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mercredi 15 avril 2015
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par Giom le 30 janvier 2007
paru le 20 novembre 2006 (Reprise / Warner)
Et bien voilà, Neil Young est un homme de parole. Il nous les avait promises, elles arrivent... ses fameuses Archives avec inédits, live, versions différentes de titres cultes...
Pour commencer, quoi de mieux qu’un concert d’anthologie, enfin quatre puisque Young a donné, accompagné du fougueux Crazy Horse, deux concerts par jour ces 6 et 7 mars 1970 au Fillmore East de New York, partageant l’affiche avec le non-moins mythique Miles Davis. Il y avait le Early Show et le Late Show, et chaque performance était composée de deux parties, comme souvent avec Neil Young, une acoustique et une électrique. De quoi régaler pas mal de monde. Young s’est donc remis à fouiller les tiroirs et nous a ressorti un enregistrement de ces moments importants de sa carrière, du temps où il prenait véritablement son envol artistique grâce à une période de créativité musicale exceptionnelle, avec en plus à la même époque une participation non négligeable à l’aventure mouvementée du Crosby, Stills, Nash and Young.
Alors ce disque ? Et bien d’abord, première incompréhension, il ne s’agit pas d’un enregistrement complet mais que de la partie électrique du show donné par le Loner avec son groupe. La faute à la qualité de la bande paraît-il. Ouais, enfin, quand même, c’est bien dommage. Six titres donc pour laisser une trace officielle de cette tournée alors qu’existent déjà un bootleg d’un concert intégral donné par le groupe quelques jours auparavant à Cincinnati intitulé Winterlong. Six titres représentatifs du premier album de Young avec le Crazy Horse, Everybody Knows This Is Nowhere, sorti l’année précédente à ces concerts qui nous intéressent aujourd’hui.
Donc pourquoi investir dans cette galette alors que plus d’un fan possèdent déjà l’enregistrement complet de Cincinnati. C’est que là, la qualité de l’enregistrement est incroyable, fabuleuse même et qu’il est alors totalement jouissif d’entendre le Crazy Horse de cette façon. La formation originale du groupe laisse alors entendre sa parfaite complicité scénique et certains morceaux de bravoure du duo de guitaristes Young-Whitten font verser une larme d’émotion. Et dire que les choses ne furent peut-être plus jamais pareil très peu de temps après.
En plus, le disque va crescendo et ce n’en est que plus agréable comme tout bon concert se doit de l’être. La partie commence tranquillement avec une version fidèle et entraînante d’Everybody Knows This Is Nowhere, puis vient Winterlong avec ses guitares lancinantes qui confortent le sentiment de bien-être de l’auditeur et laisse son esprit s’évader vers ce moment historique. Ce morceau n’est sûrement pas le meilleur du groupe, de facture un peu trop classique, mais il est parfait pour s’enfoncer un peu plus dans l’univers et le son du Loner, les guitares commencent à s’entremêler à merveille, bref, on est bien. Puis la première épopée sonore, le premier coup de massue, Down By The River, un titre qu’on ne présente plus et qui fait ici un effet renversant et conforte l’auditeur dans l’idée qu’il est bien passé à côté de l’âge d’Or. Le public ne s’y trompe pas et réagit favorablement aux accords introductifs. 12 minutes plus tard, on est KO, Neil Young et les siens se sont totalement livrés dans un moment d’une intensité absolue. "Down by the river, I shot my baby.” Renversant, les parties de guitare solo sont exceptionnelles, parfaitement mises en valeur par le jeu rythmique efficace de Whitten. À écouter d’urgence.
Puis la pression retombe un peu avec les plus courts Wonderin’ et Come On Baby Let’s Go Downtown, l’écoute de ce dernier titre n’en est que plus émouvante à la pensée qu’il s’agit d’une des rares compositions de Whitten, ce double maudit de Young. Le concert avance donc, la performance est déjà énorme, Young en a profité pour présenter son groupe exceptionnel, quand...
Le coup de grâce. L’énorme Cowgirl In The Sand ponctue la sélection opérée par Young pour ce disque. Là, le verbe devient inutile pour retranscrire un tel moment. Plus de 16 minutes de coït musical pour tout admirateur du son Neil Young. L’attente des Archives est alors totalement oubliée, seule la magie opère, permise par un son, rappelons le, sensationnel. Le moment historique devient d’exception, les mots manquent, l’émotion envahit. L’énergie et le génie du groupe se matérialisent alors de façon incroyable. Un déluge d’électricité.
Vous l’aurez compris, cette version du Live At Fillmore East, même lacunaire, vaut vraiment le coup pour plusieurs raisons. Nous n’en ferons pas le meilleur live de Neil Young tant le Live Rust reste la pierre angulaire en la matière, mais nous le rangerons amoureusement dans notre discothèque des œuvres du Loner aux côtés de ces plus belles galettes. En attendant la suite...
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