Ces dernières années, l’Irlande a accouché d’une ribambelle de groupes fortement inspirés par la musique anglaise du début du nouveau millénaire, en particulier par Coldplay, mais aussi par Doves, Feeder et autres Kaiser Chiefs. On pourrait citer The Frames, celui qui semble le mieux avoir réussi la conversion, The Chalets qui se cantonne dans un délire pop à humour noir, Republic Of Loose, peut-être le plus ringard et The Immediate. Une formation originale et originaire de Dublin où chacun des quatre musiciens se partagent les instruments au gré des compositions et des aspirations.

Or, jusqu’à présent sur scène ainsi que sur leurs précédents EPs, The Immediate louvoyait entre une power pop trop compliqué et un peu flasque et un rock héroïque où il n’osait pousser ses idées à leur terme : cela donnait un groupe contraint de palier par la frime son manque d’identité, de personnalité propre. Et puis voici l’étincelle In Towers & Clouds. Dans ces onze titres, on trouve finalement plus de références aux glorieux anciens tels que Love, 10 CC ou bien Scott Walker qu’il eut été possible d’imaginer. Mais à aucun moment du disque ces travers n’apparaissent gênants tant ils sont savamment mis en situation au sein d’excellentes compositions passant de la ballade à l’énergie rock. Car c’est bien là la force de cet opus où les trois quart des chansons sont réussies et où l’on découvre en ces quatre jeunes gens des compositeurs de grande classe. Pour s’en convaincre, l’écoute de Lonely. Locked Up et son intro échappé du Bonnie And Clyde de Gainsbourg, In Towers & Clouds et Let This Light Fill Your Eyes est tout aussi attractive que cette espèce d’hymne que constitue Don’t You Ever ou le très élaboré Stop And Remember.

Les guitares très complémentaires ajoutent encore de la richesse au son du groupe, un peu à la manière de Ash. Don’t You Ever est un classique : The Immediate y chante le rock comme les Beach Boys jadis chantèrent la musique surf. In Towers & Clouds est une actualisation d’un procédé musical élaboré il y a quelques années par les artisans de la pop mondiale. L’unité de ton des morceaux est une parfaite réussite. Le parfum qu’il dégage est la somme de caractères désuets et nouveaux à la fois.