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par Parano le 26 août 2008
Le Pukkelpop est un bon festival. Sept scènes, une centaine de groupes sur trois jours, des noms prestigieux (The Killers, Metallica, Bloc Party…), un public sympa, et une bière très convenable (Belgique oblige). C’est moins loin que Roskilde, moins violent que Reading, moins poussiéreux que Dour, moins paumé que Belfort. Je ne parle même pas de Rock en Seine, pour éviter de froisser Jean Paul Huchon, toujours impeccable dans son costume gris.
Direction Kiewitt, donc, pour une seule journée. La foule s’étale sur un terrain immense, et on déambule d’une scène à l’autre, sans se laisser distraire par les pin-up Coca Cola ou les éphèbes en converse, selon que l’on soit hétéro, homo, bi , ou juste bourré. On passe l’oreille sous le chapiteau qui accueille The Dø. Bonne pioche. Le trio s’attire vite les faveurs du public, avec son rock lounge vitaminé, beaucoup plus pêchu que sur l’album, mais toujours aussi frais. Miss Olivia pose sa voix gracile sur des guitares minimalistes, et mister Dan assure un groove impeccable, soutenu par un batteur exceptionnel. Une bonne surprise.
Place ensuite à Volbeat, qui ravit les fans de métal crétin, et fait fuir les autres. Circulez, il n’y a rien à voir. Un peu plus loin, Cold War Kids a investi la scène principale. Si vous ne connaissez pas, inutile de chercher, ce combo est aussi insipide qu’un œuf Kinder. Rock sucré pour faire le plein d’énergie. Un truc de gamin(e). On se réfugie sous le premier chapiteau venu, et, boum, voila Foals, un groupe dance punk estampillé Sub Pop. Ça commence doucement. Guitare, puis batterie, puis basse, et puis ça monte, ça monte… ça continue de monter, comme la mayonnaise de mémé, ça enfle comme Akira, et on se demande quand va se produire l’explosion. Mais il ne se passe rien. Le concert s’étire comme une longue intro et on finit par se lasser. Une musique pour éjaculateur précoce. Retour sur la scène principale, pour accueillir les Stereophonics. Grosse machine bien huilée, brit-pop flamboyante, implacable et chiante comme la rédaction du premier de la classe. On regarde le nabot Kelly Jones s’époumoner derrière son énorme guitare, et on commence à regretter les frères Gallagher. C’est dire.
L’ennui commence à poindre. Le Pukkelpop nous a habitué à mieux. The Futureheads vont-ils redresser la barre, avec leur raffiot pop punk ? Même pas. On dirait les Clash, en (beaucoup) moins bien. Alors, trop vieux ? Blasé ? On se précipite sous le chapiteau où sont attendus les Breeders. L’Amérique des 90’s revient en force, mais on espère pas vraiment de miracle. Et pourtant, il se produit. Les sœurs Deal plaisantent, plus cool que Fonzy, avant de balancer leur rock indé haut de gamme, à la face d’une foule extatique. Le talent est là, évident, mais la puissance est également de la partie, et ça, on s’y attendait moins. Un excellent come back, qui souligne cruellement les faiblesses de la scène rock actuelle.
On est encore sous le charme de Kim Deal (qui ressemble de plus en plus à un vieil indien obèse), lorsque Meshuggah entame son set : Metal brutal joué au marteau piqueur par de sombres vickings, éructant leur dégoût de l’humanité. Voila une musique qui ne manque pas d’impact, mais qui perd beaucoup de sa force sur scène. Difficile de reproduire le mur du son bâti pierre par pierre en studio.
Finalement, on rejoint les 57 000 festivaliers qui poireautent devant la scène principale. Personne ne veut louper les stars de la journées : Metallica. Déjà une demi heure de retard sur le programme, mais on s’en fout, le groupe est tête d’affiche. Une musique d’Ennio Morricone (Ecstasy of Gold ?) bat le rappel, les lumiéres s’affolent, et les voila. Ça démarre pied au plancher, c’est plus carré que Cube (le film), et c’est très spectaculaire. Pas de doute, nous voila en présence du dernier grand groupe de métal. Les fans de la première heure sont sans doute largués par leur heavy rock protéiforme, ou les prouesses du nouveau bassiste, l’excellent Trujillo, mais c’est sans aucun doute cette richesse qui permet à Metallica de rester au sommet. Il suffit de penser à AC/DC pour comprendre que la théorie de l’évolution s’applique aussi au rock. Après deux heures de show intégral, on quitte le Pukkelpop en songeant que, cette année, se sont les femmes et les vieux qui ont fait la loi. Réjouissant, non ?
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