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mercredi 15 avril 2015
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par Giom le 2 mai 2006
Le début des années 1970 aux États-Unis, on le sait, ne fut pas très joyeux, en témoigne cette protest song écrite par Neil Young sur un sombre épisode de l’ère Nixon.
Dans le genre protest song marquante, Ohio de Crosby, Stills, Nash & Young est assez exemplaire. Ce fameux titre d’un des groupes les plus populaires de la musique américaine du XXème siècle fut écrit par Neil Young et enregistré par le groupe en une journée alors qu’il était en pleine tournée triomphale. Mais que s’est-il donc passé ?
Et bien, les faits sont assez simples, en pleine guerre du Vietnam qui n’en finit pas, les étudiants (toujours les premiers à se révolter, c’est bien connu) américains commencent à faire entendre leur contestation, notamment ceux de la Kent State University dans l’Ohio. Or un jour, le 4 mai 1970 pour être précis, alors qu’une manifestation pacifique se déroule dans l’enceinte de l’université, la garde nationale américaine (donc avec l’assentiment du président des États-Unis, à l’époque le tristement célèbre Richard Nixon) ouvre le feu sur la foule d’étudiants, tuant à cette occasion quatre personnes pacifiques. L’évènement, qui rajoutait encore plus de sang à ce début de décennie, eut un impact important sur le peuple américain et notamment sur Neil Young qui fit stopper la tournée de son groupe pour écrire un morceau enragé contre la politique répressive et meurtrière de Nixon : Ohio.
Les paroles du morceau sont très courtes, une petite dizaine de vers où Young cite directement le président dès la première phrase (« Tin soldiers and Nixon’s coming ») et termine son propos par une question pleine de pathos : « How can you run when you know ? ». Le titre sortira en single à peine 10 jours après la tuerie de la Kent State University pour tout de suite atteindre les sommets des charts américains. Ce titre que Young considère comme sa composition la plus réussie avec Crosby, Stills, Nash & Young lui vaudra une réputation d’artiste engagé qu’il exemplifiera dans l’avenir (malheureusement, pas toujours de façon très convaincante, voir à ce sujet la période nationaliste de Neil Young dans les années 1980).
En tout cas, on peut penser que cette forme de contestation par la musique, que Young n’a pas inventée certes mais qu’il a exemplifiée d’une manière très réussie, inspirera d’autres personnes qui, également traumatisées par le fait d’avoir vécu cet événement de l’intérieur, deviendront ensuite également musiciens. On peut citer par exemple Chrissie Hynde, étudiante à l’époque des faits et qui forma plus tard The Pretenders ou encore Mark Mothersbaugh et Jerry Casale, alors étudiants à la Kent State University et participants à la manifestation en tant que membres d’un mouvement anti-guerre, qui, juste après l’événement formèrent le groupe Devo, dont le nom rappelle la théorie de la « De-evolution », qui affirme la régression progressive de la race humaine. Il est intéressant de signaler que plus tard, les membres de Devo deviendront très proche d’un certain... Neil Young. La boucle est bouclée.
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