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mercredi 15 avril 2015
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par Fino le 7 février 2006
paru le 29 novembre 2005 (V2 Records)
Pour le commun des mortels, c’est-à-dire moi plus quelques autres, The Greenhornes n’existaient pas quelques mois auparavant. Pourtant, ce groupe - déjà quatre albums à son actif - n’est pas né de la dernière pluie. Alors de deux choses l’une : pourquoi ce groupe était-il jusque là inconnu, et pourquoi la reconnaissance aujourd’hui ? À la première question, j’avoue ne pas avoir de réponse. Quant à la seconde, deux choix possibles. 1) The Greenhornes, c’est ce groupe dont deux superbes chansons parsèment la bande originale du dernier film de Jim Jarmusch, Broken Flowers. 2) The Greenhornes, c’est le trio qui joue en première partie de la tournée mondiale des White Stripes. Je vous laisse choisir ; dans les deux cas, la surprise est de taille. En effet, en cette période de « nouvelle vague » rock qui déferle de Grande-Bretagne, il est agréable de découvrir un groupe en « The » qui débarque tout droit du rock garage des 60’s. Influence à ce point marquée que ce groupe dépareille quelque peu au rayon nouveautés rock. Néanmoins, le double coup de projecteur mentionné ci-dessus leur a (enfin) offert une distribution en France digne de ce nom. C’est ainsi que nous arrive Sewed Soles, sorte de best of de leurs premières années.
Chose frappante quand on insère le CD pour la première fois dans sa platine : un disque de 20 chansons (dont une piste cachée à la basse absolument démentielle), qui va se tenir de bout en bout. La chose est assez rare aujourd’hui pour être soulignée.
Puis arrive It’s Not Real, la première vague. Une guitare un peu grasse qui semble plus vieille que le groupe, rapidement reprise par une basse simple mais efficace. Simplicité et efficacité sont là le secret du groupe de Detroit. Vous ne trouverez pas ici des centaines d’effets, ni du Phil Spector à la production, mais un son quasiment brut de décoffrage, qui rappelle quelque peu le Brian Jonestown Massacre, autre groupe américain révélé sur le tard. S’enchaîne ensuite l’excellent Pattern Skies et sa basse envoûtante qui ponctue chaque phrase, rapidement relayé par I’ve Been Down, blues dépressif accompagné à l’orgue, qui fait quelque peu penser au bluesman Lucky Peterson. Autre point fort de cet album, sa grande diversité, relativement inhabituelle chez les groupes garage. Shadow Of Grief et sa montée en puissance vers la violence d’une guitare saturée font repartir l’album sur les bases de son début. Une fois encore, l’auditeur ne peut qu’être surpris par There Is An End, superbe morceau utilisé dans Broken Flowers, dont l’enivrante voix féminine nous transporte directement vers les harmonies vocales des Shangri-Las. L’album redémarre ensuite sur un bon vieux rock agressif, quasiment définitivement cette fois-ci, à l’exception d’un nouveau blues, Too Much Sorrow, et d’une balade, Stay Away Girl. Dans cette seconde moitié du disque, mention spéciale aux déchaînements de Shame And Misery, ainsi qu’à la froide brutalité de Satisfy My Mind.
Enfin, ne manquez pas l’écoute de Lovin’ In The Sun, directement sorti de l’époque Beatles, écoute rendue absolument indispensable par la présence d’une piste cachée qui en vaut clairement le détour pour une basse dépassant le mur du son.
Alors certes, Sewed Soles n’est pas l’album de l’année 2005. Mais en cette période de bourgeonnement de nouveaux groupes qui finissent par tous jouer la même chose, le vieux rock crasseux des Greenhornes semble paradoxalement ce qu’il nous a été donné de plus frais à écouter depuis longtemps.
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