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par Psychedd le 10 janvier 2006
publié en 1993, collection Fluide Glacial, éditions Audie.
Que se passe-t-il quand trois fans de rock se rencontrent ? De nombreuses réponses possibles (ils font une belote, ils boivent un coup, ils se font des câlins et tant d’autres choses...), mais choisissons l’option suivante : ils causent musique.
Imaginez maintenant qu’il y ait dans le lot deux dessinateurs et un journaliste, le pinceau et la plume qui se mélangent pour le plus grand plaisir de nos yeux et de nos muscles zygomatiques.
Recueil de planches parues entre 1975 et 1978 dans Fluide Glacial, Pop & Rock & Colégram est un véritable régal visuel. Jean Solé, dessinateur en chef de l’aventure est coutumier du fait, puisque déjà dans le journal Pilote, ses talents de caricaturiste étaient utilisés, certaines fois pour parler musique (tiens donc !). Et ce monsieur a un sacré coup de crayon, seul un aveugle ne pourrait reconnaître ceux qu’il dessine. C’en est écœurant de talent, du boulot à vous rendre jaloux...
A ses côtés, le maître des texte est Alain Dister, qui non content de s’être trouvé aux États-Unis en plein mouvement psychédélique, est aussi journaliste à Rock & Folk à l’époque où sont créées ces différentes pages et a pas mal d’humour à revendre et de connaissances à partager. Son rôle ici, traduire les chansons illustrées par Solé et nous faire marrer en écrivant des bêtises (lire sa définition du rock, c’est quelque chose !)
Et puis, à ce joyeux duo vient s’ajouter Marcel Gotlib, chargé de parrainer le tout et de faire le « trouboucheur » de service, ce qui, il faut bien l’avouer, est un rôle qui lui va à merveille. En même temps, vu le foisonnement de détails dans les dessins de Solé, on se demande où il a pu trouver des espaces vides !
Forcément, l’ensemble, déjà dense à l’origine, se transforme carrément en bordel sans nom où ça fuse dans tous les sens et où il serait presque sacrilège de zapper les petits détails évoqués plus hauts (détails importants pour une meilleure rigolade si vous voulez mon avis...).
Et c’est là que ça se corse, il y en a tellement partout que l’on peut facilement passer plus d’une heure à lire toute cette B.D pourtant pas bien épaisse. Et ce n’est pas seulement parce qu’il y en a des tonnes à voir. Non, on peut toujours la relire plus tard et y passer autant de temps parce que l’on a encore découvert quelque chose. Et puis surtout, il ne faut pas bouder le facteur plaisir, un plaisir à prolonger encore et encore. Si en plus on est également un fan de rock, on ne pourra que se délecter de la diversité et de la qualité de ces planches et des choix des auteurs...
On commence par des Beatles lubriques et l’hommage aux femmes de leurs chansons et l’on finit par du disco tout aussi lubrique... Et au milieu ? De tout (bien que le style pour baba chevelu soit bien représenté) : Genesis, Pink Floyd, The Who, Magma, Zappa, du rock celtique, du punk (que Gotlib semble avoir du mal à digérer...) et tant d’autres réjouissances. Et à chaque fois, le même constat : c’est du n’importe quoi et il ne faut pas compter sur les auteurs pour amener une explication digne de ce nom à des morceaux particulièrement barrés à l’origine (Get’em Out By Friday de Genesis en tête), si bien qu’il est parfois dur de comprendre où ils veulent en venir (un conseil : relire 25 fois la planche sur Magma, la traduction du kobaïen selon les auteurs est un travail fastidieux, mais faisable).
Mais quel plus bel hommage au rock que de se foutre ouvertement de sa gueule ?
Se foutre de sa gueule oui, mais avec respect s’il vous plaît ! Car c’est ici une preuve d’amour. De l’amour pour un mode d’expression, de l’amour pour un mode de vie, de l’amour pur et simple pour une musique qui arrive à traverser les époques sans trop de heurts. Vraiment le genre d’hommage que l’on aimerait voir plus souvent : Fun, fun, fun...
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