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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 17 octobre 2006
paru en avril 2004 (Prikosnovénie)
Depuis un certain temps déjà, les musiques populaires (comprendre : qui sont diffusées sur les ondes radio) sont ficelées par ce que l’on pourrait appeler des tâcherons. Ou peut-être devrions nous parler de produits surgelés, mais on sait bien que les étiquettes ont la vie dure. Des noms connus, toujours les mêmes, qui à force de se rencontrer finissent par afficher une complicité à peine déguisée de combats de coqs.
Que l’on se rassure, on peut très bien se passer de tous ces artifices médiatiques et se réfugier dans l’univers d’autres musiques. À tous ceux que plus rien n’étonne, une rapide écoute de Magic pourrait ainsi leur être conseillée. Pour cela, nous attendrons que le ciel soit propice, car la musique est comme une tempête de neige au mois de juin, insaisissable et lumineuse ; comme un détour en Ukraine, ce qui ne doit pas arriver souvent dans la vie de tout un chacun. Il faut dire que l’actualité musicale là-bas n’y est peut-être plus aussi bouillonnante qu’il y a quelques années. Moins spectaculaire, plus « souterraine » sûrement, la musique slave n’en poursuit pas moins sa marche et sa progression : les expériences se diversifient sans pour autant se nier mutuellement.
Pour ce sublime et deuxième album de la troupe des Carpates, il convient d’aborder la musique de la façon la plus simple qui soit, c’est-à-dire plonger à l’intérieur du son et déceler aisément une écriture à la fois simple et audacieuse mais qui se situe dans la suite logique d’un premier album de très haute facture. Formalin, Medaillion, The String (qui pourrait évoquer le Act Of The Apostle II de Belle And Sebastian), Russian Roulette, tous ces morceaux sont fort joliment interprétés, avec une vigoureuse douceur. Les mélodies que chantent Olga Pulatova et Elena Voynarovskaya se chevauchent, coulent et se brisent (montrant bien que depuis de nombreuses décennies, les musiques pop et folk s’entremêlent plus que jamais) tandis que les instrumentations à vent et les scintillants motifs de flûte caressent les sens et effleurent les tympans, un peu comme le firent en leur temps Cocteau Twins.
La musique de Flëur se consume comme le feu dans une réalité faite des espoirs et des peurs inhérents à toutes formes d’existence. En plus de cela, il y a fort à parier que très peu de groupes se paient le luxe de chanter en ukrainien sur des titres anglophones. Flëur, avec l’avenir duquel on est désormais en droit d’être exigeant, marque non pas un tournant mais le désir et la possibilité d’un tournant radical dans la façon d’être exposée la musique dite slave. Le tout fait de telle sorte que ces morceaux soient immédiatement familiers, même à l’auditeur le plus sectaire. Il pleut sur Paris.
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