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par Thibault le 6 septembre 2012
Klone sort un nouvel album le 5 octobre, appelé The Dreamer’s Hideaway ! Une première chanson est déjà disponible sur le net, tellement excellente qu’il devient impératif de soutenir les efforts du groupe. C’est l’occasion de parler du précédent EP The Eye of Needle, un disque qui présente un beau morceau de dix sept minutes, divisé en deux parties. Un petit chef d’œuvre qui mérite une mise en lumière et un examen approfondi.
Comme souvent chez Klone, le squelette du morceau a été forgé par une jam entre les guitares et la batterie, avant un long travail d’arrangements, d’ajouts de couches d’instruments et de samples. Et comme souvent chez Klone, The Eye of Needle emprunte des éléments de metal et de rock. Massives mais grésillantes de crunch, les guitares sont l’illustration parfaite de cet équilibre entre deux cultures différentes. Sur un tempo assez calme, les musiciens prennent le temps d’exposer des couleurs et des idées (hmm ces doux feulements de saxophone qui augurent du meilleur), sans se soucier outre mesure de formats prédéfinis, mais sans balayer du revers de la main couplets et refrains.
The Eye of Needle progresse par paliers et monte en puissance sans gros sabots, gesticulations pompeuses ou poses maniérées. Ainsi, de nécessaires riffs de ponctuation sont martelés par les guitares de manière à s’imprimer dans l’oreille de l’auditeur, mais ils sont joués avec une certaine retenue et contrebalancés par de souples motifs de basse. Cet instrument a d’ailleurs un rôle très intéressant, une couleur presque funk qui vient nuancer la base guitare-batterie ; durant l’introduction, la basse bouillonne dans l’ombre des arpèges stridents de guitare et des roulements sur toms de la batterie. De manière générale, le travail d’harmonie et d’arrangements consiste ici à nuancer de manière discrète cette pulsation guitare/batterie.
Des passages plutôt abstraits en trills suraigus ou en notes répétées de guitares sont tempérés par une marche de basse, par un clair arpège sous-jacent, autant de motifs qui font parfois office de fil d’Ariane quasi invisible pour l’auditeur. A voir toutes les chroniques d’albums que postent le guitariste sur son profil Facebook, Klone a l’air d’être un groupe sensible aux retours sur sa musique, et semble, peut être inconsciemment, particulièrement s’attacher à tenir l’auditeur avec lui sur ce morceau. Jamais le groupe ne part dans son délire, les musiciens se font plaisir en tant qu’instrumentistes mais n’en font pas trop. The Eye of Needle reste sobre et attire l’auditeur à lui, sans racoler ni l’assommer, juste par le placement soigné de chaque petit élément qui se font dans le tout. L’approche est subliminale d’une certaine manière, beaucoup de motifs sont discrets mais contribuent à la bonne progression du morceau et au plaisir de son écoute.
Cet entremêlement de sons bouillonne avec une force calme et positive. Klone a vraiment une symbiose personnelle, une grâce qui resplendit avec le chant de Yann Ligner. L’ambiance est profonde, recueillie sans être pesante ni grave ; l’entremêlement de la voix et des instruments dans le mix très fin de Quentin Fleury a quelque chose d’apaisant, de réconfortant… Cette sensibilité singulière de Klone prend son envol lorsque Yann Ligner laisse une phrase en suspens « something you caaaaann »… poursuivie par un beau solo de saxophone soprano, illustration de la richesse d’un groupe qui a d’ailleurs enregistré ce morceau dans un studio de jazz, le studio Sextan.
La première partie de The Eye of Needle s’achève en douceur avec une descente bien négociée, après un climax intense qui évite toutefois d’en faire des caisses. Les dix premières minutes qui viennent de s’écouler ne se sont autorisées aucune facilité de songwriting et ouvrent magistralement la voie à une deuxième partie plus musclée.
Celle-ci est un balancement mid-tempo, assez groovy, tout en restant aérée et dans la même humeur de puissance rentrée. La progression du titre est droite, zébrée d’arrangements tordus, de crissements, comme des parasites sonores qui imageraient une lutte entre une personne qui se dirige dans une direction alors que des éléments tentent de l’empêcher de tracer sa route, sans réussir à l’arrêter. Cet instant interprétation foireuse ne sort pas tout à fait de nulle part car le premier couplet de la chanson va un peu dans ce sens :
I can’t wait to find some explanationsI have to go back to where I cameShould I fight against my new condition ?Leaving this place could be my solution
Plus classique dans sa structure et son déroulement, cette deuxième partie demeure très réussie ; deux facettes différentes pour une œuvre cohérente que Guillaume Bernard, guitariste et principal compositeur du groupe, tient pour une réelle réussite :
C’est un des disques dont on est le plus fier, c’est le premier disque sur lequel on a vraiment réussi à aller au bout de ce qu’on voulait faire. On a su graver sur CD le truc qu’on avait vraiment en tête, ce n’était pas spécialement le cas avant.
Allons même plus loin, c’est de la putain de musique qui mérite mieux que le label « fer de lance du metal français » : Klone fait tout simplement de l’excellente musique, qui mérite de dépasser la seule communauté metal pour toucher un large public. Elle peut plaire à énormément de personnes.
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