Sur nos étagères
Mascaras

Mascaras

Sergent Garcia

par Vyvy le 28 novembre 2006

1,5

paru le 21 août 2006 (Virgin)

Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte Imprimer l'article Envoyer l'article par mail

Bruno « Sergent » Garcia (Il Serganto pour ses amis) est un omni (objet musical non identifié), qui, au volant de son omnibus nous emmène de paysage musical en paysage musical, au travers d’une Amérique Latine élargie, pour cet album, plus encore que pour les autres, aux sonorités des Caraïbes. L’homme n’est pas à son premier essai. Il a connu, sous les traits du guitariste des adulés Ludwig Von 88 une jeunesse bien mouvementée, avant de se faire l’inventeur du salsa muffin (si, si) mix de bon aloi de salsa et de reggae... Engagés, ses premiers albums (dont on retient le sympathique et abouti Un Poquito Quema’o) nous parlaient d’injustice sociale, du sous-commandant Marcos, le tout sur un rythme lancinant. Mais l’omnivore sergent ne s’est pas arrêté là, et le voilà maintenant dévorants encore d’autres horizons, rap, voire r’n’b, mais aussi à la Cumbia (musique colombienne dans laquelle l’accordéon joue un rôle central) ce qui lui a fait troquer son panama et cigare pour un look de Sean Paul de seconde zone... A-t-il perdu son âme en même temps que son chapeau ? L"album, voulu « urbain » se présente comme un mix des influences de Mexico, Valencia, Kingston, Los Angeles et Paris, grand programme auquel l’artiste va tenter de se tenir.

Hétéroclisme, ou grand foutoir, la (trop) riche variété de l’album est due en partie aux trois ans le séparant de son ainé La Semilla Escondida, trois ans au cours desquels le sieur Garcia a pas mal bourlingué, s’est vu rencontré des musiciens d’ici, de là, et dans son esprit sinueux sont nés de nouvelles recettes bizarroïdes...

On se trouve avec le premier (and not foremost) Dulce Con Chili mélange annoncé de hip hop et de Combia. Alors... instrumentalement, oui pourquoi pas, c’est dansant, sautillant, dans un genre latino pas très poussé, avec quelques zdouings et autres petits bruits électroniques, mais parfois la mayonnaise ne prend pas, et ce mélange doux-amère a surtout tendance à laisser un sal goût en bouche. Cette même veine de mélange est réitérée avec le consternant Si Solo Fuera Yo Un Pajaro, ou comment gâcher complètement un riche fond musical avec des paroles ô combien stupides et scandées par un apprenti... Le sergent touche à tout, certes, mais pas n’étant pas omnipotent pour autant, tout ce qu’il touche ne se transforme pas en or...le Medecine Man a un peu abusé de sa propre médecine, comme on le voit de nouveau dans la fusion reggae-rap débilités qu’est le regrettable Toi Tu Es Là-Bas. Tout n’est pas (heureusement !) à jeter, le rayon de soleil qu’est le deuxième titre, générateur de bonne humeur sur fond de mambo reggaeisée parvient à, si ce n’est pas convaincre, au moins donner envie d’aller plus loin... Mais voilà, une fois convaincue du fait qu’arrêter l’album au deuxième titre serait un peu bête, après, on s’endort. Mascaras tisse un fort joli fond musical, que l’on remarque a peine, tant il tend à se faire oublier. C’est plat, rien ne ressort. Oh, il y a de jolies harmonies, des sons intéressants, mais pourtant, quelque soit le volume auquel la galette tourne sur notre pauvre lecteur, nos oreilles, (à défaut de celles des voisins) restent fermées à cet assaut du sergent. J’aime la galette, quand elle est bien faite, avec du cœur dedans...

Que retient-on de cet album ? Quelques morceaux de reggae ne dépassant pas le niveau de sous-Sinsemilia, au cours desquelles, par exemple, le sergent qui n’a pas laissé toutes ses armes au vestiaire, et tire à balles reggae roots sur Guantanamo. Mais tout cela ne s’envole jamais vraiment. Derrière son masque, le sergent échoue là ou son Panama avait réussi, il livre un fond musical pas désagréable mais qui n’a pas les moyens d’aspirer à être autre chose...



Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n'apparaîtra qu'après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom



Tracklisting :
 
01 - Dulce Con Chile (3:47)
02 - Pintame (4:11)
03 - Toi Tu Es Là-Bas (4:10)
04 - En Este Mundo De Locos (4:10)
05 - Yo Me Voy Pa’La Cumbia (4:20)
06 - Non Words (3:38)
07 - Tantas Cosas (3:15)
08 - Si Solo Fuera Yo Un Parajo (3:25)
09 - Guantánamo City (4:20)
10 - Eres Tu (4:08)
11 - Les Cinq Sens Du Guerrier (3:34)
12 - El Camion No Para (4:00)
 
Durée totale : 47:02