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Trois

Trois

Gâtechien

par Psymanu le 13 juin 2006

4

paru le 15 avril 2006 (Keben / MilkPack/ Overcome)

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Gâtechien est un duo rock poitevin : Laurent est au micro et à la basse, et Florian est aux fûts. Quoi que formé de fraîche date (2002), ce groupe en est déjà à son troisième disque. Ils se définissent comme « aussi déjantés et alcooliques l’un que l’autre ». Ca augure de la fête, ça augure de l’intensité, ça augure aussi peut-être du n’importe quoi. Voyons cela.

Alors il y a plusieurs types de groupes. Ceux qui se prennent la tête sur les détails, et les autres. Parmi les autres, Gâtechien. Leur troisième disque s’intitule Trois, et les titres des huit chansons qui la composent ont respectivement pour nom g, â, t, e, c, h, i, et e. Je ne vous ferai pas l’injure de vous souffler le titre du bonus track. On est dans le minimalisme jusqu’au-boutiste. Et bruitiste aussi. Pour ceux qui en doutaient, une basse, une voix et une batterie, c’est plus qu’il n’en faut pour mettre un boucan d’enfer. Dès les premières secondes de g, Laurent s’impose en une sorte de Jim Morrison infernal qui aurait encore plus forcé sur les substances qu’à l’habitude, hurlant, vociférant, sur un tempo plutôt paisible au final, un morceau presque cool. Et cette impression qu’on est avec eux dans leur garage. â fleure bon le délire entre potes, qui s’y mettent à deux pour scander un refrain absurde (« Whashing Machine » ?), chantent parfois en chœur, crient, et rient comme des maniaques possédés. Une nouvelle fois le rythme est plutôt paisible, la rage ne passe que par la conviction avec laquelle chaque corde ou peau est frappée. On comprend tout ce que Fugazi, influence revendiquée a pu leur apporter. Sur t, on alterne des bruits de bouche entre mastication et avalement de salive, et pur déchirement laryngien, en même temps que climats inquiétants et déchaînement soniques. e est presque une balade. Il y a de la mélancolie, « I’m so sad », y chante-t-on dans ses phases calmes. On marmonne sur c, on paresse entre deux convulsions. Détail amusant, certains chœurs font penser aux B52’s dans cette façon de faire un peu n’importe quoi exprès avec la voix en la lançant très fort avec la gorge, bouche grande ouverte. Un véritable antidote à tous les groupes pseudo-punk typés Blink 182 qui pourrissent les ondes en croyant jouer les keupons mélodieux. On accélère franchement avec h. Florian et Laurent sont vraiment bons musiciens. La basse est d’une vivacité qui la fait parfois ressembler à ces guitares de surf music. Elle s’accorde merveilleusement avec la sècheresse des frappes du batteur, qui ne joue que le strict nécessaire mais très fort et pile à propos. « This is the last shout ! », introduit fort à propos la dernière plage du disque. On pourrait presque voir du Iggy Pop dans la façon dont Laurent utilise ses cordes vocales pour produire toute sorte de grognement et grincements. Cette voix est vraiment un instrument à part entière.

Trois est un bon album. On peut seulement y reprocher une certaine monotonie, écueil courant du minimalisme. Néanmoins chaque titre est suffisamment court pour conserver quasi-intacte l’énergie propre du disque. On peut se demander ce qu’il adviendra de cette aventure, de quelle façon ils parviendront à renouveler leur formule pour l’instant plutôt gagnante, ou plus simplement s’ils auront envie de la renouveler. Pour l’heure on se délectera une nouvelle fois de constater qu’il se passe toujours des choses en France. Que des groupes, dans leur coin essayent, cherchent à faire « autre chose ». Et avec un brio certain.



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Tracklisting :
 
1- g (2’22")
2- â (3’13")
3- t (3’58")
4- e (2’35")
5- c (3’16")
6- h (3’10")
7- i (2’45")
8- e (3’40")
(Bonus track : n (4’47") à 7’57" de la page 8)
 
Durée totale : 34’00"