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mercredi 15 avril 2015
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par Fino le 1er avril 2008
Paru en novembre 2007 (Fierce Panda)
Auteur jusqu’à présent d’une œuvre décalée comme peut l’être une production nordique et classe derrière son esthétique soignée, mais aussi et surtout dénuée du moindre faux pas, le duo danois, après une excellente ouverture à une fausse pop sucrée à l’occasion de leur second L.P., s’est donné le temps. Deux ans après le remarqué Pretty In Black, Sharin Foo et Sune Rose Wagner ont remis dans leur valise chant faussement naïf et épais son noisy, le tout étoffé, derrière de faux accents primitifs, d’une production qui continue de se peaufiner avec l’âge.
The Raveonettes poursuivent leur série expérimentant le croisement entre inspirateurs de la pop yéyé fleurant bon le rétro et murs de guitares aux accents shoegaze du Jesus And Mary Chain revenus à la mode ces dernières années. Lust Lust Lust, programme dans la droite lignée des premiers opus, présente le même soin apporté à des mélodies délicieusement sucrées sur lesquelles viennent s’imprimer voix enfantines et paroles bien loin de l’innocence. Ce mélange cynique à l’exquis capte l’attention, fait admirer chaque détail soigneusement mesuré, calibré, porté très exactement au moment opportun.
Aly, Walk With Me ouvre la porte sur les sombres débuts du groupe, Chain Gang Of Love en tête, dans un minimalisme qui prend une densité devenue marque de fabrique du duo. C’est pourtant là une porte en trompe-l’œil : l’album, à partir de Hallucinations, va se parer de quelques attributs mélodiques qui lui permettront ensuite, progressivement, de lentement s’élever en un épais nuage de fumée de plus en plus abstrait.
A partir de cette deuxième piste, au brouhaha sonique vient s’ajouter une guitare perceptible qui allège (de façon très relative) le tout. Une attention particulière a été apportée aux percussions, qui portent quasiment à elles seules la lourde tâche de doter ce nouvel album d’une identité. Scandaleusement eighties tendance Blondie sur Hallucinations, elles se font hésitantes, jettent un œil côté rock’n’roll pour poser une botte sur le versant industriel le plus austère à l’occasion (Black Satin et sa désespérante régularité, Expelled From Love et son ambiance de forge mécanisée).
Parfaitement à l’aise dans leur jardin, The Raveonettes, on s’en rend compte alors que les écoutes s’accumulent et se fondent, enfilent les perles avec une précision de chirurgien, en dépit de cet aspect nuageux troublé. Certes, Lust Lust Lust aime à se promener uniquement entre pop au miel et noisy minimaliste, mais chaque centimètre de cette admirable corde est exploité. You Want The Candy représente certainement l’ambassadeur le plus représentatif de cet étrange hybride qui fait immédiatement mouche. Voix et petite guitare rythmique enchantent les couplets de couleurs kitchs, le tout atomisé par un mur sonore et souillé par des paroles dans la droite lignée de l’œuvre de bon nombre de bluesmen lubriques et de Lou Reed (« I know that you want the candy… » répété à l’envi).
Très similaires aux précédents essais, Lust Lust Lust, à mesure que s’enchaînent les écoutes, diverge indubitablement du « trop similaire ». Le groupe a trouvé une formule, maîtrisée sur le bout de la pédale, qui éveille la curiosité et agite furieusement alors que tremblent les enceintes. Qui leur reprocherait de s’appliquer à la perfectionner ?
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