veine et de passer à côté de la folie protéiforme du trublion.
Ici, aucune idée d’ordre chronologique. L’inédit Georges est en quinzième position, et les titres des albums se mêlent gaiement sans autre raison que l’enchaînement sonne bien ainsi. Nous ne sommes pas ici pour réfléchir, chercher le sens cacher d’un message enfin révélé, non, nous sommes ici pour écouter. Des mélodies que l’on peut connaître ou non. Que l’on découvre de fait de toute façon, de part les nouveaux arrangements et agencements.
On s’envole au son des Papillons, s’attriste sur la Chauve-Souris, tente un pas de deux au Bal des Oiseaux, rit aux larmes sur Monsieur, Croque ou Mon Macabre découvre avec plaisir un Georges irrévérencieux, sent son petit cœur battre plus fort sur Bella Ciao, et de bout en bout, on savoure le maître des rimes, à son apogée sur Bijou. 20 titres, 20 ambiances, 20 moments de grâces pour plus de 15 ans de carrière…pas si mal que ça non ?
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