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mercredi 15 avril 2015
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par Giom, Alexx, Milner le 22 août 2006
Certains répondent : « Au fond du labo à gauche », d’autres dans les douves et les derniers disent : « On verra bien ! » En tout cas, d’une manière ou une autre, tous auront raison !
Présent depuis quelques jours en qualité de bénévole, je me suis amusé avec mon compère Milner à électrifier le Fort de Saint-Père. Expérience intéressante mais éprouvante au final. Alors que l’ouverture du site des concerts se fait sentir, nous allons chercher le troisième larron pour ce long week-end. Emballé, c’est pesé ! Giom se fait un plaisir de prendre son accréditation. Le temps passe et ce dernier est clément : il ne nous offrira pas d’averses pendant une suite de six concerts débutant par les :
Howling Bells
Ce combo australien nous avait été décrit comme un sacré mélange entre PJ Harvey, The Kills et autres Velvet Underground (sic). Excusez du peu, mais ce genre de comparaison est du genre à poser un certain pressentiment quant à la prestation des cloches hurlantes. Pourtant, la petite Juanita Stein emmène son groupe d’une manière fort intéressante et ne tombe pas dans les clichés d’un rock circonvenu lorsqu’on cite les références susnommées.
Aidé par son frère Joel à la guitare, les morceaux sont travaillés et sonne juste. Mais ici, le rôle d’ouvreur est toujours quelque chose de spécial. On se laisse croire qu’ils peuvent certainement faire encore mieux ... Les gens vaquent à leur distractions favorites après la musique : la bière. Le fort possède en son sein quelques intéressés et encouragent à faire sonner les cloches. Ces derniers nous offriront un concert tout en intensité, nous révélant un nouveau groupe à suivre pour voir se qu’il pourraient nous réserver par la suite.
Il est temps maintenant d’aller se frayer un chemin jusqu’au lieu des conférences de presse pour suivre celles de Islands. Aussitôt arrivé, Nick Diamonds reconnaît Giom (pour connaître toutes l’histoire, voir ici) qui le salut et notre confrère en profite pour nous présenter. Mais ceci vous est déjà compté ici. Ce sera la seule conférence à laquelle Milner et moi ne pourrons pas assister en qualité de bénévoles. Nous retournons donc devant la scène pour voir :
Why ?
J’avais déjà vu ce groupe quelques semaines plus tôt au festival à Scopitone (voir ici) et il ne m’avait pas convaincu. Yoni Wolf et ses deux compagnons débarquent donc pour nous faire (re)découvrir leur pop joyeuse et débridée.
Le show n’est pas déplaisant et le public qui a augmenté s’inspire du trio pour faire la fête. Le batteur est déchaîné et n’hésite pas donner de lui-même lorsqu’il doit jouer du xylophone et de la batterie en même temps. Impressionnant ! De l’autre côté, Yoni a l’air de bien s’amuser en jouant de tout, tout le temps. Pourtant, il manque quelque chose. Un petit truc qui fait la différence et qui empêcherait cette lourde impression après trois, quatre morceaux que les chansons se répètent. Dommage ! Le début paraissait bien intéressant. Et le public ne s’y trompe pas. Malgré les aficionados, beaucoup ressortiront avec ce sentiment de répétition dans la tête.
Tandis que le Fort se remplit lentement mais sûrement, Milner et moi allons vite nous sustenter pendant que Giom assiste à une conférence de presse. Nous faisons vite car je ne veux pas manquer une miette du prochain set :
Islands
Les Québécois nous intéressent de plus en plus avec leur scène qui se développe plus vite qu’une culture de champignon hallucinogène ! Et Islands, fraîchement pondus de l’esprit doucement schizophrène de Nick Diamonds, est justement au centre de nos discussions du moment. Les balances de l’après-midi avaient été plus qu’alléchantes et j’attendais le reste du concert avec une impatience infantile.
Les huit mercenaires de la musique arrivent sur scène et vont nous faire partager une bonne humeur de bon aloi. Le temps est frais et bouger un peu n’est pas un luxe. Tout de blanc vêtus pour des raisons œcuméniques, les musiciens s’amusent et affichent un grand sourire au fur et à mesure des chansons de leur premier et unique album.
Quelques nouveaux morceaux viennent pousser la fête un peu plus loin mais le public ne semble pas accrocher d’une manière très convaincante. Il est vrai que lorsqu’on ne connaît pas le monde de ces Québécois, on peut rester dubitatif. Heureusement, les fans sont là et le montrent. Un peu trop vite, on arrive à la fin de ce concert où les meilleurs morceaux ont été joués sauf le grandiose Where’s There’s A Will There Is A Walebone ! Heureusement pour ma santé mentale (je trépignais d’impatience de l’entendre et ai cru qu’ils ne la joueraient pas !), le rappel sera constitué de cette chanson avec comme "guest" un certain Yoni nous laissant entrevoir son passé hip-hop !
Bon, maintenant, les choses sérieuses vont commencer ! Non pas que les groupes passés soient des amateurs. Mais quand on évoque Calexico ou Mogwaï, on sent une certaine fébrilité dans le public ainsi que chez Giom ...
Calexico
Lorsqu’on écoute le duo de Tucson, on se dit qu’Ennio Morricone a laissé des graines. D’ailleurs, le groupe arrive, se présente et enchaîne aussitôt avec deux chansons qui auraient pu faire pâlir tous amateur de mariachis. La trompette résonne et est bientôt rejoint par un accordéon pour compléter le tableau.
Les Américains jouent des morceaux de tous leurs albums et vont jusqu’à reprendre Alone Again Or, rendant ainsi hommage à Arthur Lee (bien que ce soit Brian McLean l’auteur de cette somptueuse chanson), récemment décédé. La chanson est remaniée avec une certaine originalité que partagera moyennement le public. Le concert continu et l’enchaînement des titres “mariachisant” avec d’autres plus rock plait aux quelques 7000 amateurs recensés ce soir. Mais l’originalité ne s’arrêtera pas là. La Chanson De Prévert de Gainsbourg sera aussi reprise par Calexico avec en "guest" (décidemment) une jeune inconnue quelque peu timide et impressionnée d’être face à nous pour chanter.
Outre ces reprises, Joey Burns et John Convertino nous offrent ce soir un concert riche en émotions, nourrissant de bien belles images qu’Ennio (toujours lui) aurait aimé mettre en musique. Mais place à l’Écosse. Cette édition aura mis la part belle aux Highlands avec une tripotée de groupe venue du nord de la Grande-Bretagne.
Mogwaï
La programmation de cette année était reconnue comme étant très pop. D’ailleurs, pouvait-on lire “Pop is not dead” sur les affiches et autres t-shirts. Mogwaï est l’un des rares groupes qui partira vers les côtés obscurs du rock. Les cinq musiciens arrivent donc et décochent immédiatement leurs guitares pour nous faire décoller dans les affres du post-rock.
Les longues envolées prennent corps rapidement et entraînent le public dans un hypnotisme béa. Ça et là, on observe quelques slams et autres pogos naître. Stuart se permet même une petite réflexion comme quoi, s’adonner à ce genre d’activité peut s’avérer dangereux. Le message passera quasiment inaperçu même si la foule se calme. On connaissait leur réputation de groupe militant et altermondialiste (le groupe boycotte tout les produits Nestlé), mais on ne leur connaissait pas ces élans altruistes ! Les chansons se suivent et durent. On sent le final arriver avec des morceaux de plus en plus “aériens” et longs. C’est ce qui leur sera reproché par la suite, un show trop étendu sur la durée (pas loin d’une heure vingt) et trop répétitifs !? Il faut dire que le post-rock n’est pas un style très facile à appréhender surtout lorsqu’on ne connaît pas le groupe.
Toutefois, les membres de Mogwaï nous ont offert un concert digne de leurs collègues québécois de Godspeed You ! Black Emperor. Le fort se vide et la fatigue emporte mes collègues qui rentreront au campement. Surpris, je décide de rester en attendant patiemment Liars. Cependant, l’attente aura raison de moi et je décide d’aller surveiller sur mon oreiller ce set qui se révèlera des plus braillards ! On se surprends à dire : « Mais qu’est-ce que je fous là au lieu d’être devant la scène ? » mais la fatigue de la semaine rattrape bien vite cette pensée. Qui plus est, on a l’impression que le géant ne fait que répéter les mêmes choses. On ne les regrettera pas !
Deuxième jour du festival qui au vu de sa programmation devrait nous sortir des salles obscures où s’étouffe le rock ... ou bien une autre désillusion sur des groupes qui n’ont pas l’étoffe pour s’imposer en plein air ? Jusqu’à 19h15, la question restait posée et m’agaçait légèrement.
Pourtant, avec l’apparition du premier groupe, les Canadiens de You Say Party ! We Say Die, mes propres doutes se dissipèrent instantanément.
Une chanteuse hystérique pseudo-décadente en figure de proue semble faire passer le groupe comme les Yeah Yeah Yeahs du pauvre, moins boursouflé et plus marrant. La recette est assez simple et ne tranche que rarement avec le contenu musical de tous ces groupes qui tentent de se faire un nom avec un son. Leur musique traîne régulièrement sur la cire mais le combo reste cohérent dans sa façon de procéder et ça, j’avoue que c’est plutôt ravissant à découvrir en début de festival plutôt qu’en huis-clos pour émission de radio... Leur prestation n’est certes pas plus brillante que l’interprétation d’un remake de King Kong mais sans se prendre la tête, les cinq jeunes gens auront su apporter une touche comique (un peu comme Art Brut lors de l’édition précédente avec ses textes décalés) à renouveler prochainement ? Sait-on jamais avec ces intellectuels ...
Dans la série, comment raviver la flamme d’une frange de la pop des années 60 à la sauce féminine, attardons-nous ensuite sur The Pipettes, trio britannique de sexe opposé (quasi-vocal) qui augmenté de musiciens rock livre des titres absolument jouissifs pour les aficionados de ce genre de musique.
Et c’est ainsi que l’on découvre que cette musique est définitivement intemporelle puisque Pull Shapes, Dirty Mind et le final énergique We Are The Pipettes achèvent la vision de ce revival musical qui ne dérangera finalement que les allergiques aux cheveux permanentés et aux robes vichy que portaient la grande tante Hélène il y a de ça quarante années. Les chorégraphies personnelles de ces trois demoiselles auront contaminées une bonne partie de l’audience massée en nombre pour découvrir cet épiphénomène.
Il est déjà 22 heures et ce n’est que maintenant que je me rend compte de la très forte colonie britannique qui a envahi les lieux pour assister à l’attraction de la soirée, soit la présence du « meilleur groupe écossais de tous les temps », je veux parler de Belle And Sebastian. Beaucoup d’eau parfumée a coulé depuis les volutes de Tigermilk. Certains membres sont partis, d’autres sont arrivés. Mais B&S reste B&S, succès ou non, sous les dorures des palaces ou bien perdu au plus profond de la campagne écossaise. Ceux qui connaissent le groupe entièrement ou depuis le début n’ont aucun besoin d’autres harmonies pour leurs bonheurs.
Puisant dans pratiquement toute sa carrière discographique, Belle And Sebastian est imprévisible. Si les albums n’ont qu’un son, les concerts chavirent souvent et c’est au rythme de Expectations, Lord Anthony, Funny Little Frog, Electronic Renaissance, Sukie In The Graveyard, The Blues Are Still Blue, If You’re Feeling Sinister, We Are The Sleepyheads et tant d’autres que l’on se retrouve emporté par la musique de ce groupe classieux, sachant faire remuer les foules et satisfaire sa cohorte de fans. Car il n’est pas de plus grand bonheur que de sombrer avec les vieux pirates de la fosse. Quant aux autres, qu’ils écoutent, il n’est jamais trop tard : en musique, la passion a un nom et c’est Belle And Sebastian.
Suite à la prestation de haute volée de la bande à Stuart Murdoch, il est temps de redescendre sur terre avec l’artiste que l’on appelle Cat Power. Alors là, gare, Cat Power n’est pas menteuse, ni tricheuse pour un sou. Sa silhouette longiligne balance un coup à droite, un coup à gauche autour du micro et quand elle crache dedans, les oreilles prennent une giclée comme si le feu du ciel soufflait sur la banquise.
Accompagné du Memphis Blues Band, on n’aurait pu craindre le pire sur les deux premiers morceaux tant son absence se faisant longue laissait peut-être présager un caprice de diva. Bien que minée par des problèmes de gorge, la belle arrive finalement tout sourire et commence son spectacle comme si de rien n’était. Bien malin qui saura cataloguer son style, puisque justement, l’Américaine ne s’attache à aucun. Trop grandiose pour être folk, trop subtil pour être rock, tout cela ne limite en rien la force de son émotion. Et les spectateurs resteront soufflés de son appropriation du Hit The Road Jack du vénérable Ray Charles en fin de set, une façon comme une autre de rappeler sa proximité du public, le chat dans sa gorge étant dorénavant de l’histoire ancienne puisqu’elle a réussi à conquérir l’auditoire malouin.
Plus tout à fait la découverte du festival (le groupe était présent lors de l’édition 2004), Tunde Adebimpe et sa bande font de nouveau escale au Fort de Saint Père et livre une honnête prestation. Cela dit, le groupe devrait se râper un peu les méninges avant que leurs disques ne servent à fourguer des cageots de betteraves pour supérettes : les titres sont corrects mais on ne crie pas au génie pour autant, ils ressemblent à ce que tout un chacun ferait en soufflant dans un vieux tuyau d’arrosage : beaucoup de bruits et d’éclaboussures pour finalement pas grand chose.
Dommage que TV On The Radio n’eut pas été programmé à 2h30, cela aurait fait un délicieux toboggan pour s’écrouler dans les bras de Morphée. La tarte à la crème de cette édition.
Soyons francs : la fatigue se fait se sentir et nombre de festivaliers commencent à regagner leur campement. Pas en reste et docile comme un troupeau de brebis, nous faisons de même si bien que la vision de Radio 4 échappera à nos yeux endormis. Mais l’acuité sait rester sur ses gardes et permettra quand même d’entendre la prestation d’un groupe idéal pour une garden-party. Connu dans la patrie de Chirac via le titre (sous influence Gang Of Four) Dance To The Underground, le groupe commettra quelques titres très intéressants, évoluant doucement vers un style plus rapide, comme toujours lorsque sonne la fin des tournées. En tout cas, voici un concert qui a dû en faire bondir et danser plus d’un sur l’herbe aéré du site.
L’objectif de ce dernier après-midi de festival est de ne surtout pas rater le concert de la charmante Isobel Campbell, transfuge du groupe Belle And Sebastian et qui a sorti récemment l’excellent Ballad Of The Broken Seas, accompagnée au chant de Mark Lanegan (ex Screaming Trees et Queens Of The Stone Age). Juste avant l’Écossaise, ce sont les Suédois d’El Perro Del Mar qui envahissent à 16 heures la petite scène du Palais du Grand Large de Saint-Malo. Mené par une grande chanteuse blonde qui égraine ses accords acoustiques avec soin, le groupe nous gratifie d’une heure de musique apaisante, terminant son set par une chanson traditionnelle suédoise du plus bel effet. Malgré des problèmes de son pour le guitariste, les morceaux sont parfaitement exécutés et doivent beaucoup à la voix très émouvante de la chanteuse. Une très bonne entrée en matière, très calme et propice à l’atmosphère de cette salle parfaite pour les festivaliers pour qui la fatigue commence à arriver.
Passés 17 heures donc, Isobel Campbell fait alors son entrée accompagnée de son groupe et de l’ex chanteur des Vaselines, Eugene Kelly, qui remplace Marc Lanegan pour la tournée. Le charme de Campbell et de sa musique opèrent tout de suite sur les spectateurs apaisés. Le contraste des voix proposé singularise ces balades à la fois mélancoliques et douceâtres. Entre une reprise des Cardigans, une autre de Love Hurts de Gram Parsons ou bien un morceau, pour conclure, des Vaselines, le duo vocal montre son aisance dans chaque type d’interprétation, Isobel Campbell étant même aussi poignante au chant que lorsqu’elle fait parler son violoncelle. Un très bon concert donc, qui conclue ceux proposés au Palais de la plus belle des manières, tout en raffinement et en grâce.
La circulation automobile difficile autour de Saint-Malo puis des obligations de conférences de presse m’empêche alors d’assister au concert des Television Personalities, groupe post-punk désormais culte qui devait ouvrir les hostilités au Fort en ce dernier jour de festival.
Je découvrirai ensuite que le groupe a annulé son rendez-vous avec le public malouin et que ce sont les Américains de Grizzly Bear que je n’ai pus entendre en ce début de soirée. Le groupe, qui avait sans doute prolongé (par amour des crêpes ?) son séjour sur la côte bretonne, a été rappelé au pied levé pour déverser son rock psyché devant un public plus important que celui du Palais du Grand Large où ils avaient fait forte impression le vendredi. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois.
En revanche, j’assiste au premières notes jouées par The Spinto Band, une des nouvelles sensations de l’année 2006 grâce à leur prometteur premier album : Nice And Nicely Done. Vendus comme les nouveaux Arcade Fire, la musique du groupe ressemble plus sur scène à du Franz Ferdinand sous pétard qu’à celle des québécois tant leur pop ultravitaminée amène les membres du groupe à se contorsionner avec entrain. En tout cas ça marche puisque le set de The Spinto Band rend le public enthousiaste devant ces mélodies délurées. La formule à trois guitares est très efficace et The Spinto Band ne déçoit pas. L’avenir semble avoir toutes les chances d’être palpitant pour eux, du moins espèrons le.
Un pour qui c’est le présent qui est palpitant, c’est Philippe Katerine dont on n’ose même pas compter le nombre de présence en festival cet été sur le territoire français. Les lecteurs de B-Side Rock ayant déjà pu suivre les performances du Vendéen fantasque au Printemps de Bourges et à Art Rock à Saint Brieuc, nous ne nous attarderons pas trop sur le phénomène. Notons tout de même la tenue « portée » ce jour là par l’homme à la voix de canard : une magnifique peinture à connotation religieuse à même le corps apparemment réalisée par le guitariste du groupe qui accompagne notre dandy moderne.
Le groupe (composé de plusieurs Little Rabbits) justement est très efficace et les délires de Katerine lui doivent beaucoup en ce qui concerne l’ambiance rock’n’roll apportée au show. Notons pour l’anecdote entre deux morceaux satiriques d’une bobo attitude parisienne émancipée, l’arrivée sur scène d’un drapeau aux couleurs du conseil général de Vendée lancé par un membre du public à l’intention de Katerine. La réception de l’objet provoquera chez ce dernier des cris hystériques : « Qui a un briquet ? Qui a un briquet ? Qui a un briquet ? » Bien sûr, pendant le concert, le son sera coupé puis remis par le protagoniste du show à de nombreuses reprises, provoquant à chaque fois des réactions démesurées de la part d’un public complètement acquis à la cause du Vendéen. À voir, si vous en avez l’occasion, le spectacle proposé est à la hauteur de sa réputation.
Difficile d’enchaîner après un tel délire pour les quatre musiciens de Franz Ferdinand, pourtant la grande tête d’affiche de la soirée, si ce n’est du festival. Les Écossais arrivent sur une scène aux couleurs de leur dernier album, You Could Have It So Much Better, seconde production dont le succès a confirmé la prédisposition du groupe à faire danser toute la planète. Et les habitués du Fort Saint Père ne seront pas en reste, réagissant très favorablement à la déferlante de pop songs proposée par les quatre de Glasgow. Tous (ou presque) les singles du combo y passent et il faut avouer que l’efficacité est bien là.
Même parmi les plus réfractaires du public au départ comme je pouvais l’être, on se laisse aller à taper du pied, des mains puis de bondir à l’unisson, voire même de reprendre avec le public quelques paroles désormais mondialement connues du type : « When I woke up tonight I say IIIIIIIIIIIIIII... » ou bien « You’re lucky, lucky, you’re so lucky... » issues de Do You Want To. Le tube Take Me Out obtient un succès fou, fédérant véritablement pour la dernière fois le public malouin. On notera la très bonne interprétation du morceau 40 Ft, pas loin d’être le meilleur du groupe à ce jour. Dans un genre plus classique, Walk Away, a également tout pour toucher les cœurs les plus endurcis. Cerise sur le gâteau, le combo se fend d’un titre inédit (Lindsey Wells) à l’influence kinksienne évidente. Bref, c’est enthousiasmant, le chanteur Alex Kapranos, malgré quelques problèmes de voix, est fidèle à sa réputation de show-man Don Juan et le groupe dans son ensemble paraît extrêmement soudé, ce qui renforce son efficacité sur scène. Qu’on se le dise, « Pop is not dead ».
Après avoir repris nos esprits et alors qu’une bonne partie des festivaliers s’est retirée après avoir vu le groupe star de la soirée, arrive Band Of Horses, formation américaine au rock léché et lyrique. Le groupe évolue dans une veine qui dans le meilleur des cas peut flirter avec REM et dans le pire avec Aerosmith.
Tout se passe parfaitement bien pour le combo pendant cette petite heure de concert sous l’œil avisé de l’organisateur du festival François Floret alors présent dans le public. Le groupe n’est quant à lui visiblement pas encore très habitué aux tournées internationales : « On voudrait remercier Pierre et tout le monde de l’organisation. Merci à eux pour la nourriture gratuite ! » Voilà qui rend les choses plus humaines et donne un côté sympathique au dernier véritable groupe (dont on ne manquera pas de suivre la suite de la carrière) qui se produit sur la scène du Fort de Saint-Père en 2006.
Car c’est une DJ à qui revient l’honneur de conclure cette édition de La Route du Rock. DJ Chloé, dernière étoile montante en date du djing parisien se place alors aux platines devant une vidéo qui accompagnera son set sans grande surprise jusqu’à très tard dans la nuit alors que le reste du public rejoint progressivement tentes ou autres types de couchage, histoire d’aller se reposer après toutes ces émotions et de rêver, peut-être à l’édition 2007. L’avenir s’annonce palpitant autour de Saint-Malo.
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