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mercredi 15 avril 2015
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par Sylvain Golvet le 10 août 2009
paru le 5 décembre 2006 (Greed Recordings)
Indie, Indie, Indie. Non, je ne réclame pas le retour du héros au fouet pourfendeur de nazis, qui reviendra d’ailleurs de lui-même sans notre aide, mais plutôt d’une chose qu’on ne peut nier avec les Cornflakes Heroes, c’est qu’ils sont indie jusqu’au bout des cordes. Les trois garçons et une fille ont beau aligner une liste impressionnante d’influence sur leur Myspace, naviguant entre le Wu-Tang Clan, Serge Gainsbourg ou Thelonious Monk pour ne citer que les plus extrêmes, ils n’en demeurent pas moins les héritiers noise-pop de Pavement et de Sonic Youth (je vous rassure, ceux-là sont aussi dans la liste). C’est donc avec la panoplie adéquate que les caennais débarquent avec ce premier album : nom de groupe ironique, qui fleure bon l’autodépréciation et l’autodérision, pochette aux dessins étranges et enfantins. Et on peut aussi compter sur l’indispensable autoproduction au son lo-fi mais pas trop, le tout avec barbe comprise. Vu comme ça, c’est une description un peu rude pour un groupe qui se voudrait original. Et ce serait surtout injustifié. Surtout que seul le chanteur porte la barbe.
Faisons donc taire les clichés et concentrons-nous sur ce que le groupe a à nous offrir, c’est-à-dire douze chansons, variées et cohérentes, jamais ennuyeuses. Ça commence plutôt pas mal avec Bible Belt et ses velléités anticléricales. « Take off my belt / My bible belt » nous clame-t-on avec un certain sens de la formule, tel cet Off With Your Heads ! qui sert de titre à l’ouvrage, nous invitant à laisser parler le corps, mais aussi à nous décapiter ! Ne leur en déplaise, la suite parle autant à nos guibolles qu’à notre matière grise. Du coup, ça rocke, ça folke à droite et à gauche dans un dosage plutôt bien réparti.
Clairement, la voix de Thomas, chanteur-guitariste a le même timbre chevrotant qui ne s’embarrasse pas de justesse, que l’un des frères Herman Düne. Une influence qu’on retrouve aussi musicalement dans certains passages folk, tels Good For Nothing (auto dépréciation, je vous le disais bien) ou Overcome. Des morceaux qui savent se faire plus calmes, plus suaves, voire franchement pop, comme cet hymne-comptine à chanter autour du feu High-Heels On The Beach, lorgnant vers les Garçons de Plage qui seraient accompagnés d’une chorale approximative. Prompt à souligner avec humour les travers de notre société de consommation et de paraître, l’amusant Behaviour Lessons débute sur une conversation téléphonique des plus courtoise dans le plus pur style propagande fifties. Il arrive aussi que la féminité parle au gré du chant délicat de Claire alias la bassiste.
Parsemé de chansons malignes aux mélodies efficaces, Cornflakes Heroes est à son meilleur quand il laisse parler les guitares, que ce soit dans un dialogue entre deux manches ou quand les six-cordes vrombissent dans un pur esprit sonic-youthesque, qu’elles font parler les accords qui partent en vrille et qu’elles s’allient pour faire parler toute leur puissance vicieuse et faire remuer la tête (Lifeline).. Le groupe alourdit même le propos avec le massif Frozen Water, qui termine l’album à la frontière du metal, avec son plombé et solo de guitare.
Sans transcender le genre, Cornflakes Heroes se tire honorablement de l’épreuve du premier album autoproduit. Capable d’une bonne variété d’ambiance et malgré quelques apporximations, le groupe gagnera sûrement à l’avenir en puissance sonore et en qualité d’écriture et surtout en singularité, mais il n’est jamais trop tard pour les soutenir en achetant ce disque et en allant les voir en concert à défaut de pouvoir voter pour eux par SMS en prime time.
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