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mercredi 15 avril 2015
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par Fino le 6 mars 2006
sorti en 2004 (Sire Records)
Que rugissent les guitares ! A la question « qu’est-ce qu’être rock en 2004 ? », The Von Bondies auraient pu fournir un excellent exemple. Le quatuor (deux garçons et deux filles) de Detroit est hélas mieux connu pour les débordements (d’hémoglobine) de son chanteur Jason Stollsteimer que pour ses deux albums...
L’introduction brute de No Regrets, porte-drapeau de ce second album, Pawn Shoppe Heart, annonce clairement la couleur : guitare âpre surélevée par basse et batterie annonçant l’apocalypse ne sont pas parties pour faire dans la délicatesse. Mais ne nous trompons pas : nous ne sommes pas ici en présence d’un basique hard rock dépourvu de la moindre finesse. En effet, si un certain sens de la mélodie semble poindre dès l’apparition de la voix de Stollsteimer, celui-ci se fait absolument indéniable dès les premières notes de l’excellentissime C’mon C’mon. L’écoute de cette véritable merveille, dont le refrain est repris par les douces voix de Carrie Smith (bassiste à laquelle Charlotte Cooper de The Subways ressemble étrangement) et Marcie Bolen (guitare) devrait tout simplement être obligatoire, et ce dès le plus jeune âge.
La tornade poursuit son travail de dévastation avec la batterie sauvage de Tell Me What You See, chanson dans laquelle l’efficace formule « laissons le chanteur s’énerver, les filles chanteront le refrain » est réutilisée. Mairead, premier morceau de plus de trois minutes, marque (enfin !) une accalmie, bien que hanté par la voix du tourmenté Jason « si vous cherchez mes dents demandez à Jack White » Stollsteimer. Mais Marcie Bolen, qui doit avoir bien du mal à contenir sa guitare plus de douze secondes, y met un terme brutal avec l’introduction tonitruante du Not That Social dont elle assure le chant. Deuxième perle de l’album, Crawl Through The Darkness et son refrain martelé redonnent de l’énergie à un album qui n’avait guère besoin de ce surplus. Cette coupable (mais pourtant excellente) baisse de tension qu’était Mairead doit être balayée ! The Fever enfonce le clou au marteau-piqueur Von Bondies. Les quatre ex-compagnons du leader des White Stripes ont une capacité à produire des chansons qui détruiraient un mur de béton armé absolument prodigieuse, et ils tiennent à le montrer, à le remontrer, et à nous l’enfoncer dans le crâne par les oreilles.
Première (et unique) fausse note, Right Of Way sera rapidement enterrée par un Poison Ivy dont les premières notes saturées préfigurent la froide violence de l’éponyme Pawn Shoppe Heart. Alors que l’on croit l’album achevé, les cris reprennent dans une déchirante piste cachée, derrière laquelle on sent les influences de The Jam et Marc Bolan, atrocement merveilleuse. C’est lorsque que cette lente complainte s’achève que l’on se rend compte qu’il est regrettable que The Von Bondies aient disparu depuis deux ans. Si le quatuor du Michigan n’est certainement pas la sensation du nouveau millénaire, le groupe sait ce dont il est capable, et le fait merveilleusement bien.
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