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mercredi 15 avril 2015
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par Vyvy le 22 août 2006
paru en 2006 (Rough Trade)
Kid Millions, Hanoi Jane et Bobby Matador forment Oneida, trio délirant qui, depuis 1997 occupe une partie de la scène indépendante de Brooklyn. C’est dans la grosse pomme mais loin des cafés et clubs de Manhattan que ceux-ci créent leur musique, dont Happy New Year est le dernier exemple en date.
Happy New Year ! Cet album surprend au premier regard, même avant la première écoute. L’artwork, une fleur en coupe, à moins que ce ne soit un oignon, le tout en noir et blanc recouvert par endroits de taches orangées, le disque lui même orné d’une cellule œuf en division, arrête le curieux et lui donne envie de se plonger dans l’œuvre si bien enveloppée.
Et c’est ainsi que l’on se lance à la découverte de ce trio étonnant. Distress ouvre l’album. Une première voix désincarnée s’élève, rejoint par deux autres dans un chœur envoûtant, quasi liturgique, qui ce démarque du commun. Le travail des voix, l’atmosphère sonore, si elles ne mettent pas en avant le texte s’appuient néanmoins sur de superbes paroles, tout en mélancolie et en rimes. La batterie sereine à l’arrière, quelques envolées électroniques, et voilà le premier titre et sa beauté discrète qui s’arrêtent. Happy New Year chanson homonyme, agresse notre oreille assoupie de ses stridents cris électroniques. Les voix ici encore, dans leur décalage, les renvois entre elles donnent une vie au morceau, animant les splendides paroles.
L’importance des voix jouant de concert ou en décalé, l’utilisation de la langue donnant naissance à des textes à la mélancolie maîtrisée mettent Oneida a part. Pourtant en écoutant leur album, on se rend compte que les voix ne sont pas vraiment mises en avant, et ainsi que les paroles passent inaperçues, et ce malgré leur beauté. L’instrumental, au travers de l’omniprésente batterie, de la guitare souvent de passage ou bien et surtout des jeux électroniques, occupe la place maîtresse. Le quatrième titre Up With People aux paroles bordant le militant You’ve got to get up to get free ne servent que de ponctuations, les machines prenant la part belle, mêlant envolées électronico-lyriques et musique de fond ... de ce qui donnerait un palpitant film hollywoodien.
Oneida nous livrent des sons décidemment originaux, spécieux, spatiaux qui toujours surprennent. L’oreille est saisie de fantaisies cosmiques dignes d’un space-opera dans Pointing Fingers ; puis de sonorités indiennes sur History’s Great Navigator. Souvent agressées par la stridence de certains ajouts électroniques, nos oreilles se retrouvent soudainement bercées, et les voix reprennent leurs mélopées entêtantes ...
On s’était habitué à un certain son, et voici qu’avec le septième titre Busy Little Bee, à coup de cordes pincées et de voix non trafiquées nous ouvre un fenêtre sur une toute autre partie du talent du trio. C’est un intermède plus « naturel » (par cela, entendre, non surchargée de délires éléctro-cinématographiques) qui laisse la part belle à de jolies mélodies même si les voix ne sont que très rarement exemptes de modifications. Reckoning est une pièce qui illustre très bien ceci alliant un fond musical léger, tissant une sublime mélodie autour de la voix désincarnée
Still againMy thoughts return to wanderingFields of grassSoften savage muttering
La pause électronique/électrique n’a semble t-il que trop duré. L’album se finit comme il a commencé. L’avant dernier Misfit rappelle les recettes d’Happy New Year avec brio si ce n’est originalité, tandis que l’étonnant dernier Thank Your Parents rappelle l’ouverture et le superbe Distress. Tant et si bien que l’on ne résiste que très difficilement à la tentation de réécouter ce dernier, et à fortiori l’album entier, encore, et encore.
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