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par Emmanuel Chirache le 7 octobre 2008
Paru en novembre 1971 (Epic)
Avril 1968 : le chef-d’œuvre des Zombies Odessey And Oracle sort en Angleterre alors que le groupe s’est d’ores et déjà séparé. Le succès et le cœur n’y étaient plus. D’ailleurs les ventes du disque sont mauvaises, ce qui conforte les musiciens dans leur sentiment d’échec. Certains membres sont même retournés à la vie civile, comme le chanteur Colin Blunstone qui devient agent d’assurances. Et puis Odessey And Oracle finit par sortir aux Etats-Unis et le single Time Of The Season atteint la troisième place des charts. Voilà qui donne envie de s’y remettre. Aidé par ses ex-compères Chris White et Rod Argent, tous deux compositeurs et producteurs, Colin Blunstone se retrousse les manches et travaille pendant un an ("one year", donc) pour accoucher de son premier album solo. Et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.
Largement méconnu, One Year n’a pourtant pas grand chose à envier aux meilleurs moments des Zombies. En moins baroque et en plus intimiste. La patte subtile du duo Argent/White perdure sur trois titres (dont le magnifique Smokey Day), tandis que Blunstone révèle un don pour la composition qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors. Des merveilles telles que Caroline Goodbye, Thou You Are Far Away ou encore I Can’t Live Without You sont ainsi nées de sa plume. Dans l’ensemble, les morceaux alternent entre deux types de climat. Pop-rock notamment pour le sympathique She Loves The Way They Love Her (à la production un peu datée), voire soul avec l’excellent Mary Won’t You Warm My Bed de Mike d’Abo. Mais la majeure partie des chansons repose sur les arrangements de cordes de Chris Gunning, à l’image du fascinant et susmentionné Smokey Day [1]. Toute la production tend en réalité vers un seul et même but : mettre en avant la voix si fragile de Colin Blunstone.
D’où une telle économie d’effets sur la reprise du Misty Roses de Tim Hardin. Seule une guitare acoustique minimaliste accompagne le chanteur dans un premier temps, remplacée ensuite par un quatuor à cordes rappelant fortement la glaciale mais géniale musique de chambre des films de Chabrol (signée par son frère Matthieu). C’est peu ou prou ce même schéma que suit le poignant Thou You Are Far Away, si ce n’est que la harpe a pris la place de la guitare. Quelques cuivres font leur apparition durant l’indispensable Caroline Goodbye - et cette guitare ! - ou pendant le magnifique Let Me Come Closer To You. Le disque se clôt sur un épatant Say You Don’t Mind emprunté à Denny Laine, confirmant la réussite en solo de l’ancien chanteur des Zombies. Il règne au final une ambiance étrange sur cette œuvre, des climats alternativement contemplatifs et oppressants, comme le parfum d’un autre temps où la pop se rêvait orchestrale et dépouillée tout ensemble.
[1] A noter qu’il existe une version différente de la chanson sur la réédition de Odessey And Oracle.
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