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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 25 septembre 2007
paru le 15 octobre 2007 (Anticraft / Prikosnovénie)
Onze H30 est un groupe étrange dont il est aisé de se persuader que beaucoup de gens vont passer à côté de son premier album pour des raisons évidentes. En effet, cette musique est un véritable pied de nez à tous ceux qui se contentent du surplace. Le groupe se nomme Onze H30, et ce n’est pas pour rien : cela permet à l’auditeur de l’écouter durant la dernière demi-heure de la journée ou de la matinée, avant qu’il ne doive changer d’activité, manger ou dormir. Ici, la fantaisie est liée à la conscience. Le groupe offre un art heureux et épanoui. Les thèmes sont construits et coulants. Les ambiances de fêtes foraines qui se trament en fond sonore rappelleront immanquablement les facéties de Blur sur The Great Escape.
Le groupe a su se tirer de l’ornière chanson française et créer une musique assez improbable et difficilement qualifiable ; même si elle sonne parfois comme du Rita Mitsouko décérébré, ce qui est d’ailleurs l’idiome en passe de se généraliser dans ce versant francophone de la musique. Car voilà, Onze H30 tire le signal d’alarme, flirte avec la zone rouge, apparaît par rapport aux productions publiées sur son label comme une singulière déception. Si l’on sauve les apparences, un détail en vérité fait toute la lumière sur l’affaire, à savoir que Clémence Bloch et ses musiciens se retrouvent coincés entre le choix de la langue française dans leurs textes et le parti pris rock atmosphérique. Car tapant dans un prisme aussi large englobant Camille, Yann Tiersen et tant d’autres que l’on attrape une migraine rien que d’y penser, ce disque donne l’impression qu’il est plus facile de réinvestir ses capitaux dans la confection de petits fours crémeux et parfois difficilement digestes. Ce qui est une erreur assurément.
L’impasse sera faite sur la participation d’un cinquième d’Ezekiel sur La Paillasse ainsi que la présence de L’Enfant Maquillé (titre co-écrit par Charles Aznavour) qui semblent n’être que des arguments pas toujours de bon aloi pour attirer l’attention sur un disque. Le disque n’est foncièrement pas mauvais ; il est même très bon. Il manque juste chaleur, émotivité et inspiration : c’est sans doute beaucoup trop pour que ce disque soit totalement recommandé. Combien de musiciens ont été contraints au silence par l’impossibilité de vivre dignement de leur musique ? Le quintette n’en a que faire et joue selon son bon vouloir, ce qui est déjà un excellent gage de sagesse. C’est désormais l’affaire du groupe mais plus la nôtre. Onze H30 ou comment une horlogerie de précision au potentiel performant peut quitter son axe et se retrouver sur le côté.
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