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par Emmanuel Chirache le 3 mars 2009
Paru le 24 février 2009 (Because Music)
JJ Cale fait partie de ces artistes qui produisent invariablement la même musique et qui le font - presque - toujours aussi bien qu’à leurs débuts. Avec une aisance un brin négligée, JJ Cale s’est en effet fabriqué un son dès son premier disque, l’immense Naturally, fait de simplicité et de coolitude maximale. A chaque album, le chanteur nous envoûte grâce à un jeu de guitare tranquille et pourtant d’une grande subtilité, tandis que sa voix reconnaissable entre mille berce l’auditeur par cette espèce de murmure chaleureux qu’on aime tant. Sur Roll On, on n’échappe pas à la règle. Une fois de plus, tout est somptueux de douceur, et Cale semble caresser les cordes avec un tact, un doigté, comme on en a rarement entendu. Improbable mais vrai : Roll On est tellement épatant qu’il s’est retrouvé propulsé album du mois dans Rock&Folk...
Difficile de sortir un titre de ce genre d’œuvre éminemment homogène. D’ailleurs, Cale a tricoté toute sa carrière autour de trois ou quatre riffs, cinq ou six mélodies géniales et uniques, dont il a ensuite travaillé la trame pour l’ornementer de centaines d’arrangements originaux. Le connaisseur reconnaîtra donc dans Roll On tout ce qu’il a apprécié dans les disques précédents, à quelques différences près. Epuré à l’extrême, le style JJ Cale s’épanouit aussi bien dans une veine jazzy à l’image de la merveille Who Knew que dans une ballade plus folk telle que le génial Former Me. Sur une matière blues, Cale s’en donne à cœur joie également comme le prouve Cherry Street, mélange hallucinant de guitare électrique au tempo de train de marchandises et de guitare acoustique à la discrétion magnifique. Le guitariste touche aussi à la country mais d’une façon totalement singulière avec le très beau Strange Days. Bref, il est quasiment impossible de ne pas fondre à chaque morceau, tant le charme opère au fil des notes sur les cordes. Fonda-Lina se déguste en manière de friandise, Leaving In The Morning ressemble à la meilleure chanson que Dylan aurait pu écrire ces dernières années, enfin Roll On apporte une touche de rock’n’roll façon Chuck Berry. Sans oublier cette petite curiosité fantastique que représente Where The Sun Don’t Shine, avec ses étonnantes sonorités au clavier.
On n’écoute pas un disque de JJ Cale. On se laisse faire par la musique, qui nous porte et nous guide, on finit sous son emprise, totalement soumis à son incroyable force, d’autant plus grande qu’elle paraît simple au premier abord. En réalité, ce sont des milliers de petits détails qui feront le bonheur de quiconque aura la patience d’écouter encore et encore les trésors que Cale a composés sans forcer en quelques heures. Car c’est là que tout se joue : l’homme a de la magie dans les doigts lorsqu’il s’agit d’écrire des chansons. Il fait même partie de ces musiciens qui peuvent vivre de leur travail grâce aux reprises d’autres musiciens plus renommés. After Midnight et Cocaine de Clapton, Call Me The Breeze par Lynyrd Skynyrd, c’est lui. Alors jetez-vous sur Roll On si vous cherchez des tubes potentiels, l’objet en regorge.
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