Sur nos étagères
En Public

En Public

Noir Désir

par Fran le 6 décembre 2005

4

sorti le 19 septembre 2005 (Barclay/Universal)

Diminuer la taille du texte Augmenter la taille du texte Imprimer l'article Envoyer l'article par mail

Pendant une dizaine d’années, Noir Désir domina sans partage la scène rock française en lui offrant ses lettres de noblesse et lui proposant une ligne de conduite exemplaire. Loin des pastiches sixties et du rock adolescent de Téléphone, Noir Désir produit un rock intelligent, adulte, réussissant mieux que tout autre le mariage entre sonorités anglo-saxonnes et chansons à textes "à la française". Que de chemins parcourus depuis les premiers soubresauts du groupe bordelais : errances lyriques et épiques, impétuosité punk, rock engagé et plénitude artistique. "Tout est là"... ou presque.

Alors que beaucoup d’albums live ne suscitent que peu d’intérêt -n’étant après tout qu’une bonne formule pour prolonger ou provoquer de nouvelles rentrées d’argent- celui-ci mérite qu’on s’y attarde. D’abord, parce que Noir Désir est l’un de ces groupes qui "se fait" sur scène (plus qu’en studio) au gré des diverses rencontres, voyages et autres corrections journalières. De plus, le groupe a sorti en 2001 l’excellent Des Visages Des Figures qui amorçait un envol vers de nouveaux horizons musicaux, plus riches et variés que la simple sphère "rock" proprement dite. Enfin, parce que Noir Désir est l’un de ces groupes rares qui se donne sur scène à 110%, brûlant toutes les énergies. Tous ceux qui les ont vu vous le diront, il s’agit de moments inoubliables et chargés d’émotions. Un témoignage audio ne pourra jamais révéler tout cela mais il peut au moins essayer.

La tournée Des Visages Des Figures s’est jouée à guichets fermés et c’est l’intégralité des quelques 60 concerts qui a été enregistrée pour réaliser cet album. Le son est donc à la hauteur des espérances tout au long de ces 24 titres. Pour preuve du perfectionnisme de ce groupe, le titre d’ouverture Si Rien Ne Bouge qui adopte un caractère psychédélique et qui n’a plus grand chose à voir avec la sobre version acoustique présentée sur l’album Du Ciment Sous Les Plaines (1990). Il en va de même sur Septembre En Attendant ou sur les 8 minutes et 26 secondes de One Trip One Noise affublé d’un beat disco et propice à tous les délires suscités par Cantat qui rappelle inévitablement les célébrations du Lizard californien. Les samples de Perruchi font merveille (A l’Envers A l’Endroit, Le Fleuve, Ernestine), et les morceaux sont constamment réinventés, révélant d’autres émotions, d’autres frissons... La voix de Cantat sublime le tout bien-sûr et met en lumière l’étendue de sa potentialité : le flow rappé puis empressé de l’Homme Pressé, les trémolos de Le Vent Nous Portera, le chant guttural de Les Ecorchés ou encore Des Armes qui désarme... bien évidemment. L’ensemble est cohérent et les climats éthérés cèdent parfois la place à des titres dont la fureur est immuable : La Chaleur, Lazy, A l’Arrière Des Taxis. Les choix effectués donnent un large aperçu du répertoire de Noir Désir même si l’on peut regretter l’absence des classiques En Route Pour La Joie, Marlène et Un Jour En France. En guise de consolation, le groupe nous gratifie de deux reprises surprenantes (21st Century Schizoïd Man de King Crimson, plus agressif que progressif, et Ces Gens Là de Jacques Brel) ainsi qu’une mise en musique terrifiante d’un texte du poète hongrois Jozsef Attila (Ce N’est Pas Moi Qui Clame).

Les Bordelais nous offrent un témoignage plus que réussi d’un groupe à son apogée, saisi dans une période d’intense créativité. Si la pochette est très belle -lisse et soyeuse- on peut néanmoins reprocher le manque d’attention accordée au reste du coffret qui ne fait pas mention de la provenance de chaque enregistrement et qui renferme, perdu dans un flou artistique, un livret de 52 pages de photos très dispensable. Mais cette fausse note n’est rien comparée à la qualité sonore de l’objet. A l’inverse de Dies Irae -où les prestations du groupe sont couvertes par l’enthousiasme exacerbé du public- l’assistance est ici plus attentive, ne laissant exploser son contentement qu’à la fin des chansons. Un peu comme si le public de Noir Désir avait grandi en même temps que sa musique...



Répondre à cet article

modération a priori

Attention, votre message n'apparaîtra qu'après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?
Ajoutez votre commentaire ici
  • Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom



Tracklisting :
 
Disque 1 :
 
01. Si Rien Ne Bouge (7’46")
02. Septembre En Attendant (5’19")
03. One Trip One Noise (8’26")
04. A l’Envers A l’Endroit (3’41")
05. Les Ecorchés (3’20")
06. Le Grand Incendie (7’07")
07. Le Fleuve (8’38")
08. La Chaleur (3’44")
09. Des Armes (3’47")
10. Ernestine (4’57")
11. Tostaky (5’32")
12. Lazy (7’30")
 
Durée totale : 69’53"
 
Disque 2 :
 
01. Pyromane (5’12")
02. A l’Arrière Des Taxis (5’42")
03. Lolita Nie En Bloc (3’57")
04. L’Homme Pressé (3’54")
05. Des Visages Des Figures (7’14")
06. Bouquet De Nerfs (3’55")
07. Le Vent Nous Portera (5’12")
08. 21st Century Schizoid Man (5’44")
09. Ces Gens Là (6’14")
10. Comme Elle Vient (4’35")
11. A Ton Etoile (6’20")
12. Ce N’est Pas Moi Qui Clame (9’43")
 
Durée totale : 67’11"

Article écrit par Fran