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mercredi 15 avril 2015
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par Fino le 5 janvier 2010
paru le 30 novembre 1982 (Slash Records)
Au cœur d’une décennie 1980 qui vit le triste avènement du tout-trafiqué/massacré-par-ordinateur (voix avec échos, batterie synthétique, etc.), le trio des Violent Femmes attaquèrent leur carrière avec un album donnant la sensation d’un (heureux) retour à l’âge de pierre.
Une production des plus discrètes, des instruments et une partition vocale au son brut de décoffrage, et Gordon Gano (guitare et chant disharmonieux), Brian Ritchie (basse endiablée) et Victor DeLorenzo (batterie) pouvaient lancer un premier album éponyme qui allait devenir culte... une dizaine d’années plus tard (soit grosso modo quand le monde se rendit compte du ridicule du susmentionné son eighties).
Une petite guitare acoustique relayée par un doux "tatapoum" entament un album au son rustique caractéristique. Un son qui prend volontairement le contre-pied de ce qui se faisait entendre au croisement des décennies 1970 et 1980, et qui fait parfois penser à Neil Young, et souvent à Daniel Johnston (incontestable héritier), qui peut se prévaloir d’être l’un des rares génies rock contemporains.
Cela s’entend sur ce formidable Blister In The Sun, et saute aux oreilles quand s’ouvre Kiss Off. Cette façon si particulière de scander avec conviction et à la limite (voire de l’autre côté de celle-ci) du faux, épaulée par un accompagnement crasseux dégage une chaleur légèrement malsaine et indubitablement rugueuse.
On la ressent nettement sur Add It Up, essence de frustration adolescente qui nous renvoit à des bases rock classiques et efficace. La guitare s’énerve, Gano demande "why can’t I get just one screw ?", et l’environnement se fait non pas pesant, s’agissant avant tout de thèmes légers, mais inquiétant.
L’essai n’est certes pas parfait, et l’on s’inquiète quand le trio originaire du Wisconsin relâche quelque peu la pression (Confessions... somme toute peu intéressantes). La barre est cependant reprise et saisie d’une main ferme. Le rythme de Prove My Love se fait endiablé, la mélodie à la fois écorchée (chant et guitare) et policée (les cœurs très Beach Boys). La cadence se tient, et ce mélange de folk aux ongles pleins de terre et de rock’n’roll surprend et enchante.
Violent Femmes est un excellent album, notamment car si certains aspects remémorent d’autres sons entendus, il ne ressemble globalement à rien de connu. L’introduction catastrophique de To The Kill serait à accrocher du côté punk apocalyptique, la basse étant littéralement terrifiante.
Gone Daddy Gone, sous des aspects plus sautillants, tente d’alléger le tout, mais le mal est fait. La musique des trois compères laisse des marques, tout comme l’écoute d’un Daniel Johnston triture l’esprit. La mélodie, originairement jolie, est déchirée avec grand soin et un bonheur non feint, qui est sans aucun doute partagé.
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