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mercredi 15 avril 2015
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par Milner le 23 janvier 2006
paru le 26 septembre 2005 (Deltasonic Records / Sony BMG)
En rouge comme la couleur de la révolte ou bien celle qui égaye les murs de briques des cités industrielles de Sa Gracieuse Majesté, la pochette de l’album a pour unique but de montrer que le premier album éponyme de The Dead 60s résonne comme les échos d’une jeunesse tourmentée. Des chansons dansantes et brûlantes, en forme de salutaires coups de poing dans la gueule comme Riot Radio, sont là pour en attester. En plus d’être un groupe passionnant, The Dead 60s est un des seuls à encore puiser ses sources dans la musique dite ska des années 1979-1981. Il n’a pourtant rien de retro, mais simplement il fait revivre le voyage musical tel qu’on l’imaginait à ce moment-là et tel qu’il fut presque totalement abandonné plus tard par ses « pionniers » (The Specials et Madness). Quand tous ces gens ont effectué leur grand retour aux normes de la pop ou bien ont explosé en plein vol, constatons que les auditeurs n’ont pas gagné grand chose.
Mais, ce que ces derniers avaient perdu en route, ce disque nous le rend un quart de siècle plus tard, tout en bénéficiant de tous les acquis sonores et technologiques d’aujourd’hui. L’habituelle rythmique ska est parfois complétée de petites giclées de guitares semi-punks rappelant dans le meilleur des cas The Clash, dans le pire No Doubt. Les tics de studio et l’absence de cuivres rendront sûrement hystériques les fanatiques purs et durs de Prince Buster mais c’est justement cette facilité à mélanger l’héritage dansant du rock métissé à l’anglaise qui peut fasciner l’amateur lambda du combo liverpudlien. Pas question de traiter politique ici, leurs aînés faisaient cela tellement mieux. On a le droit à la place à un gang qui joue mâchoire serrée quand le besoin se fait ressentir (Horizontal) capable la minute d’après de laisser les instruments jouer à une cadence ralentie, comme si le spliff venait brusquement à faire effet (You’re Not The Law).
L’ensemble des treize titres de la galette dresse à sa façon un tableau de l’apocalypse pas joyeux qui nous guette dans un futur proche : une civilisation qui avance peu à peu vers le suicide collectif mais avec la ténacité et la colère contenue que les auteurs de science-fiction n’arriveront jamais à retranscrire. Un univers constitué de tours de béton et qui engendre un quotidien envahi par l’ennui, la violence, la terreur, le sexe et les drogues de toutes sortes. The Dead 60s est un disque sain et revigorant pour nos pauvres consciences écrasées d’angoisse, et toutes proportions gardées, c’est un peu comme si Tintin se révoltait contre Hergé qui l’a forcé à faire vingt-trois fois le tour du monde sans jamais avoir pu visiter un seul monument à sa guise. Avouez que ça non plus, c’est pas de la science-fiction !
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