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par Dumbangel le 14 février 2006
disque tribute/compilation paru en 2004 (Gammon Records)
Depuis peu, le nom de Daniel Johnston semble s’affranchir du cercle des initiés auquel il semblait être confiné. Certes, il est encore loin d’être connu du grand public (et il ne le sera certainement jamais) mais l’influence de Johnston sur une partie de la scène indépendante américaine n’est plus à démontrer. C’est d’ailleurs cette scène qui rend hommage au maître sur la présente compilation/disque tribute.
L’idée est originale en soi : d’un côté, les versions originales de l’auteur sur un disque et les reprises sur un autre. Ce disque constitue donc le meilleur moyen pour se familiariser avec l’univers si riche de Daniel Johnston. Ce procédé astucieux ne convient d’ailleurs d’autant mieux au cas Daniel Johnston que de redécouvrir ses classiques et titres plus obscures avec de vrais arrangements, structurés et joués en rythme donne un semblant d’idée de ce qu’aurait pu donner les chansons de Johnston s’il avait su garder une relative santé mentale tout au long de sa carrière. Car, depuis ces premières chansons, enregistrées seul derrière le piano familial sur un vulgaire ghettoblaster à l’aube des années 80, à ces récentes collaborations dont celle avec Marc Linkous de Sparklehorse, Daniel Johnston n’a eu de cesse de ne chanter que les mêmes obsessions. Force est de consater la cohérence de l’ensemble de son œuvre, véritable mise à nu de son âme. Ses chansons ? De pures mélodies innocentes et poignantes comme il ne nous a pas été possible d’entendre depuis la séparation des Beatles, la référence ultime pour Johnston.
Son poignant passage récent au Café de la Danse ne confirmait qu’une chose : derrière cette homme obèse âgé de 45 ans, seul avec sa guitare ou son piano, jouant et chantant faux devant son cahier de chansons avec une bouteille de cola de deux litres à côté de lui, se cache un génie malheuresement écrasé par le poid de la maladie mentale qui le ronge.
Car, a contrario d’un Syd Barrett, autre grand allumé du rock, Johnston n’a jamais cessé de chanter et de dessiner, son autre grande passion. D’ailleurs, l’intéressé a publié un album depuis la sortie de la présente compilation et la galerie parisienne ‘Art Factory’ exposait encore il n’y a pas si longtemps que ça une série de dessins originaux signés Daniel Johnston.
Sur le premier disque de reprises se côtoient aussi bien des grosses pointures (E de Eels qui signe les notes de pochette et raconte comment il a un jour filé son T-Shirt de Daniel Johnston à Kurt Cobain, Beck, The Flaming Lips, Tom Waits) que des groupes de stature plus modeste (Clem Snide, Starlight Mints, The Rabbit etc...). Toutes les chansons sont sublimement reprises et offrent de nouveaux habits à ces classiques que l’on ne concevait pas autrement qu’accompagnés par autre chose qu’un simple Bontempi ou bien qu’une guitare désacordée et pas en rythme.
Parmi les perles de l’album, Go se trouve sublimée par l’arrangement commun des Sparklehorse/The Flaming Lips. Beck délaisse enfin la superficialité de ces récents enregistrements pour nous servir un True Love Will Find You In The End que l’on croirait tout droit sorti de One Foot On The Grave et Eels fait merveilleusement son Eels sur Living Life.
Le second disque offre, mis à part les chansons originales de Johnston, un inédit, Rock This Town et une portion multimédia intéressante aussi bien pour le fan que pour le néophyte, comportant une vidéo de Walk This Town, les paroles des chansons et des dessins de Daniel Johnston.
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