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Hearts And Unicorns

Hearts And Unicorns

Giant Drag

par Kris le 14 novembre 2006

4

paru le 30 octobre 2006 (Interscope)

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Un gars, une fille. Telle est la configuration des Américains de Giant Drag. Soyons galants, tout d’abord une fille, Annie Hardy, un prénom et un nom qui font écho en France. Brin de fille en herbe, look anti-rockeuse au possible, Annie est une Lolita de Nabokov, une Melody de Gainsbourg. Mutine, mijorée, voix nasillarde, blonde à la peau pâle, visage fin aux traits mono-expressifs, Annie est pourtant une guitariste fatale et une chanteuse rock parfaite. À la base du groupe Giant Drag, Annie a su s’entourer d’un complément multi-tâches en la personne de Micah Calabrese, impressionnant, jouant en même temps de la batterie et du clavier.

Giant Drag joue du rock. Et du bon. Axé principalement sur le chant vénéneux d’Annie et mis en exergue par le jeu déterminé mais libre de Micah, le duo tient parfaitement la route et défend une certaine idée du rock’n’roll. Sous très haute influence My Bloody Valentine mais sans les guitares fuzz, The Pixies mais sans évidente capacité d’engouement, et formé comme The Kills mais la perversité rock en moins, Giant Drag se mue donc sur ce second album Hearts And Unicorns en duo rock prometteur. Très grunge dans l’attitude mais très shoegazing dans leur musique, Giant Drag parvient à montrer sous certains angles les grands moments du rock indépendant de la fin des années 80 avant l’avènement Nirvana. Très instinctif et très corrosif, l’électricité biaisé et la voix insidieuse font de titres comme This Isn’t It des magnifiques réquisitoires contre la mort annoncée du rock à guitare.

Sur scène, Giant Drag se suffit à sa propre musique et la fausse nonchalance d’Annie n’entâche en rien sa musicalité sauvageonne, son aggresivité passive. Elle mord de sa voix atypique et attaque de ses riffs langoureux. Giant Drag privilégie les mises en place d’ambiances feutrées, des couches progressives de mélodies qui s’effeuillent tout du long. Niveau songwriting, la jeune Annie, qui écrit toutes les chansons, a l’humour fin. À en voir les titres des chansons, il semblerait bien que la timide et prude blondinette ne soit justement pas si timie et prude que ça : Kevin Is Gay, My Dick Sux, You’re Full Of Shit. Ca peut suprendre au début. Mais finalement, ce qui ressort de ce Hearts And Unicorns c’est une rage contenue, un rock puissant d’où ressort une mélancolie et une fragilité apparente. Évidente même. Car les guitares ne protègent pas éternellement.



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Tracklisting :
 
1. Kevin Is Gay (3’03")
2. Cordial Invitation (2’59")
3. This Isn’t It (3’03")
4. YFLMD (2’50")
5. Pretty Little Neighbor (3’20")
6. Blunt Picket Fence (2’50")
7. High Friends In Places (3’10")
8. You’re Full Of Shit (Check Out My Sweet Riffs)(2’46")
9. Everything’s Worse (2’59")
10. My Dick Sux (3’48")
11. Smashing (4’11")
12. Slayer (5’00")
 
Durée totale : 39’59"