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Vision Valley

Vision Valley

The Vines

par Psymanu le 10 mai 2006

3,5

paru en avril 2006 (Capitol)

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Ben merde, c’est qu’on les avait presque oubliés, eux. Heureusement que Craig Nicholls avait la décence de se vautrer dans quelques affaires de bourre-pif, et d’être diagnostiqué d’une forme particulière d’autisme, car le billet direction l’oubli était déjà réservé. Qui ? M’enfin ! The Vines, vous savez, les nouveaux Nirvana. Get Free, Outathaway !, toutes ces jolies choses, éructées sur des guitares grungies. Puisque ça vous revient à présent, eh bien sachez que les joyeux larrons sortent leur troisième album. Pardon ? Oui oui, il y en a eu un second, et non ne vous excusez pas de l’avoir loupé : même eux, les Vines, l’ont raté, ce disque. On peut appeler ça « être en phase avec son public ». C’est une pitié, d’ailleurs, car la pochette était mignonne. Ne nous égarons pas, toutefois : leur petit dernier, tout de noir vêtu, s’intitule Vision Valley, voyons à quelle heure il remet les pendules.

Avaient-ils un train à prendre ? Sur les 13 titres qui composent ce disque, un seul dépasse les trois minutes. Pas forcément un mauvais calcul, si on considère que Highly Evolved, le meilleur morceau de leur premier album, était un coït auditif interrompu à la minute trente. Le son, s’il n’a pas varié fondamentalement depuis les débuts du groupe, semble plus stable à présent d’une chanson à l’autre. Ça rappelle toujours la scène grunge, mais plutôt que de lorgner du côté de Cobain (dont le point commun avec Nicholls n’est que cette étrange aspérité charmeuse et cette façon de chanter tantôt mollement, tantôt à gorge déployée), ça fait plutôt penser parfois à du Soundgarden période Badmotorfinger, ou bien aux groupes de filles, comme les Hole, ou L7. Tout au moins dans les morceaux les plus agressifs de The Vines, qui finalement ne sont pas tellement légion, en studio.

Anysound et Nothin’s Comin’, ça pourrait être du déjà entendu pour le groupe, mais c’est mieux assuré, c’est bien léché, faussement barré, donc finalement on est plutôt agréablement surpris, et ça donne envie de prendre vraiment le temps de tout écouter. Candy Daze, c’est de la pop, ça rappelle les 60’s, les Beatles bien sûr mais pas plus que plein d’autres groupes de l’époque, et seule cette guitare quasi-soliste et un peu traînante nous ramène au présent. Le morceau titre, Vision Valley, est une jolie rengaine, avec ce qu’il faut de « aah aah wouhou » et de « yeah yeah » langoureux pour émouvoir. Parce qu’il chante bien, Craig, en fait. Une voix belle, très sobre sur les ballades, vraiment confondante. On souligne trop ses hurlements pour ne pas au moins mentionner ce détail. On revient à du lourd avec Don’t Listen To The Radio (qui y passe, à la radio, putain de cynisme), et The Gross. Du The Vines dans le texte et dans l’exécution, c’est sans surprise, encore, ça rappellera de belles choses à ceux qui eurent le bonheur d’être ado au début des 90’s, ça donne envie de se laisser pousser des cheveux gras sur les yeux et de sortir ses jeans troués. Take Me Back, un titre qui tombe à pic, justement. Et qui tombe à plat, un peu. Une jolie pop, parce que c’est toujours joli, ce qu’ils font, les quatre garçons, mais à leurs débuts on espérait justement un peu plus de crasse de leur part dans le paysage musical. Going Gone est encore plus paresseuse, comme Vision Valley. Alors on se dit que le songwritter est fatigué par sa propre condition psychique, et qu’il serait injuste de lui demander de se percher au plafond en hurlant constamment. Et on lui pardonne, un peu. D’autant qu’il vomit un Fuck Yeh dans la foulée, il est encore fou, et son majeur dépasse de la camisole, ça rassure. Ah ! Futuretarded ! Déjà le titre est chouette, et résume à lui seul la trajectoire de The Vines, sorte de fusée explosée en plein vol, mais en plus la chanson est réussie. Ca fait penser à du Pixies, sur la fin. Dope Train, c’est bien aussi, c’est nerveux, ça s’agace puis se calme, puis repart en vrac, comme il savent bien faire. Puis Atmos, un morceau qui commence fort puis stoppe soudain pour feindre un début de ballade, et qui sert en fait de rampe de lancement pour l’expérimental. Enfin expérimental pour un groupe comme The Vines, quoi, disons pour schématiser que c’est une chanson atypique, une longue rengaine avec un même une sorte de solo de guitare. Très sympa mais il ne faudra pas en abuser, hein ? Promis ?

Mignon. C’est très mignon, Vision Valley. Ça sonne toujours comme un groupe de jeune, ce qui peut laisser penser qu’ils ne sont pas encore foutus, qu’il leur reste encore assez de jus et de spontanéité pour faire bouger quelques foules. Ça rassure parce que franchement on les croyait terminés. Bon, ça n’en fait pas le disque de l’année, sans doute même pas de ce mois, mais ceux qui se sont pris d’affection à la sortie d’Highly Evolved pour ce quatuor un peu dingo auront plaisir à écouter cette galette comme le témoignage qu’ils ne se sont pas trompés, qu’il y a du bon en eux, même si c’est sans doute foutu pour les charts et les stades. On croise les doigts pour la tournée, puisse-t-elle aller à son terme, cette fois-ci, et donner des envies d’encore.



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Tracklisting :

1- Anysound (1’55")
2- Nothin’s Comin’ (2’00")
3- Candy Daze (1’40")
4- Vision Valley (2’42")
5- Don’t Listen To The Radio (2’10")
6- Gross Out (1’18")
7- Take Me Back (2’42")
8- Going Gone (2’44")
9- Fuck Yeh (1’58")
10- Futuretarded (1’47")
11- Dope Train (2’36")
12- Atmos (1’50")
13- Spaceship (6’07")

Durée totale : 31’29"