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mercredi 15 avril 2015
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par one minute in the dream world le 15 mars 2010
22 mars 2010 (Africantape)
Projet de Charlie Looker, l’un des chanteurs/guitaristes/compositeurs les plus respectés de l’underground expérimental New-Yorkais, qui fut amené à collaborer avec, entre autres, Glenn Branca ou Dirty Projectors, et fit partie de Zs, défini comme étant "a legendary brutal chamber ensemble", Extra Life expose les penchants les plus loufoques et exigeants du bonhomme. En huit titres indomptables, si ce n’est au prix d’un effort d’écoute très poussé, il livre un œuvre essentielle, personnelle, insaisissable aussi, et l’on sent que le groupe (Looker s’attache les services de quatre musiciens, claviers, violons et sax ténor venant amplifier le côté inclassable de l’album décrit ici) a tourné avec des formations telles que Sunn 0))), Sonic Youth ou My Bloody Valentine.
Le premier morceau, Voluptuous Life, met en scène un chant...à la System Of A Down, ou pas éloigné, autour duquel tourbillonne une instrumentation agitée, cosmique par le biais de claviers très présents. Court et changeant dans ses humeurs, ce titre préfigure ce que sera le contenu de Made Flesh, The Ladder, chanson suivante, creusant, de façon plus insistante encore, cette orientation délibérément inqualifiable. Un climat sombre, malmené par de brusques excès de colère instrumentaux, la voix restant elle uniforme et intrigante, caractérise ce second essai. Et l’ "inclassabilité" du rendu pousserait presque à l’auditeur au renoncement tant il s’avère difficile de s’y retrouver dans ces échappées tordues et peu accessibles.
La dextérité du quintet est heureusement de taille et dès lors que l’on se familiarise avec ce disque, on y décèle de superbes choses, comme Made Flesh, massif mais fin dans sa construction, que le violon de Caley Monahon-Ward enjolive et balafre, dans le même temps, ou ce One Of Your Whores posé, magnifique. De nombreux éléments issus de courants divers (folk médiéval, rock sombre, psychédélisme destructuré) s’associent au gré des envies de Looker et ses collègues de déviance, et Easter, le titre qui suit, illustre bien cet enchevêtrement incroyable, et pourtant cohérent, de styles et d’ambiances. Des bourrasques brèves et déjantées, approfondies par le sax de Travis Laplante, liées au chant moyenâgeux du "chef de cérémonie", font de la plupart des titres de Made Flesh des réalisations dignes d’intérêt, dignes aussi, par leur insoumission, du ras-le-bol de tout amateur non-averti, qui trouvera cependant dans le superbe Black Hoodie, à la trame folk pure et relativement accessible, un peu de répit et une belle alternative à cette déferlante de sonorités inédites. Puis Head Shrinker, de teneur assez similaire quoiqu’un peu plus vivace, confirmera cette éclaircie dont on se rend compte qu’outre sa magnificence, elle n’apporte que plus de valeur encore à l’œuvre d’Extra Life.
Ces derniers imposant, sur ce The Body Is True de plus de dix minutes auquel incombe la tâche de clore les débats, un enrobage sonore épais, bardé de sons uniques, ingénieux. Sur ce titre lourd et lancinant, aussi insubordonné et imprévisible dans ses humeurs que ceux qui le précèdent, Extra Life semble asséner à son auditoire, maintenant acclimaté à sa démarche pour le moins décalée, le coup de grâce, si l’on peut dire, sous la forme de cette pièce simultanément malsaine et d’une étrange beauté, pervertie par ces coups de boutoirs sonores dont le quintet a le secret. Et l’on se retrouve, à l’arrivée et dans un premier temps, désemparé, pour finalement, encouragé ou découragé par l’attitude barrée des Américains, venir à bout de ce Made Flesh exigeant et en saisir petit à petit toute la sève et la profondeur. Ou, dans le cas contraire, le ranger définitivement pour ne plus le ressortir...ou le réécouter ultérieurement avec, dans ce cas, de grandes chances d’y trouver, à tête reposée, de superbes choses.
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