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par Giom le 5 juin 2007
Paru en mars 2007 (Reprise / Warner)
Le 19 janvier 1971, Neil Young est à Toronto pour donner un concert au Massey Hall. Seul avec sa voix, sa guitare et son piano, pour un moment d’émotion comme rares sont les artistes capables d’en donner.
À nouveau de retour sur ses terres après des aventures californiennes marquées par le succès que l’on connaît, Young livre un concert tout en empathie avec un public conquis d’avance. Ce disque coïncide avec le deuxième volet des Archives du musicien et annonce la sortie d’un coffret 8 CD/2 DVD qui laisse déjà rêveurs plusieurs bsiders. Ceux qui n’apprécient pas la face électriquement fougueuse du Loner, il est vrai exacerbée dans le Live At Fillmore East de 70, trouveront certainement leur bonheur ici tant la pureté des compositions de Young ressort grâce à leur simple habillement acoustique.
Young est en effet nu face à son public, en totale sincérité et sa voix n’est jamais aussi belle et singulière qu’accompagnée d’un simple piano ou d’une guitare. Ces dix-sept morceaux présents sur le disque en témoignent et on retiendra des moments d’une puissance absolue comme la version d’Helpless, titre composé pour l’album à succès Déjà Vu de Crosby, Stills, Nash And Young. L’enchaînement tout en subtilité au piano de A Man Needs A Maid et Heart Of Gold vaut aussi son pesant d’or et sa fonction lacrymogène. Un plus entraînant Cowgirl In The Sand sera alors le bienvenu pour éviter tout excès de nostalgie.
Vous l’aurez compris, ce concert se fait tout en douceur, c’est le Neil Young du clair-obscur auquel nous avons affaire, et ce n’est sûrement pas le pire. Rarement artiste n’a autant résisté au dépouillement musical le plus complet. C’est dans ces condition qu’on peut souvent véritablement juger de la crédibilité de compositions et celles de Neil Young ont depuis longtemps fait leurs preuves dans ce registre, certes, nous n’attendions pas ce disque pour nous le prouver, mais il renforce cette vérité de façon si complètement jubilatoire pour tout fan accompli du Loner que ça fait toujours extrêmement plaisir à entendre.
Séquence émotion du disque avec le morceau Journey Through The Past où Young se met le public de l’Ontario dans la poche en chantant « I was going back to Canada on a journey through the past... » Le public se doit alors d’applaudir cet hommage patriote, ce qu’il ne manque pas de faire. On en sourira, Brice Hortefeux rêvera.
Alors voilà, seul bémol à ce disque symbole d’une tournée solitaire d’environ 60 dates de Young, c’est le relatif manque de morceaux du dernier né de l’époque : After The Gold Rush. Nul doute que le morceau-titre de cet album aurait fait sensation dans cet ensemble autrement entièrement sublime. Le fait est que Young avait la tête ailleurs et préférait présenter à ses spectateurs quelques extraits du chef-d’œuvre à venir, Harvest. On ne peut pas tout avoir, ça tout amateur de concert en a déjà fait les frais. Surtout que Young offre tout de même ce soir là une pépite que l’on ne retrouvera finalement sur aucun album officiel : Bad Fog Of Loneliness. Sans parler des titres qui ne rejoindront que bien plus tard la discographie officielle de l’artiste, des morceaux du Buffalo Springfield... alors, que demande le peuple !
Bref, un live-résumé de ce que la face acoustique de Neil Young peut offrir de meilleur et de plus fort émotionnellement. Le public du Massey Hall ne s’y est pas trompé et a réservé un triomphe à l’artiste. Le public d’aujourd’hui ne s’y trompera pas non plus et écoutera religieusement cette galette dans son lecteur ultra-sophistiquée sur sa banquette confortable. Les temps changent, la musique reste... « simply the best », comme dirait l’autre.
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