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par Giom le 17 janvier 2006
paru en juillet 1974 (Reprise / Warner)
Soyons clair, On The Beach fut un vrai bide commercial, l’un des échecs les plus importants de la longue carrière du loner. Pourtant, force est de constater qu’aujourd’hui, plus de vingt ans après sa parution, l’album n’a pas pris une ride et révèle quelques pépites à la fois significatives et originales dans l’univers du Canadien. Examinons tout ça.
En 1974, Neil Young est en colère contre à peu près tout ce qui bouge. La déprime est là, pire encore, la dépression l’est également. Les années 60 sont bien terminées et celui qui était le mouton noir du rêve hippie (pote avec Charles Manson, rappelons-le, il a également refusé en 1969 d’être filmé ou mentionné dans le film immortalisant le festival de Woodstock !) se lance sur ce disque dans une féroce satire du rêve utopiste symbolisé par les années 60 mais auquel il était également intimement lié. Cela va donner le puissant Revolution Blues, avec une rythmique assurée par des membres du Band (Rick Danko à la basse et Levon Helm à la batterie). Le désespoir est là, presque palpable, ce qui rend l’émotion d’autant plus forte. Mais Neil Young déchaîne aussi sa verve sur les compagnies pétrolières (on le comprend) avec le titre Vampire Blues alors que le titre éponyme propose quant à lui une réflexion ambiguë sur le statut de célébrité.
D’un point de vue musical, le disque démarre en trompe-l’œil avec un morceau basé sur une rythmique funk (Walk On), seul titre véritablement un peu entraînant du disque. La suite est plutôt faite de complaintes hantées par une voix à la fois énervée et résolue. Le morceau au banjo For The Turnstiles, qui narre la gloire éphémère d’une star de base-ball, crée, par exemple, une ambiance étonnante, presque étouffante par excès de minimalisme (un comble pour un artiste folk !)
Enfin, on ne pourra qu’apprécier l’incroyable force du titre On The Beach qui, pendant sept minutes, laisse place à une musique languissante et angoissante très forte alors que la voix de Young prend des accents orphiques fascinants. La plage est triste chez Neil Young, le Styx n’est même pas très éloigné, mais sa mélancolie est belle, ornée d’un somptueux solo de guitare. Vous l’avez compris, on est très loin des standards d’Harvest, l’œuvre est ici plus personnelle, ce qui peut expliquer le relatif échec commercial du disque mais lui donne un intérêt tout particulier.
Chose étonnante, la première édition CD de cet album date de 2003, réalisée en même temps que celles de trois autres albums du loner : American Stars And Bars, Hawks And Doves et Re-Actor. Certes, ces disques-là sont d’une moins bonne qualité, mais c’est quand même Neil Young, donc c’est au-dessus du lot. Dommage qu’il n’y ait jamais de bonus tracks !
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