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par Brice Tollemer le 15 juin 2010
paru le 17 octobre 1988 (I.R.S. Records)
On peut aisément distinguer deux types de période dans la longue histoire de R.E.M. La première (celle qui nous intéresse) va de 1980 à 1987, époque où le groupe se forme et où il devient une référence des college radios US. La seconde, de 1988 à nos jours, est celle où REM devient, en passant chez Warner, un groupe de renommée internationale, avec en particulier leur premier tube, Losing My Religion. Eponymous est ainsi en quelque sorte le pivot de leur carrière, qui marque la fin d’une ère avant le changement de statut. C’est plus un "Greatest Hits" qu’un véritable "Best Of", un aperçu ce qu’a pu faire le groupe pendant ces six années, au sein de IRS Records. Car R.E.M. a déjà réalisé la bagatelle de six albums depuis la sortie de leur premier EP, Chronic Town, en 1981. Pour cette compilation, la bande à Michael Stipe pioche ainsi dans Murmur (1983), Reckoning (1984), Fables Of The Reconstruction (1985), Life Rich Pageant (1986) et enfin Document (1987). Cependant, Eponymous est plus un passage de relais que la conclusion d’une époque, puisque leur premier album sous Warner, Green, voit le jour seulement un mois après sa sortie.
À tout bien, tout honneur, c’est leur premier single (et dans son mix originel) qui ouvre l’album. En effet, R.E.M. avait sorti Radio Free Europe en 1981, sous le label Hib-Tone Records. La chanson avait ensuite été reprise différemment sur Murmur deux années plus tard. Murmur justement, premier album du groupe, où l’on sent déjà toute le son de R.E.M., une pop simple mais efficace et néanmoins riche en émotions. C’est aussi de cette première œuvre qu’est tirée Talk About The Passion, chanson sur la faim dans le monde. Une merveille de pop légère traitant d’un sujet sérieux. Et qui a la particularité d’avoir son mot à dire en français ("combien de temps ?") fournie d’origine avec un formidable accent américain. Mais le groupe se permet aussi de placer ci et là des versions alternatives de leurs premiers tubes, notamment avec Gardening At Night, tiré de l’EP de ses débuts, Chronic Town.
Cependant, Eponymous n’est pas seulement une compil d’album. Il en est ainsi de Romance, issue de la bande originale du film Made In Heaven, sortie en 1987, et qui en outre voit l’apparition de Neil Young en chauffeur routier ! Mais que serait ce vrai-faux "Greatest Hits" sans probablement l’un des morceaux les plus emblématiques de toute la carrière de R.E.M., It’s The End Of The World As We Know It (And I Feel Fine) ? Chanson culte de toute une génération pop rock, elle conclut magistralement Eponymous et illustre à merveille la mue que va connaître R.E.M. par la suite. La légende rapporte que Michael Stipe aurait écrit la chanson après un rêve, dans lequel il se retrouvait à un anniversaire avec que des personnalités célèbres dont les initiales étaient L.B. (Leonard Bernstein. Leonid Breshnev, Lenny Bruce and Lester Bangs / Birthday party, cheesecake, jelly bean, boom !). Le titre lui viendrait d’une observation qu’aurait eu un des membres suite à un débat scolaire auquel il aurait assisté et dont la conclusion serait que, quoi qu’il advienne, la fin du monde serait inéluctable.
Ce n’est quand même pas la fin du monde pour R.E.M., mais plus sûrement la fin d’un cycle. Après six années de bons et loyaux services au sein de IRS Records, Michael Stipe, Peter Buck, Michael Mills et Bill Berry signent chez Warner en 1988. Et, trois années plus tard, deviennent, bien malgré eux, un groupe « superstar », à la U2. Eponymous est ainsi un très bon résumé de que qu’a pu être le son si atypique du groupe au cours de ces années 80.
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