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mercredi 15 avril 2015
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par Psymanu le 6 décembre 2005
paru le 24 octobre 2005 (Wagram)
Le Gloria International Garage Club est une association sympa se chargeant à intervalle irrégulier d’organiser depuis juin 2003 des soirées où le rock tient une place centrale. Quoi de mieux pour asseoir leur réputation qu’une compilation réunissant le gratin du genre énervé à guitares ? Pas grand chose, dont acte. Ainsi naquit cette compilation dont la jaquette au design très "comic" avait de toute façon de prime abord tout pour plaire. 24 titres, tous rares ou carrément inédits, assénés par ceux qui font l’essentiel de la scène "garage" actuelle. Et en plus, c’est pas cher.
Le problème avec une compilation, c’est quelle n’est, en général, qu’un assemblage un peu bancal de choses diverses réunies sur la base d’un maigre point commun, dans le thème ou dans l’exécution. Pas de ça ici ! Les groupes sélectionnés semblent une armée assiégeante pointant ses flèches comme un seul homme, ils tirent ensemble la couverture à eux, en quelque sorte. Ainsi, cette agréable sensation de cohésion qui fait qu’il serait difficile de déterminer aisément à l’oreille quel groupe joue quoi, empreinte vocale mise à part. Une belle constance jusque dans le tracklisting : on sourit de cet enchaînement impeccable de "The". Du coup, comme sur une photo de classe en uniforme, on ne retient que le visage de celui qui tire la langue ou qui fait des oreilles de lapin à son camarade, ce sont les aspérités qui retiennent l’attention. A savoir, ceux qui lissent leur power pop ou ceux qui, au contraire, fracassent leurs instruments contre les murs.
Bien sûr, on s’enthousiasme comme par réflexe de la reprise de Harlem Shuffle par les 5.6.7.8’s, parce qu’on les aime d’amour depuis Kill Bill et parce qu’en plus leur réputation n’est pas usurpée. The Soundtrack Of Our Life, sonnent comme les "gros" du disque. On sent dans leur Avenger Hill Street Blues une maîtrise des sonorités leur permettant de renouveler en permanence le plaisir d’écoute, en rajoutant un petit gimmick de synthé par-ci, un chœur surf par-là. The Flaming Sideburns remportant la palme du chant de plus éructé d’autant plus en évidence que le Hustler des Sonics est plutôt pop, dans la manière, par ailleurs. Les Datsuns sont pile là où on les attend, larynx déchiré et grattes cinglantes, ce sont des tout grands, mais on le sait depuis des lustres. Des Prisoners sur le retour réussissent à merveille leur réapparition. Il faut dire que l’époque leur autorise ce rock qu’ils aiment pratiquer et Tomorrow (She Said) est une perle, un des points d’orgue de cette compilation, avec un final quasi-stoogien. Les Little Killers méritent leur nom et raviront tous ceux qui aiment bien les soli de guitare quand même. Pour ceux qui préfèrent un orgue bien utilisé, Psycho Lovers, de The Things, est là, avec un chanteur hoquetant tout droit sorti des 50’s. Everything, des Sights, aurait pu figurer en bonne place sur le Please Please Me des Beatles. The Hives est, bien sûr, de la partie, avec un morceau qui n’est pas parmi ses meilleurs, mais on s’en fout parce que de toute manière il en fallait un de ce groupe. Au rang des surprises, on trouve une cover de Brian Eno (King’s Lead Hat), par The Dirtbombs avec un solo de violon, des bidules électro et un final dissonant qui rajoutent à la sensation de délire improvisé. Un excellent titre. C’est à Edgar Jones Jones que revient l’honneur de clore, avec un swingin’ et très jazzy You Know You Can Do It.
Une parenthèse coup de cœur, histoire de titiller la fibre patriote, pour Second Sex. Des gamins, des petits parigots de 15 balais de moyenne d’âge, mais qui semblent avoir déjà tout compris : spontanés, enragés. The Clan est leur premier enregistrement, mais ça sent le talent à plein nez.
Une superbe réussite, donc, en même temps qu’une belle idée, cette compil. Chaque morceau tient fermement la main de son précédent et le tout plane haut, musicalement, et sent très fort les 60’s dans ce que ces années apportèrent de meilleur. On ira donc régulièrement (c’est un ordre) sur le site internet de Gloria (www.gloriaclub.fr), histoire de suivre cette affaire, et on ré-écoutera ce disque en apprenant par cœur la liste des artistes qui y participent comme autant d’arguments à balancer à la figure de ceux qui prétendent que le rock, c’est terminé.
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