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mercredi 15 avril 2015
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par Noesis le 13 décembre 2006
« Vous venez pour la visite chirurgicale ? Installez-vous, les praticiens vont entrer en scène. Je peux vous proposer une dose de Mastodon pour vous faire patienter. »
Sympathique, ce grand hôpital aux allures d’arènes froides. Le Forest National est de ces salles qui ne laissent pas indifférent. Mastodon ouvre donc les hostilités. Sans grande conviction. Peu de présence sur scène. Le groupe est en répétition grandeur nature. Dommage, car la musique qui se rue sur l’auditoire est énorme. Les compositions sont alléchantes. Mais rien n’y fait. Impossible de se laisser captiver par ce groupe de garage sur les planches.
Passons.
L’infirmière repasse me voir, un breuvage aux extrait d’houblon en main, sans doute l’anesthésiant. Le noir se fait dans la salle d’opération. Votre serviteur n’en mène pas large. Un éclairage blafard s’inocule lentement sur un décor glacial. Les premières notes de Stinkfist procèdent à la première incision de tympan. L’état second éclot soudain. Maynard entre en scène. La transe se profile. L’érudit toubib connaît les mesures. Les piqûres se font en douceur, les aiguilles entrent et sortent, le sérum est injecté. La salle lui est acquise. Sous son masque à gaz, la voix est parfaite. Incroyable ! Le son est cristallin. Jamais entendu ça.
The Pot et son intro a capela administre un nouveau traitement. Maelstrom d’émotions fortes. Fébrile, l’assistance retient son souffle, le liquide se traîne dans les veines. Les lumières ressemblent à des mutilations aux scalpels. Les projections vidéos à des radiographies de notre cerveau. La thérapie sera longue, les titres s’enchaînent, le public est davantage assujetti. Le groupe médical assène des doses de rappel de plus en plus fortes. L’apoplexie nous gagne. Le cœur s’emballe. Les yeux pleurent. La nausée guette les infirmes cobayes que nous sommes devenus. L’expérience est unique. Jambi disloque les corps, Vicarious euthanasie les phases terminales. De partout, je vois des malades remuer mécaniquement, l’anatomie humaine mise à mal. Tool opère à cœur ouvert. Aenima nous plonge dans un coma d’aliéné. Les sons nous flagellent. L’électrocardiogramme est au plus bas. Des ondes de choc, une batterie qui transperce la cage thoracique. Je remonte. Sonné. Je retombe. Mais ils viennent encore m’en sortir.
Le concert se termine douloureusement. Une nouvelle naissance, les poumons se regonflent d’air. Les chirurgiens sont heureux de cette ablation sismique, se serrent dans les bras, puis quittent la clinique.
J’en sors également. Il fait froid. Fichtre, je vais me choper un rhume.
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