Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Béatrice le 10 octobre 2006
paru le 12 juin 2006 (Rough Trade/PIAS)
Groupe écossais suffisamment patriote pour choisir comme nom celui d’une petite ville située pile au centre du pays de Robert Burns, Aberfeldy récidive, deux ans après son premier effort Young Forever. Ce second album a été baptisé Do Whatever Turns You On, et voit le groupe poursuivre ses manoeuvres pop lumineuses et irrésistibles, puisque c’est apparemment ce qu’il lui plaît de faire. Pas question ici d’innovation géniale ou de révolution musicale, Riley Briggs et sa troupe se contentent de synthétiser et raviver la pop britannique (évitons ici le terme "anglais", c’est d’Écossais que nous parlons et ils ne s’entendent pas toujours très bien), y injectant des doses raisonnables de folk et de rock. La recette est simple, mais a déjà bien prouvé son efficacité quand elle est appliquée avec fraîcheur et légéreté.
Il faut croire que c’est le cas ici, car la sauce prend plutôt bien, et assez rapidement. Le soutien d’un label a permis au quintet édimbourgeois de bénéficier d’une production plus ambitieuse et surtout, de plus d’un micro (contrairement à ce qui s’était passé lors de l’enregistrement de Young Forever), et le son est effectivement impeccablement maîtrisé du début à la fin du disque - les chansons coulent les unes après les autres et l’album est aussi agréable à écouter d’une seule oreille que de trois. Rien de bien sorcier pourtant, le groupe se contente de distiller avec précision chœurs féminins cristallins, motifs entraînants tantôt au clavier, tantôt au violon, et autres ornementations rutilantes pour mélodies enlevées. Riley Briggs a apparemment une tendresse particulière pour la rime facile mais percutante, qui se fixe dans un recoin de cerveau et se chante toute seule, et l’album est un festival d’échos en "liar/fire", "pain/again", "wrong/ belong" et autres "bloom/room". On est loin de Dylan, et encore plus de Robert Burns, c’est sûr, malgré quelques tentatives de cynisme post-quart-d’heure-de-célébrité (All True Trendie, Never Give Up), mais ça sonne bien, c’est déjà ça.
Un savant dosage entre titres énergiques et ballades mélancoliques permet d’éviter l’écueil de la monotonie, et pour peu qu’on ne soit pas dans un état de repliement dépressif où le moindre soupçon de bonne humeur provoquerait une réaction de rejet, l’album se laisse écouter en boucle sans forcer. Le quintet arrive, sans avoir l’air de se donner plus de mal que ça, à rendre attachant le refrain outrageusement facile d’Uptight (comble de la popsong à trois sous, avec un "Baby" ou un "Oh yeah" tous les trois mots) ou les "lalala la" impertinents de Let Down (pas mal dans le genre non plus). Forcément, il y a par moments quelques couacs dans la machine, si bien huilée qu’elle soit, et un titre comme Poetry qui joue les gros bras et fanfaronne à coup de mélodie syncopée et de paroles agressives (enfin, aussi agressives que les paroles d’une pop song peuvent l’être, donc dans l’absolu pas bien méchante) a un peu plus de mal à passer. Mais on pardonne, ne serait-ce que parce que le triplet d’ouverture met de suffisamment bonne humeur pour qu’on pardonne presque tout ce qui pourrait arriver ensuite.
Le groupe parachève son travail en prenant soin de se retirer en douceur, sur un Turn Me Towards The Light posé et mélancolique mais juste ce qu’il faut, et s’il fait beau et qu’on est de bonne humeur, il y a de fortes chances pour que ce ne soit qu’un faux adieu et qu’on reprenne tout à zéro. Après, ce disque est peut-être un peu trop bien rodé pour être honnête, mais c’est pas le genre de musique qu’on écoute pour se poser des questions - "Do whatever turns you on" demeure un principe à assez faible portée philosophique, quoiqu’on en dise, et l’album est comme son titre. Tant mieux.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |