Dernière publication :
mercredi 15 avril 2015
par mot-clé
par index
par Giom le 29 mai 2005
Publié en 1998, (Geffen Records)
Beck n’est plus à la mode ! Alors que la presse bien pensante, pleurant d’avoir crié trop tôt au génie, renie le petit californien, il faut pourtant ne pas oublier qu’il est à l’origine de quelques albums somptueux qui ont marqué les 90’s. Revenons sur ce Mutations, publié en 1998, et qui est certainement l’une de ses meilleures productions.
Toujours fourré entre une tradition folk acoustique qu’il tente de renouveler et un besoin constant de toucher à tous les genres, Mutations est un pur produit beckien, d’une richesse et d’une maturité encore jamais acquise par l’auteur de Loser. S’il ne devait en rester qu’un, on citerait joyeusement l’excellent morceau Nobody’s Fault But My Own, véritable manuel musical pour petit occidental dégoûté d’avoir loupé les 60’s et les expérimentations indianisantes de Georges Harrison. Ce titre planant mêle rythmique acoustique lancinante, cordes atmosphériques et sitar qui va bien. Un petit chef d’œuvre intemporel !
Mais il en va ainsi de tout l’album, serions-nous tentés d’affirmer dans un élan d’euphorie. La qualité de cet album réside avant tout dans sa variété. Chaque morceau est un nouveau voyage et Beck est prodigieux d’efficacité dans presque tous ses essais. Un coup dansant sur le presque bossa-nova Tropicalla, un autre langoureux sur We live again, ou bien rééxploitant les thèmes des textes de Blues sur une mélodie décalée et entraînante comme sur le génial Bottle of Blues.
Beck est à son sommet en cette année 98 et Mutations représente véritablement ce qu’il a fait de plus abouti bien avant le kitsch funk de Midnite Vultures ou le lyrisme exacerbé de Sea Change. Toute la culture musicale du jeune prodige est ici régurgitée avec brio et entrain. La tonalité est joyeuse et Beck n’hésite pas à abuser (mais jamais de façon caricaturale) des onomatopées propre à la pop du type « la, la, la, la, la » mais qui finalement sonnent d’une façon nouvelle car replacées dans un autre contexte musical.
Beck sait tout de même toucher et se tourner vers des compositions textuelles plus sombres comme le très beau Sing it again ou les guitares acoustiques s’entremêlent avec une grande légèreté, soutenant une voix frêle qui débite des paroles au potentiel larmoyant assuré : « My love is a room of broken bottles and tangled webs...Oh won’t you lay my bags upon the funeral fire, and sing it again. » On comprend alors tout le génie de Beck, capable de provoquer une palette d’émotions totalement différentes sur le même album ( procédé que l’on retrouve même sur un seul morceau comme dans Diamond Bollocks qui joue sur des changements de rythmes incessants.)
Peu de phrasé rap en revanche sur ce disque, point qui marquera pourtant ODelay et que l’on retrouve sur sa dernière production, Guero, sortie en mars dernier. Mais c’est bien le seul manque (enfin, ça dépend pour qui !) d’un disque totalement représentatif de l’ambition esthétique d’un artiste majeur et trop souvent décrié. A mettre sur toutes les étagères...
Répondre à cet article
Suivre les commentaires : |