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mercredi 15 avril 2015
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Pour leur première venue à Paris à l’occasion de leur concert à la Maroquinerie le 21 juillet 2006, le groupe Islands nous fait l’honneur de répondre à nos questions pour une interview exclusive. Nous devions donc interviewer Nick Diamonds et une personne du groupe de son choix, qui sera Kate Perkins, seconde chanteuse et violoniste du groupe, et également petite amie de Nick. Tout d’abord prévue dans la cour de la Maroquinerie, la rencontre se fera finalement en marchant, pendant que les deux membres d’Islands devait rejoindre leur hôtel avenue de Bagatelle pour se reposer avant le concert, après un voyage semble-t-il long et éprouvant. Nick Diamonds a la réputation d’être un peu difficile en interview et légèrement fantasque, ce que nous ne devions pas tarder à expérimenter. Il n’aime également pas parler de son passé avec The Unicorns, ce que nous ne devions également pas tarder à comprendre. Le lecteur avisé saura corriger par lui-même le vrai du faux dans les réponses données par Nick et Kate, mais surtout de le part de Nick en fait...
Inside Rock : Nick, vous et J’aime Tambeur étiez à l’origine de la création du groupe Islands, après la fin des Unicorns, pourriez-vous nous dire comment vous vous êtes rencontrés avec J’aime ?
Nick : Ouh, ça remonte loin... Laissez-moi me souvenir... C’était il y a très longtemps, à un moment où il y avait de la drogue... Vous savez, je suis un très vieux mec de 24 ans. Ah si. Il y avait une attraction chez nous, où devait être exposé un énorme rat, une sorte de cirque. Or il s’est avéré qu’en lieu et place d’un gros rat, ce n’était en fait qu’un vulgaire castor. Bref, J’aime travaillait dans ce cirque, et c’est là-bas que l’on s’est connu.
Inside Rock : Quelle est la principale évolution et différence selon vous entre la musique des Unicorns et celle de Islands ?
Nick : (visiblement agacé) C’est autre chose...
Kate : Vous connaissez les théories de Marx ? Vous avez lu Le Capital ? La théorie de la dialectique ? Comme quoi lorsqu’une entité coule et disparaît, inversement et en conséquence, une nouvelle tendance se crée. C’est un peu ça, les Unicorns ont disparus, et Islands s’est crée en émergeant de cette disparition. Tout s’explique selon Marx.
Nick : Oui, et par Freud aussi.
Arret pour demander notre route à un habitant du quartier.
Inside Rock : Comment s’est passé la transition depuis le départ soudain de J’aime du groupe ? Gardez-vous contact avec lui, et savez-vous ce qu’il fait ?
Nick : Oui, le départ de J’aime a été soudain. Il a fallu qu’on lui trouve un remplaçant. Ce qui est fait avec Aaron Harris. On l’a rencontré dans un magasin de donuts, vous connaissez les donuts ? Et bien J’aime bossait là-bas aussi, donc on a pu trouver son remplaçant par ce biais. C’est une sorte de cercle fermé le monde des donuts. Mais il lui faut encore du temps pour qu’il apprenne à jouer toutes nos chansons. Alors pour le moment, j’ai enregistré moi-même toutes les parties de batteries, qu’on diffuse alors sur scène. Ce n’est pas encore ça, mais on est très pro ! En tout cas, Aaron, oui je pense qu’on va le garder tant qu’il saura appuyer sur le bouton play pour lancer l’enregistrement, ça ira.
Inside Rock : Vous avez déclaré dans une précédente interview datant d’il y a quelques mois qu’il faudrait à peu près six mois pour que le public et la presse arrête de constamment vous parler des Unicorns. Pensez-vous que c’est le cas désormais ?
Nick : La preuve que non !
Kate : (rires)
Inside Rock : Pourquoi avoir choisi le nom d’Islands ?
Nick : Le nom Islands... Parce que ça fait penser aux îles, pour faire voyager. C’est pour renforcer le côté humain, mettre en avant une certaine condition humaine.
Inside Rock : Que pensez-vous de cette scène canadienne qui explose en ce moment, et plus particulièrement de Montréal d’où vous venez ? Existe-t-il réellement une vraie communauté entre les artistes émergeant de là-bas ?
Nick : Oui, en fait, tous les dimanches, avec cette bande de potes musiciens, on se retrouve tous ensemble dans un parc, chacun ramenant des tambours et des tams-tams pour jouer. On vient avec nos chiens pour qu’ils participent à ces fêtes. C’est comme des rituels médiévaux. Donc on se regroupe et on fait un concours d’improvisation au tam-tam, et c’est toujours Arcade Fire qui gagne !
Inside Rock : Y’a-t-il des artistes de cette scène montréalaise avec qui vous êtes amis, qui sont méconnus et qui selon vous méritent d’être connus au grand jour ?
Nick : Hmmm, laissez-moi réflechir... De tête, je dirais les Longhornes, j’aime bien ce qu’ils font. Y’en a tellement, c’est dur d’en sortir comme ça... Il y a Tam. C’était une fan assidu (« she was a stalker ») c’est pas mal. Elle vient de signer sur le label de Thurston Moore. Il y a So Called aussi qui fait du rap très sympathique.
Inside Rock : Justement, sur votre album figure un featuring de Busdriver, et vous tournez souvent avec l’artiste Why ?, le hip-hop est-il une influence majeure pour vous ?
Nick : Nous aimons beaucoup le rap, nous en écoutons beaucoup, tous les genres de rap. Le rap hardcore, le rap pop, le gangsta-rap, le rap-métal, le rap lyrique... On aime beaucoup ce genre musical et on y baigne dedans quelque part, donc ça doit se ressentir d’une manière ou d’une autre sur ce que l’on fait.
Inside Rock : Ces artistes sont-ils des amis ou juste des partenaires artistiques ?
Nick : Ce sont des amis parce que nous aimons ce qu’ils font.
Inside Rock : La pochette de votre album est une œuvre de Friedrich [1], était-ce un choix ?
Nick : Cette pochette, c’est moi qui l’ai faite ! En fait, j’avais fait une peinture pour la pochette qui ressemblait à la toile de Friedrich, mais sans que cela soit prémédité. J’avais déjà visualisé ces formes et ces lignes, donc j’ai commencé à peindre, sans n’avoir jamais vu cette toile de Friedrich auparavant. Ainsi, quand j’ai proposé mon œuvre pour la pochette, quelqu’un m’a dit que ça ressemblait à une œuvre de Friedrich. Et effectivement. Donc on a choisi celle de Friedrich. Parce qu’elle était quand même mieux que celle que j’avais faite (rires).
Inside Rock : L’album a été très vite enregistré, comment s’est passé la phase d’écriture des chansons ?
Nick : L’album a été effectivement rapidement enregistré. Pour l’écriture, je me suis chargé d’écrire les chansons dans un premier temps, puis j’ai tout finalisé sur mon lit dans ma chambre. Ensuite on a tout enregistré en un mois, et c’était fini.
Inside Rock : Quelles sont vos principales influences musicales ?
Nick : Je dirais Charlie Manson, ouais Charlie Manson... avec le batteur des Beach Boys aussi [2].
Kate : Electric Light Orchestra...
Nick : Exact, Electric Light Orchestra, nous admirons beaucoup le travail de Jeff Lynne...
Inside Rock : Comment voyez-vous le futur d’Islands ? Avez-vous déjà de nouveaux titres d’écrits ?
Nick : Oui, on a déjà une vingtaine de titres d’écrits à peu près. Et on en joue à peu près la moitié sur scène.
Inside Rock : Quels sont pour vous, les meilleurs et les pires souvenirs en tant que musiciens ? Sur une tournée par exemple.
Nick : (après longue réflexion) Je me souviens lors d’une précédente tournée, d’un chien qui était venu m’attaquer, et venait prendre à la cheville. Ca doit être l’un des pires souvenirs probablement.
Inside Rock : Et le meilleur souvenir ?
Nick : Quand on peut dormir (rires).
Inside Rock : C’est pour vous votre première grande tournée mondiale, comment cela se passe-t-il pour le moment ? Fatigant ?
Nick : (s’adressant à Kate avec un sourire) Tu trouves ça fatigant ?
Kate : Oh oui ! Très fatigant !
Nick : Elle est très fatiguée, tout le monde l’est. On sort tout juste de sept heures de trajet, et on repart demain après-midi pour encore huit heures de voyage. Donc oui, c’est très éreintant.
Inside Rock : Récemment est mort Syd Barrett, comme vous devez le savoir. Sa mort vous a-t-elle affectés ? Que pensez-vous de lui ?
Nick : Non, on ne peut pas dire que ça nous ait réellement touchés. On a écouté ce qu’il y avait de sa carrière solo et il y a des bons trucs. Mais pour moi, Syd Barrett est mort il y a vingt ans déjà. Il ne donnait plus signe de vie, reclu chez lui, coupé du monde. Donc ça ne nous a pas affectés plus que ça lorsque l’on a appris qu’il était décédé.
Inside Rock : Comment décrireriez-vous la musique d’Islands en quelques mots ?
Nick : Rétro-future-pop.
Inside Rock : Dernière question, vous arrivez à vous y faire à cette chaleur en France ?
Nick : C’est clair qu’il fait très chaud. Ce qui serait génial ce serait d’avoir une plage à proximité où on pourrait aller.
Inside Rock : Il y a Paris-Plage qui s’organise... (explications du concept de Paris-Plage, Nick et Kate s’inquiètent de la propreté des lieux)
Kate : Ca a l’air sympa, on ira peut-être faire un tour demain. Dommage qu’on ne puisse pas s’y baigner.
Nick : Oui pourquoi pas, avant de devoir à nouveau faire huit heures de trajet...
Inside Rock : Merci beaucoup pour nous avoir accordé de votre temps, et bon concert ce soir.
Propos recueillis par Kris et Giom, le 21 juin 2006, dans les rues du 20ème arrondissement.
[1] La Mer de glace, 1823, conservé au musée de Hambourg.
[2] Dennis Wilson batteur des Beach Boys fréquenta quelques temps le gourou et tueur en série Charles Manson.
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