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par Psychedd le 17 septembre 2007
Avertissement : Cette chronique ne plaira probablement pas aux fans de ce Genesis là et je m’en excuse d’avance. Mais y a des fois, on peut vraiment pas faire plaisir à tout le monde… Et c’est pas faute d’avoir essayé !
Exclusif ! Vous allez lire ma première chronique qui ne dégouline pas d’une fanattitude absolument écœurante. Pas d’optimisme à l’épreuve des balles, pas d’emphase ridicule, pas de superlatifs du genre « grandiose, fantastique, merveilleux »… Bon ok, y’en aura peut-être, on ne change pas une équipe qui gagne. Mais voilà, s’il m’a fallu un temps pas record pour faire ce compte-rendu, c’est que j’ai cogité très longtemps à la manière d’aborder un concert qui ne m’a pas transcendée. Fallait voir ça : les réactions post-concerts étaient tellement enthousiastes que je m’en suis presque voulue de ne pas être dans le même état…
En fait, moi, du Genesis post-Gabriel, je ne connaissais que A Trick Of A Tail et Wind & Wuthering (et encore…) et je n’ai jamais eu la curiosité de pousser au-delà. Quoique, j’en ai bouffé du I Can’t Dance… Je m’étais dit que ce concert serait le moyen d’avoir une révélation, du genre « Mais wouaaaaaaaah quoi ! » et bien qu’appréhendant cette soirée, j’étais presque enthousiaste (et je ricanais beaucoup : « Oué, j’vé voir Phil Collins ! Hin hin hin ! »).
C’est quelques heures en avance que nous sommes arrivés, mon barbu (excité comme un gosse) et moi, près de l’imposant Parc des Princes. Nous mettons une heure pour en faire le tour et trouver enfin l’entrée. Je ricane moins, je ne pensais pas voir une telle foule qui serait là à attendre. Et quelle foule ! Des quadras à gogo, de purs produits des années 80. Avoir 20 ans dans les 80’s, ça laisse des séquelles : certains ont même gardé une coupe de cheveux improbable (jolie permanente madame… ah pardon… monsieur !). Quelques trentenaires et encore moins de petits jeunes venus accompagner leurs parents. Et pour la plupart des spectateurs, des t-shirts de la dernière tournée de Phil Collins (sauf un monsieur arborant fièrement, mais solitairement, la pochette de The Lamb Lies Down On Broadway sur le torse…). Euh… Vous êtes sûrs qu’on va assister au même concert là ?
Merchandising à gogo : pendant que nous attendons, compactés comme des sardines, des types viennent vendre à la criée des jumelles, des programmes et autres produits dérivés (à quand les boules à neige ?). Je ricane moins, pensant en priorité à survivre dans la foule. Après un slalom de rigueur entre les barrières de sécurité, et après avoir vu des gens passer au loin en courant comme des petits fous (ce qui me refait ricaner…), nous arrivons enfin devant l’entrée du stade, où nous sommes fouillés par un service d’ordre bien plus habitué aux matches de foot qu’aux concerts de rock… euh… de pop. Notre appareil-photo au fond du sac et nos bouteilles d’eau privées de leurs bouchons, nous pénétrons pour de bon (enfin !) dans le Parc des Princes. S’ensuit une attente interminable, une dégustation de sandwiches à 5 euros (ce qui fait râler la plupart des gens), une sieste interrompue par un troupeau prêt à nous écraser à la première loupiote qui bouge sur scène (hé ho ! Il est 19h, ça commence pas maintenant ! Rendez-moi ma jambe qui est restée écrasée 10 mètres plus haut s’il vous plaît !), troupeau qui chargera de nouveau à cause d’un coup de vent dans les rideaux, puis quand le concert commencera. Pour faire patienter tout ce beau monde, de la musique est diffusée, puis des clips. Je réagis vivement quand les Beatles se font entendre et j’essaye de suivre Bob Dylan avec son clip pré-karaoké de Subterranean Homesick Blues, en vain. Je me sens subitement un peu seule. Par contre, quand Depeche Mode arrive avec Personal Jesus ou INXS avec n’importe quelle chanson, ça vire à la folie collective : les filles… euh… dames remuent leur corps et les messieurs bougent la tête. Années 80, je vous haime…
Quand le rideau tombe pour de bon (et que je perds ma deuxième jambe dans le bordel), nous découvrons la scène… La toute petite scène… La toute, toute petite scène. Notez bien que c’est une petite scène pour un groupe comme Genesis (ce qui expliquerait les très, très grands écrans sur les côtés et à l’arrière…), je veux dire pour un groupe avec les moyens de Genesis. Ce serait une scène de taille honorable pour un groupe avec pas les moyens de Genesis… Mais je suis surprise quand même (ah voilà ! Je voulais de la surprise, j’en ai eu !).
Deuxième surprise, sur cette scène, deux batteries : une petite noire toute simple sur la droite, une grosse dorée sur la gauche. « Ooooh ! Aaaaaah ! Ouéééééé ! » crie la foule extatique. J’en conclu logiquement que Collins va peut-être se mettre une ou deux fois derrière les fûts, certainement pour les morceaux plus anciens…
Je me dois d’admirer la ponctualité du groupe qui rentre sur scène à 20h30, comme indiqué sur le ticket… Comme je m’y attendais, Phil Collins est petit et chauve ; comme je m’y attendais, Mike Rutherford et Tony Banks ont pris un sacré coup de vieux ; comme je m’y attendais, Chester Thompson (ex-Weather Report, ex-batteur de Zappa) s’installe derrière la grosse batterie clinquante et Daryl Stuermer vient se poser avec sa guitare… La même line-up que celle des années 80.
Comme je m’y attendais moins, Phil se met cash derrière ses fûts. Et c’est parti mon kiki…
À partir de ce moment, je vais passer une grande partie de la soirée à me retourner vers mon barbu pour qu’il m’indique le nom des morceaux, parce que, dès le début, je suis complètement larguée…
Tout commence par un instrumental qui, re-surprise, n’est pas dégueu. Collins ne se débrouille pas trop mal et je trouve cela assez balèze que deux batteurs puissent être en parfaite symbiose sans que ça sonne moche. Ça commence à groover autour de moi. J’attends…
J’attends que le pire arrive, et ce sera presque chose faite avec le morceau suivant : Turn It On Again. A y est, nous y sommes, les années 80 moches, les synthés ignobles et froids, les dames qui se pâment et tant d’autres choses horribles pour lesquelles je m’étais pourtant bien préparée… Mon œil droit a des spasmes nerveux, ce qui n’est pas bon signe.
Oh ! Aller… Je ne suis pas mauvaise à ce point et j’admets plusieurs choses :
1. Phil Collins est un putain de showman qui sait parfaitement comment tenir en respect un stade. Bien qu’il hurle un peu trop (tant de vocalises R&B pour un homme de son âge, je trouve ça triste), il occupe l’espace et met une ambiance de feu. Des speeches marrants, une certaine humilité et une bonne bouille, ça ne fait pas de mal et ça met en confiance…
2. Le son est excellent : ce n’est pas une bouillie trop forte et inaudible, on entend parfaitement chaque instruments (Aaaargh ! Les claaaaviers !).
3. Les musiciens sont excellents.
4. Ce Genesis-là est une machine à danser. Même malgré soi. Je n’apprécie pas vraiment ce que j’écoute, mais mon corps fait scission avec mon cerveau et je me retrouve à battre la mesure avec les pieds. Peut-être même que je bouge les épaules…
5. Je n’ai pas de 5. Je veux bien être gentille, mais pas trop. Surtout avec le morceau suivant. On ne peut pas être gentille quand on est insensible à ce genre de sonorités
Puis arrive un intermède fort agréable pour moi. Collins annonce qu’ils vont faire un meddley de vieux trucs, je vais enfin me retrouver en territoire connu. Quand In The Cage commence, je suis heureuse. Quand je vois les gens se demander mutuellement : « C’est quoi ce morceau », je ricane de nouveau. Quand je me rends compte que cette version est plutôt molle du genou, j’arrête de ricaner et j’attends… J’attends que ça décolle, et ça finit par s’arracher difficilement du sol, mais c’est déjà un peu mieux. Le morceau presque entièrement joué, Phil se remet derrière la batterie et ça enchaîne sur une partie instrumentale de The Cinema Show (doux souvenirs de The Musical Box quelques mois plus tôt…), suivi d’un extrait de Wind & Wuthering et d’autres trucs que je ne reconnais absolument pas. Mais la pause est finie, les années 70, c’est tout pour le moment. Retour aux 80’s avec Hold On My Heart. Sur mon petit carnet, je note : « Merci les trucs de lover…. Je n’ai pas dû apprécier…
Toujours dans mon petit carnet (qui semble intriguer un type à côté de moi, vu comme il se dévisse le cou pour essayer de lire ce que je note au fur et à mesure), j’écris : « Du rock FM 80’s prog ! » « Claviers vraiment immondes » et « Je commence à me faire chier » concernant Home By The Sea et Second Home By The Sea. Ne me demandez pas ce que j’ai ressenti ou à quoi ça ressemble, je n’en ai absolument aucun souvenir…
Collins fait ensuite un duo chant-batterie pas extrêmement convaincant (n’est pas Ringo Starr qui veut !), mais je m’en fous, je mate les animations sur l’écran géant à l’arrière de la scène. Des animations qui en revanche me plaisent bien. Ce qui est beau, c’est que Genesis ne renie pas son passé, il le revendique même. Ou du moins, c’est l’impression que j’ai…
Un passé tellement pas renié, que Collins reste à la batterie tandis que le groupe enchaîne sur Firth Of Fifth, massacré par les claviers de Tony Banks (mais putain Tony ! Ressors ton mellotron et ton orgue ou je me fâche pour de bon ! C’est pas moral de gâcher ton talent avec des sons aussi ignobles !), assassiné par Stuermer qui joue le guitar-hero un peu relou (toujours selon mes notes) et alourdi par… euh… le temps qui a passé.
Mais cela s’arrête avec un enchaînement ultra-violent sur I Know What I Like, chanson pour laquelle Collins quitte sa batterie pour venir à l’avant de la scène armé d’un tambourin. Enfin, j’apprécie vraiment un morceau ! Et Phil de faire son numéro de clown sautillant (datant de 77 quand même… C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes !). Et vas-y que je joue du tambourin avec les genoux, les pieds, les coudes et la tête. Et moi de rigoler bêtement et d’apprécier sincèrement le spectacle, tout comme j’apprécie l’intrusion de la fin du morceau Stagnation…
Et là, c’est le choc. Mama commence. Je connais, je ne suis pas fan, mais la basse qui fait trembler mon futal, la mise en scène de Collins, les lumières et l’ambiance : je kiffe grave (et je flippe un peu par la même occasion) !
Le morceau suivant (Ripples) est présenté par Phil, et cette introduction (qui parle de papillons et qui est plutôt marrante) provoque la stupéfaction chez une spectatrice voisine : « Il a fumé ou quoi ? »… Et encore, elle comprend, puisque Collins essaye au minimum de parler français. Quand il voudra faire participer le public avant Domino, prévenant qu’il préfère s’exprimer en anglais, il se fera limite siffler et pas mal d’effets tombent presque à l’eau face au manque de réaction et de compréhension des spectateurs… J’ai peu de souvenirs de ce morceau, je me rappelle seulement de Cédric, surpris, disant : « Ils font de la techno maintenant ? ». Une techno un peu maladroite je dois dire, ils ne partaient pas d’une mauvaise intention, mais ça vire légèrement dance moche…
Au moment où je me décide à jeter définitivement l’éponge, c’est-à-dire m’asseoir et attendre la fin, il se passe un truc pas croyable. Collins et Thompson empoignent leurs baguettes et viennent se mettre face à face, un tabouret entre eux. Utilisant le coussin du siège et la structure en métal de l’objet, ils entament un duo de percussion sur chaise, numéro certainement longtemps répété, car parfaitement maîtrisé. Je n’avais jamais entendu un truc pareil et ça me colle un sourire jusqu’aux oreilles. Enfin une vraie bonne surprise ! Enfin de l’originalité ! Puis peu à peu, une baguette tapant toujours le tabouret, les deux hommes se tournent vers leurs batteries respectives et commencent à frapper sur les fûts, presque en même temps ils se réinstallent derrière leurs instruments et c’est parti pour un Los Endos d’anthologie, hyper rythmé. Je me laisse avoir pour de bon et je danse, ce qui est généralement bon signe… Au moment où je me dis que c’est bon, revoilà les 80’s et leur lot d’horreurs : Tonight, Tonight, Tonight (repris en cœur par le public qui sait exactement quand faire « Woho ! ») enchaîné sur Invisible Touch. « Pourquoi tant de haine ? » ai-je envie de hurler quand des feux de bengale viennent annoncer la fin de la première partie du concert…
Le public en veut plus, plus de synthés, plus de tubes à reprendre en cœur et il ne sera pas déçu avec le rappel. Car voici… I Can’t Dance. Et contrairement à toute attente, je me marre. Mais pas de nervosité ni de douleur. Je ris de bon cœur aux pitreries de Collins qui mime parfaitement la chanson. Je n’avais, à vrai dire, jamais fait gaffe au potentiel comique des paroles de cette chanson et Phil, avec sa tête toute ronde et ses mimiques met cet aspect bien en valeur. S’ensuit la chorégraphie bien connue : à la queue-leu-leu, Collins, Rutherford et Stuermer avancent de long en large sur la scène, tandis que les animations derrière reprennent exactement la même chose. Et ça dure, ça dure, jusqu’au moment où il faut retourner à sa place pour finir le morceau. Stuermer, emporté par le rythme percute à moitié Rutherford, je pouffe. Wouah… On peut danser sur I Can’t Dance, c’est une grande révélation pour moi…
Puis, Collins annonce le dernier morceau de la soirée (« Noooooooooooon ! » hurle la foule) : un morceau ancien qui lui tient particulièrement à cœur, à lui et ses collègues. Un de leurs morceaux préférés même. Ce qui tombe parfaitement bien : c’est également le cas pour mon barbu et moi. The Carpet Crawlers dans la nuit, au milieu de gens qui se demandent tous qu’est ce que c’est que ce truc, je dois dire que c’est l’extase. Phil n’en fait pas trop, c’est bouleversant de justesse et d’émotion et en 5 minutes, le concert est sauvé pour moi. Je n’aurai pas que de mauvais souvenirs et que très peu de regrets d’avoir suivi mon barbu dans cette aventure. Je suis une indécrottable sentimentale et c’est encore pire si on me prend par les sentiments.
Puis c’est la fin. Le groupe salue longuement, remercie tout aussi longuement et part de la scène aussi furtivement qu’il était entré 2h30 auparavant. Les lumières se rallument violemment et assassinent tout espoir de voir le groupe revenir pour un second rappel. Les fans sont aux anges, ils ont tous les yeux qui brillent et je suis triste de ne pas partager cet enthousiasme. The Carpet Crawlers, oui, mais ça ne peut rattraper les sons de clavier de Banks, ça ne peut sauver le long passage variétoche tant redouté. Ça peut juste me donner l’impression d’avoir quand même ressenti un peu de plaisir, ce qui n’est déjà pas mal…
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