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mercredi 15 avril 2015
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par one minute in the dream world le 23 juin 2009
Paru en 2004 (Crash Disques)
Sorti après un Still Hungry et un IABF déjà considérés, à juste titre, comme des classiques, As Happy As Possible exploite l’éclectisme du second, le pousse à son paroxysme tout en restant dans la lignée Thugs, c’est à dire varié et régulièrement inspiré, mais aussi, et surtout, pluriel au niveau des styles abordés.
Ici, les angevins optent pour des sonorités pop-rock, punk-rock, voire shoegaze (Horror Toys), ou encore noise (Biking) et nous servent leur cargaison habituelle de classiques liés à ces genres. Ce faisant, ils restent cohérents, ne se dispersant que pour mieux asseoir leur démarche, pour imbriquer et associer au mieux des morceaux dont le contenu hétéroclite a pour dénominateur commun une qualité énorme et jamais en berne.
Avec As Happy As, à la fois soigné et appuyé, en ouverture, les Thugs introduisent de la meilleure des façons un disque que je considère pour ma part comme étant le plus fourni, le plus abouti aussi, de leur discographie. Tout est déjà là : guitares franches, efficaces quel que soit leur registre d’appartenance, rythme alerte, chœurs "made in Thugs" et mélodies noyées dans le maëlstrom sonore captivant de la bande des frères Sourice.
Suite à ce titre idéal, le groupe poursuit son bonhomme de chemin et parcourt les landes punk-rock (Papapapa) pour ensuite creuser le sillon d’un rock brut et fonceur (Admen, August), imposant ensuite de superbes mélodies sur Dreamers’ Song et ses guitares quasiment pop. Et sur Flags, il réalise l’amalgame parfait des styles parcourus.
Au vu de la qualité affichée, ils pourraient s’en tenir à cette dizaine de titres, suffisante à s’imposer. Mais chez les Thugs, qualité rime avec quantité et l’excellentissime instrumental Monkey 58 Strings Sonics Fly enfonce le clou, aidé en cela par You Wanna Die et cette pop-rock passée à la moulinette Thugs et speedée par la frappe colossale de Christophe. C’est aussi le cas de Looking In Your Eyes, rapide et doté de mélodies que les protégés de Kurt Bloch parviennent à mettre en valeur en leur donnant de la vitesse tout en les ornant de chœurs mémorables. Puis c’est une pop légèrement teintée shoegaze qui est mise à l’honneur sur Desert Days. Les Thugs réalisent donc là un véritable festival, jonglant avec les styles et les tempos avec l’aisance des plus grands, à la liste desquels il faut désormais les associer étroitement.
Du côté des bonus, ils surprennent en proposant une version live, à la radio, de Papapapa, acoustique et pourtant quasiment aussi intense que l’original dans cette version dépouillée et plus posée. Arrive ensuite un inédit dans la lignée punk-rock des Thugs : There’s So Many Lies, enregistré sous la houlette de Gilles Théolier, nouveau et énième manifeste "maison", puis c’est le massif et plus lent Road closed, live à Saint-Etienne, qui conclut avec force chœurs et guitares incandescentes.
As Happy As Possible, voilà ce que les Thugs, en chantant le désabus avec un talent fou, en le mettant en son avec fougue et maitrise, avec une certaine sensibilité pop aussi, nous permettent finalement d’être. Là se trouve la marque des meilleurs, de ceux dont quelques morceaux, et à plus forte raison un album dans son intégralité, suscitent notre passion, réveillent nos envies de révolte et, par là-même, nous permettent de relever la tête et d’envisager le quotidien sous un autre aspect, avec d’autres perspectives.
Indispensable, tout simplement.
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