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mercredi 15 avril 2015
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par Fino le 10 octobre 2006
paru le 23 mai 2006 (Warner)
Elle est toute en tension, cette ouverture au piano et lointain tonnerre de guitare que nous a concoctée Jacno pour son album de l’année 2006. Celui que l’on décrit comme l’OVNI de la chanson française parce qu’il est de bon ton de voir des OVNI musicaux partout de nos jours nous revient donc avec un disque pour le moins... tout sauf étrange.
Les ingrédients Jacno sont là, "et bien là" serait-on tenté d’écrire : paroles à contresens (l’auteur semble les adorer), rythmique nerveuse, ton désabusé et/ou mystérieux, timbre glamour. La question qui s’impose est là : à vouloir réhabiliter un certain style Gainsbourg qui n’est pas pour nous déplaire, n’en fait-on pas un peu trop ? Si le très churchillien Le Sport ("Le sport c’est d’la merde") fait nécessairement sourire dans sa récurrente revendication anti-étiquetage préventif sur les paquets de tabac, notre interprète semble à chaque fois trop fier des bonnes idées qui lui viennent. Le trait semble forcé non pas au-delà du raisonnable, n’exagérons pas, mais sensiblement au-delà de ce que l’on aurait pu attendre du personnage.
On ne dressera pas une liste exhaustive de ces "contre-pieds linguistiques", de ces "appellations d’origine incontrôlée", tant ils sont en nombre et finissent par irriter l’oreille plein de bonne volonté à l’égard de notre homme.
Là où Gainsbourg était une plume si délicatement incisive, on a ici bien trop souvent l’impression d’avoir affaire à un pis aller. Gainsbarre est mort, la chanson française s’est policée, on est faussement acerbe pour faire bien dans les milieux branchés, alors forcément l’auditeur est quelque peu soulagé lorsqu’il on écoute ce Tant de Temps de l’ami Jacno. C’est bien un comble, mais cette tentative de ressucée de L’Homme À Tête De Choux apporte paradoxalement un souffle de fraîcheur.
Certains morceaux sont nettement moins bons que d’autres (T’Es Mon Château), d’autres se révèlent après plusieurs écoutes. On peut penser ici à ce que l’on qualifierait de prime abord de très « Benabarien » Les Amants, Les Clients, et qui se révèle pourtant délicieusement rugueux. Là où certaines pistes déçoivent par leur paroles faussement recherchées et écrites à la va-vite (Le Sport toujours... beaucoup trop facile, mais taillé pour le succès « bo-bo »).
La deuxième partie de l’album n’est pas de façon évidente moins bonne que a première, mais un sentiment de déjà entendu vient gâcher son appréciation. À ce titre, Avec Les Yeux et son accompagnement ridicule est particulièrement irritante pour l’oreille.
En un mot comme en cent, non Jacno n’est pas un "OVNI de la chanson française", oui il reprend éhontément le style Gainsbourg, non ce n’est pas à proprement parlé raté, mais oui, c’est énervant. Le disque s’écoute avec une relative facilité, mais rien de plus...
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