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par Brice Tollemer le 10 décembre 2012
Paru le 10 novembre 1975 (Reprise)
You’re such a beautiful fishFloppin’ on the summer sandLookin’ for the wave you missedWhen another one is close at handYou’re such a stupid girl.
En cette année 1975, le Canadien vient d’achever un de ses nombreux cycles de sa longue carrière. Après le succès d’Harvest quelques années plus tôt et qui fait de Neil Young l’un des songwriters les plus estimés de sa génération, en compagnie de Bob Dylan et de Leonard Cohen, le Loner enchaîne une série d’albums sombres et désespérés. C’est ce qu’on appellera sa « Trilogie Macabre ». Time Fades Away, On The Beach et Tonight’s The Night sont ainsi fortement marqués par l’inanité de la gloire et les ravages de la drogue, en particulier la mort par overdose d’héroïne du guitariste du Crazy Horse Danny Whitten et du roadie Bruce Berry. Il aura ainsi fallu trois disques pour que Young puisse se débarrasser au moins un temps de ses démons, les chasser au loin et pouvoir se consacrer à des choses plus légères et moins oppressantes.
Les sessions d’enregistrement de son nouvel album prennent place dans l’ancienne maison de l’écrivain Francis Scott Fitzgerald, non loin de Malibu en Californie. Neil Young retrouve le Crazy Horse pour cette occasion et son nouveau guitariste, Frank « Poncho » Sampedro. A l’origine, le Canadien veut faire des civilisations incas et aztèques la pierre angulaire de son nouveau projet, initialement intitulé Ride My Llama, dans un esprit plus proche d’Harvest que de On The Beach. Finalement, l’album s’appellera Zuma (du nom d’une plage de Malibu) et sera fondamentalement électrique. C’est une chanson écrite quand Young était au lycée qui ouvre le disque :
Old true loveAin’t too hard to seeDon’t cry no tears around me
Zuma est un album de rupture : le chanteur sort en effet d’une relation de trois ans avec l’actrice Carrie Snodgress, celle pour qui il avait écrit « A Man Needs a Maid » au début de leur histoire. Si la plupart des chansons sont néanmoins beaucoup moins amères et ironiques que celles de Dylan dans son Blood On The Tracks sorti la même année, il est quand même assez amusant de constater la coïncidence des thèmes entre les deux musiciens. Il paraîtrait même que l’auteur de « Tangled Up In Blue » aurait espionné son concurrent direct lors de la conception de Zuma… « Danger Bird » est selon Lou Reed le morceau qui a fait de Neil Young un grand guitariste. Quant à « Stupid Girl », il est dédicacé à Joni Mitchell tandis que « Through My Sails », qui clôt l’album, est une chanson de la période Crosby, Stills Nash and Young.
Mais, avant d’en arriver là, il a fallu passer par « Cortez The Killer ». Et on n’en ressort pas indemne.
He came dancing across the waterWith his galleons and gunsLooking for the new worldIn that palace in the sun
Contant l’histoire de Hernan Cortes, un conquistador du XVIe siècle qui conquit le territoire mexicain pour le compte de la royauté espagnole, la chanson fait également référence à l’empereur aztèque Moctezuma. Mais, plus que le thème de la colonisation forcée, par ailleurs chère à Neil Young, c’est véritablement la construction musicale du morceau qui fait date. C’est seulement après une fabuleuse intro de plus de trois minutes que le Loner se met à chanter. « Cortez The Killer », c’est des riffs légendaires et un solo merveilleux. Et c’est un titre qui aurait pu durer plus de sept minutes, si un court-circuit n’avait pas empêché d’enregistrer le dernier couplet…
Incontestablement, Zuma est une étape importante dans la carrière du songwriter canadien qui s’affirme définitivement comme un guitariste incontournable, tout en sortant de la période la plus sombre de sa discographie. Une humeur plus légère qui permet ainsi de lancer la Rolling Zuma Revue ( sur le même modèle que la Rolling Thunder Revue de Bob Dylan), au cours de laquelle Neil Young débarque la plupart du temps à l’improviste dans les bars pour y jouer gratuitement. Enfin, c’est lors de la tournée pour promouvoir Zuma que le chanteur rend visite à la France pour la première fois, en 1976.
Article initialement écrit le 9 mars 2010.
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