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mercredi 15 avril 2015
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par Frédéric Rieunier le 23 septembre 2008
Attention ! L’écoute de cette chanson favorise la libido. Si Paralyzed était un paquet de cigarette, c’est à coup sûr le genre d’avertissement qu’il mentionnerait. Car la paralysie dont il est ici question n’est pas un engourdissement glacial mais bien la douce indolence que l’on ressent certains après-midi d’été lorsque - soleil et corps découverts aidant - l’inclination naturelle à la recherche de la compagnie d’autrui se manifeste au milieu de ce bienheureux farniente.
Peu après l’ouverture du titre par une flûte nonchalante, la basse empoigne l’auditeur par le ventre, immédiatement suivie d’une guitare à la reverb’ exacerbée (évoquant le son d’un clavecin) et de la voix de Nina Persson. A la fois langoureuse et enveloppante, celle-ci dégage une impression trouble de sensuelle religiosité. Une aura que ne démentent pas les paroles qu’elle fredonne presque plaintivement.
This is where your sanity gives inand love beginsNever lose your gripdon’t tripdon’t fallyou’ll lose it allThe sweetest way to die
Qu’est-ce, en effet, que ce « sweetest way to die », sinon la fameuse petite mort, cette délicieuse agonie qui achève (c’est le mot) la communion sensuelle des amants ? Le paroxysme de la chanson est d’ailleurs atteint lorsque la chanteuse susurre lascivement ces mots. Car, il faut bien l’admettre, le reste de la chanson ne tutoie pas aussi franchement les sommets. Mais nulle jouissance ne se fait sans montée.
Entre chaque refrain, une rythmique aux accents trip-hop et un clavier déguisé en orgue donnent une impression de flux et reflux marin, venant doucement effleurer les oreilles de l’auditeur. Une légère tension est ainsi créée, un climat savamment installé pour l’ascension auditive suivante. Cette progression repose sur la musique, bien plus que sur les paroles, puisque ces dernières ne font pas toujours preuve d’un talent d’écriture des plus aboutis. Une certaine naïveté les caractérise même parfois - bien plus d’ailleurs en raison d’un style un peu trop descriptif, voire répétitif, que d’une quelconque ineptie qui leur serait propre. Le premier couplet du titre le confirme.
It lies deep insideyou can not hideit’s the meanest fireOh, it’s a strange desireyou can not liethat’s a needless fight
Mais, les textes parfois tautologiques de David Bowie l’ont prouvé depuis longtemps, l’essence d’une bonne chanson de rock ne tient pas nécessairement à la sagacité de ses paroles. Et ce serait beaucoup demander que d’attendre de Paralyzed une élévation de l’esprit à l’image du transport des sens qu’elle provoque. Car, convenons-en, faire jouir par trois fois les trompes d’Eustache en l’espace de cinq minutes est déjà une indéniable réussite.
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