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par Vyvy le 9 janvier 2007
paru le 5 février 2007 (Mercury)
Les NOISEttes étaient venus sur Paris au printemps dernier pour un concert au Nouveau Casino en (deuxième) première partie des Kooks, avant que le phénomène Kooksien ne déchaîne les flammes de multiples donzelles et damoiseaux. À l’époque, on s’était demandé si les Noisettes n’étaient pas le genre de groupe qui mériterait que la supposée tête d’affiche fasse office de première partie. La question ne se pose plus depuis que les superbes fruits secs ont tourné avec Muse. Je me rappelle, avant le dit concert être allé sur leur site, pour déniaiser mes oreilles, et y lire, toute étonnée, que leur musique se découvrait en concert, qu’elle n’était pas fait pour le calme d’une chambre bordélique. Concert passé et apprécié, je ne pouvais qu’être d’accord avec cette affirmation, tant les performances scéniques du trio, notamment celles de la chanteuse Shingai Shoniwa étaient une claque comme rarement expérimentée. C’était donc avec des sentiments mêlé que je déposais cette précoce galette (ô, joie du critique qui reçoit les albums longtemps avant leur sortie). Souvenirs émus et sautillants des londoniens oui, mais comment vivre cette musique autrement que live ?
Au final, si votre parquet souffre un peu des bondissements induits par l’écoute des NOISettes, on se dit que ce n’est après tout pas bien grave, vos oreilles ont reprit une claque, votre cœur s’est trouvé une nouvelle idylle, quelques dommages collatéraux sont parfois nécessaires....
Mais faisons les choses proprement, et présentons donc ces dignes fruits. Les NOISettes, en plus d’avoir un jeu de mot dans leur nom, viennent de Londres ou ils se sont formés en 2003. Les noisettes sont au nombre de trois : Shingai Shoniwa, chanteuse, sautilleuse et bassiste, Dan Smith à la guitare, Jamie (pas James hein !) Morrison derrière sa batterie. Les deux premiers avaient un passé commun au sein de Sonarfly, le dernier de sérieux états de service notamment chez Living With Eating Disorder, ils se rencontrèrent, s’aimèrent, et firent plein de musique. Après plusieurs EP et tournées de mise en jambe, un heureux événement se profile à l’orée du mois de février, la sortie de leur premier album What’s The Time Mr Wolf. Pour instruire le lecteur qui comme moi ne savait pas à quoi renvoyait ce titre, mais aussi pour montrer que je fais mon boulot sérieusement, je vous dévoile que What’s The Time Mr Wolf est un jeu d’enfant similaire à notre « 1,2,3 Soleil » franchouillard. Voilà, z’aurez appris quelque chose. Tout lien entre les NOISettes et 1,2,3 Soleil s’arrête là. Les trois fruits secs dévoilent au travers des 10 titres que contient ce noble épître un talent allant de la balade bien ficelé au chant enragé, qui en ferait bondir plus d’un.
C’est par un tel morceau que commence l’album. Don’t Give Up, titre étrange car comment l’idée d’abandonner cet album au premier titre aurait pu nous venir, est déjà un « vieux » titre du répertoire des NOISettes, mais il n’a pas prit une ride. Le crescendo de la voix, la rage de la six corde, l’énergie d’un Jamie Morrison, et les bonds répétés de l’auditoire qui scande avec Shangai. Réveil matin idéal, les solis de Dan et les hurlement de la belle vous mettent d’attaque pour la journée. Mais Shangai a plus d’une corde à son arc vocal, elle nous surprend dans le susurré Scratch Your Name, où les vocalises de mademoiselle ponctue un morceau toute en finesse (si ce n’est retenue) ou ces compères poussent eux aussi la chansonnette. La pépite de l’album, la toute douce The Count Of Monte Christo arrive maintenant. Souvent vos chansons favorites d’un auteur à l’autre se renvoient, ici il a suffit d’un accord d’introduction rappelant Two Gallants pour que la chanson me fasse frétiller de joie et ouvrir grand, très grand mes papilles musicales. La mélodie est jolie, la voix douce, le tout rondement joué, et on ne tombe pas dans la soupe, que demander alors de plus ?
Des idées originales, par exemple, mais voilà, les Londoniens en ont aussi comme le laisse entrevoir le prochain titre : Bridge To Canada, ce titre marrant, est suivant par l’énergique et énergisant IWE. Une batterie que l’on sent constamment, notamment une grosse caisse malmenée par un Jamie se prenant pour une Meg White, on sautille, on hoche sottement la tête, on ferme les yeux, mais tout cela rendrait quand même bien mieux dans l’environnement plus enfumé et sulfureux qu’est la salle de concert intime. Mais voilà, n’ayant peur de rien les noisettoidales amis s’occupent de vous concocter la chanson parfaite pour votre salon (si vous avez un plancher béton, évidemment, l’isolation de l’appartement de l’amateur de rock étant nécessaire à la paix sociale) qu’est Nothing To Dread. Et là tout s’emballe, notre cœur le premier. Car les chansons qui suivent sont, réellement, sublimes. Cela faisait longtemps qu’une nouvelle voix, une ambiance telle, n’avait pas gracié ma chaîne Hi-Fi de son charme, alors n’hésitons pas à sortir les grands mots, ces mots qu’on utilise pour les belles chansons. Cette superbe trilogie qui clôt ce brillant essai à savoir Mind The Gap, Cannot Even (Break Free) et Hierarchy ont toutes des mélodies originales (vous savez, celles du genre qu’on a jamais entendu, mais qui sonnent si juste, si évidentes, qu’elles s’ancrent dans nos petites têtes et tourbillonnent gaiement). Péripéties rythmiques et vocales, envolées lyriques et chuchotement, mélange audacieux et délicieux de douceur et de violence, elles se finissent par un passage décidément sobre de duo Shangai & Dan, sur quelques accords, nous faisant entrevoir une nouvelle face de ces noisettes décidemment tenant plus du diamant que d’autre chose.
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