Depuis toujours la France a vu débarquer moult artistes québécois. Autrefois, on avait des chansonniers tels que ceux de Beau Dommage ou Gilles Vigneault. Aujourd’hui, le Québec nous envoie des pseudo-chanteuses dont la voix rivalise avec les amplis de Spinal Tap quand elle est poussée à fond... Mais lors de sa dernière tournée, Robert Charlebois a emmené avec lui en première partie un petit groupe bien de chez lui, histoire de montrer que le Québec fournit autre chose que chanteurs et chanteuses navrants de mièvrerie...

Le groupe en question s’appelle Les Cowboys Fringants. Si cela paraît nouveau en France, le groupe a déjà signé cinq albums. Il s’agit cette fois des descendants des chansonniers évoqués plus haut. Il ne s’agit pas de chansons lisses comme les fesses d’un nouveau-né... Non, Les Cowboys chantent des textes un peu plus réfléchis. Il chantent la vie et ses travers, l’humanité et sa bêtise immense, toujours avec des mots simples et des mélodies touchantes... et un accent parfois un peu déroutant.

Leur dernier album en date s’intitule La Grand-Messe et démarre sur une mélodie au piano puis enchaîne sur le premier titre dont le texte annonce un peu la couleur. Les Étoiles Filantes appose sur une mélodie plutôt joyeuse des textes qui sont plutôt nostalgiques voire carrément pessimistes. La vie, au final, brise les rêves d’enfants pour finir, au bout du compte, comme tout le monde à la trentaine, avec trois gosses, une maison, un chien etc... La démarche du groupe rappelle quelques groupes français tels que les Ogres de Barback. La plupart des chansons racontent l’histoire d’un personnage. Cela leur permet d’aborder divers sujets de société de manière plus libérée... D’autres chansons plus directes rappellent à la bonne conscience collective que des enfants crèvent encore de soif dans le Tiers-Monde, ou bien que des hommes politiques corrompus sont toujours plus riches et que des gens du peuple sont toujours plus pauvres... Eh oui, finalement on dirait que le Québec n’est pas aussi génial que ça...

Aux textes sont associées des musiques aux mélodies très travaillées et diversifiées. Une musique intéressante et vivante teintée de mélodies folk ou traditionnelles. Guitares, accordéon, violons, piano, etc... Encore une fois, on retrouve la même démarche musicale que les Ogres de Barback ou d’autres groupes de ce genre. Mais certaines fois, heureusement assez rares, la musique vire limite au folklorique. On en aurait presque envie de se prendre par les petits doigts et de tourner en rond, les femmes se tenant un pan de la jupe et les hommes ayant l’air fier. Mais l’album renferme aussi quelques petites perles. Notamment l’instrumental Shish Taour qui est un véritable morceau rockabilly (orgues, riff de guitare, rythme binaire et claquement de mains, etc...).

La Grand-Messe n’est pas l’album de l’année, entendons-nous. Mais en tout cas, on est bien content de l’écouter. Cela change de la mièvrerie des chanteurs québécois habituels. J’en arrivais personnellement à croire que les Québécois en avaient presque oublié, cynisme, ironie et tout le reste. Les Cowboys Fringants sont donc une bouffée d’air frais dans ce paysage musical. À ranger à côté de Ogres de Barback ou autres Têtes Raides.