Eh oui, ne pas prononcer à l’anglaise, notre artiste est français. Fred K, initiateur de Superkable et seul maître à son bord, ne manque pas de nous le faire remarquer. Et il fait bien, car on ne trouve pas beaucoup d’artistes de sa trempe dans la scène française [1]. Ce monsieur fut pendant dix années durant un ingénieur du son, inspirant, corrigeant et conseillant d’autres que lui pour leur permettre de rendre le meilleur d’eux sur galette ou autres concerts. Mais ces dix années lui procurèrent une expérience hors du commun et il nous la livre avec ce premier album troublant : Heaven Is Not Big Enough.

Flirtant avec tout ce qu’il a pu entendre et écouter, Fred retranscrit une musique soignée et riche. Ce premier album est bon, trop bon pour être l’oeuvre d’une seule personne. Et pourtant, il réalise et mixe son album (s’eut été un comble qu’il ne l’ait pas fait lui-même étant un ingé-son) du bout de ses doigts et du fond de ses oreilles. À l’instar de certains artistes, on se demande même si le pari du deuxième opus ne sera pas trop insurmontable. Mais on n’en est pas encore là...

Il y a de tout sur cette galette, et l’electro-pop qui y est distillée, frôle par moments avec d’autres compères musicaux, un peu de rock avec Into The Mirror et ses guitares saturées, un simili trip-hop (Heaven Is Not Big Enough) avec une construction à la mode au milieu des années 1990, une électronica énervée (Cincinnati 2040) ... bref, que du bon et sans tremper dans du régurgité ou du plagiat.

Pourtant, Fred K n’hésite pas à explorer ce qui a été fait par le passé, on semble reconnaître fugacement de l’Archive (époque Londinium) ou bien un Alpha. Mais comme je l’ai précisé, point de copie, juste une interprétation (ou un remaniement) des outils utilisés par ces derniers avec une expérience et une sensibilité différente. Ou comment un homme derrière ses platines use de ce qu’il a vu (écouté) pour ne pas tomber dans une platitude déconcertante en justifiant juste ses inspirations.

Maintenant, en tout cas nous voilà prévenu, on avait vu des acteurs passés derrière la caméra, mais rarement vu l’inverse. En musique, en fouinant un peu, on en trouve et ils ont toujours fait des ravages (Coldcut, James Lavelle...). Superkable, lui, en fera aussi de belles si on lui en laisse l’occasion. Gageons que le fait que Heaven Is Not Big Enough ait été mixé aux studios Abbey Road soit un signe...