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mercredi 15 avril 2015
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par Aurélien Noyer le 26 mai 2009
Paru le 2 juillet 2008 (Vital)
Pour leur début de carrière, les Littl’ans ont bénéficié d’un avantage à double tranchant, à savoir le haut-patronage de la figure tutélaire et hautement aléatoire de l’actuelle scène rock anglaise Pete Doherty, ce dernier ayant même poussé la chansonnette sur Their Way, le premier single des Gamins (Littl’ans désignant des enfants en argot cockneys). Et si la chanson n’était pas en soit dénuée de charme, elle laissait craindre un énième ersatz des Libertines. On attendait donc de juger sur pièce grâce à la sortie du premier album du groupe.
La première écoute s’est alors révélée décisive : si l’album ne se pose pas comme une réinvention de fond en comble du rock britannique et traîne quelques tics un peu galvaudés, il contient quelques idées intelligentes et une particularité bienvenue.
Mais commençons par les choses qui fâchent. Il suffit d’écouter quelques minutes pour se rendre à l’évidence : autant au niveau du son que des thématiques, Primitive World se fond dans l’uniformité du rock post-Libertines. On y retrouve ainsi le son ascétique des guitares aigrelettes et la rythmique sèche de la moitié des groupes britanniques actuels, le tout baignant dans les mêmes influences Clash/Libertines que leurs congénères (les pistes instrumentales de Everytime et Did You Hide From Saturday Night pourraient très bien sortir des albums des Libertines et on ne reviendra pas sur la rythmique ska qui gangrène Chelsea). Et les mêmes causes produisant les mêmes effets, les choix thématiques des paroles ressassent encore et toujours le quotidien de nos jeunes amis britanniques, sujet traité à toutes les sauces (des Arctic Monkeys à The Streets en passant par Lily Allen). Il y a donc fort à parier que tout ce qui restera de cet album dans une vingtaine d’années sera sans doute une chanson dans une compilation façon Nuggets consacrée au rock garage anglais 2001-2015.
Néanmoins, ce qui distingue agréablement les Littl’ans de nombre de leurs concurrents (et donc leur laisse une chance de laisser une trace, ne fût-elle qu’un titre dans une compilation rétrospective), c’est d’intégrer une influence bizarrement assez peu revendiquée : l’approche fortement mélodique de Belle & Sebastian. Alors qu’une grande partie de la scène rock anglaise souffre d’un véritable ascétisme mélodique où une bride de mélodie accrocheuse durant le refrain semble suffisante pour faire une chanson (et encore... le premier album des Arctic Monkeys ne contenait pas une seule mélodie digne de ce nom), la voix chaude et mélodique de Andrew Aveling rappelle justement celle de Stuart Murdoch. Et de Don’t Call It Love à Our Way, jolie réactualisation de Their Way en passant par Is It Wrong ?, elle lui permet de distiller quelques mélodies faisant honneur aux Écossais pré-cités bien sûr, mais également aux La’s.
Bien sûr, cet atout mélodique ne permet pas de compenser son manque d’originalité évident et pour sympathique qu’il soit, Primitive World n’enthousiasmera sans doute pas grand monde. Pour autant, j’espère que le lecteur me jugera avec indulgence car je succombe aux clichés de la critique facile et conclut avec ce qui est sans doute la pire chose que l’on puisse dire sur un album : au moins, ses mélodies en font un agréable album pour passer l’été.
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