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mercredi 15 avril 2015
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par Tami le 6 décembre 2005
Loudon Wainwright et Kate McGarrigle peuvent être fiers de leurs progénitures. Leur fils, Rufus Wainwright a réussi à se faire un prénom dans le milieu musical. A tout juste 32 ans, le chanteur pop folk a déjà une belle discographie derrière lui. Sa petite sœur de 28 ans, Martha Wainwright, n’a sorti son premier album que cette année, après avoir longtemps assuré les chœurs sur les morceaux de son frère.
La grande et jolie Martha Wainwright assure la première partie du concert de ce soir. Avec ses compositions folks, elle démontre qu’elle aussi a une belle voix et que Rufus n’a pas reçu tous les gènes de talent de la famille Wainwright... Cependant son set est un peu trop propre et trop polisson. Il manque cruellement de fantaisie et de compositions plus personnelles. Nous retiendrons tout de même les titres Far Away et Bloody Mother Fucking Asshole. Mais un concert de folk, cela ne se refuse pas, surtout en France, où ce genre reste très méconnu. La Canadienne prend le temps de parler dans notre langue entre les chansons et s’excuse pour son français pourtant presque impeccable. Tout comme son frère, elle montre un certain intérêt pour les "vieilles" chansons françaises et termine joliment sa prestation, par une reprise de Barbara avec la chanson Dis-Moi Quand Reviendras-Tu.
Rufus Wainwright entre sur la scène du Casino de Paris, vêtu d’une veste et d’un pantalon noir ainsi que d’un collier en strass. Le songwriter canadien est accompagné de six musiciens (un batteur, un guitariste, un bassiste/contrebassiste, un pianiste et deux choristes, l’une guitariste et l’autre guitariste/violoniste). Rufus débute par Oh What A World, chanson très grandiloquente où il utilise librement "quelques notes" du Boléro de Ravel. Il enchaîne ensuite avec le morceau The One You Love, le titre le plus pop de son dernier album Want Two. « Qu’est ce qui se passe ce soir ? On joue à Paris ? » s’étonne le chanteur. C’est vrai qu’il y a à peine un an, à l’Olympia, alors que sa discographie était déjà bien remplie, Rufus Wainwright était « obligé » d’assurer la première partie des très mièvres Keane, l’accueil était d’ailleurs assez glacial. Mais ce soir, c’est différent, il joue devant son public... Il s’excuse également pour son français, « Martha le parle mieux que moi, mon français ressemble plus à celui de Joséphine Baker » plaisante-il. Rufus Wainwright est un chanteur aux textes et compositions soignées et à la voix délicate. Ceux qui ne connaissent pas l’artiste peuvent facilement cerner le personnage en l’espace de ce seul concert, le jeune homme se met totalement à nu et est très bavard.
La famille est importante pour le songwriter. La chanson Little Sister est bien sûre dédiée à Martha, mais aussi à toutes les femmes qui ont un "older brother", dit-il... Martha le rejoint ensuite sur scène pour interpréter une chanson de Joséphine Baker, Nuits De Miami. Une seconde sœur, Lucy, arrive pour chanter en compagnie de ses deux ainés, One Man Guy, un morceau de Loudon Wainwright, « une chanson de notre père qui est aux cieux... non, en fait, il est aux Etats-Unis », dit Rufus en riant. Inutile de préciser que cette autre sœur a aussi une belle voix. Rufus parle aussi de sa tante entre deux chansons, qui est venue lui rendre visite à Paris et il n’oublie pas d’évoquer sa mère, Kate McGarrigle, en faisant un peu de promotion pour son album de Noël et en reprenant le morceau Spotlight On Christmas.
Une invitée inattendue vient interpréter Leaving For Paris en compagnie de Rufus. Il s’agit de Jane Birkin. Le duo aurait pu être très charmant mais le résultat est vraiment maladroit, la dame ne connaît visiblement pas la chanson et n’est pas du tout dans le rythme. Le chanteur est obligé de porter sa partenaire durant tout le morceau.
Malgré la sensibilité de ses compositions, Rufus Wainwright est loin d’être un artiste fragile et timide... C’est un personnage plutôt sûr de lui et cela se ressent. Il sait qu’il a du talent, il sait que sa voix est parfaite, il est conscient que son charme plait autant aux femmes qu’aux hommes... Il parle sans complexe de son homosexualité et explique l’histoire de Between My Legs (entre mes jambes). Il a écrit cette chanson après avoir eu un coup de foudre pour un jeune et bel homme avec qui, malheureusement, il ne s’est jamais rien passé. Hormis cette anecdote croustillante, le morceau est très oubliable et est en-dessous de ce qu’il nous livre habituellement. Puis, le chanteur continue à dévoiler sa vie au public, il introduit longuement Memphis Skyline, une chanson qu’il a écrite à la suite de sa rencontre avec Jeff Buckley, artiste auquel Rufus a été longtemps comparé. « Je le haïssais », avoue-t-il « j’étais jaloux de ses yeux, de ses cheveux, de son succès ». Le Canadien a eu la chance de rencontrer Jeff Buckley peu avant sa mort et il s’est rendu compte que c’était quelqu’un de vraiment délicat et de très beau.
Après avoir joué plus de vingt titres, vient le morceau Old Whore’s Diet, originellement chanté avec Antony (de Antony And The Johnsons), c’est le bassiste qui joue les « Antony » de substitution et il s’en sort bien. Durant la chanson, Rufus et ses musiciens s’éclipsent, laissant la violoniste jouer seule avec son instrument... Puis, elle se retire à son tour de la scène. Old Whore’s Diet n’étant pas terminée, Rufus et sa troupe reviennent pour finir ce qu’ils ont commencé. Ils sont tous vêtus d’une toge blanche et exécutent une chorégraphie assez surprenante. Ensuite, deux hommes déguisés en soldats romains arrivent avec une croix... Rufus Wainwright endosse le rôle du Christ et vous pouvez aisément deviner la suite... C’est assez osé de s’attaquer à la scène de la crucifixion, surtout sur un morceau intitulé Gay Messiah (Rufus dédie d’ailleurs habituellement cette chanson à Jésus.)
Les spectateurs applaudissent longuement le chanteur et font une standing ovation pour le remercier du beau spectacle qu’il nous a offert ce soir. Rufus Wainwright est rappelé et nous avons la chance d’entendre Hallelujah, une reprise de Leonard Cohen, rendue célèbre par l’interprétation de Jeff Buckley. Malheureusement, le moment n’a pas été aussi magique que prévu. Au lieu de jouer seul au piano, le chanteur est accompagné des deux choristes qui ont un peu « parasité » la prestation (Pour la petite histoire, l’une d’entres-elles, Joan Wasser, était la dernière petite amie de Jeff Buckley avant sa tragique disparition...). Trois morceaux pour un rappel, ce n’est pas suffisant, un second rappel est de rigueur. Le concert se termine finalement sur Cigarettes And Chocolate Milk.
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