De sa déclaration d’intention qui ouvre l’album avec le single So You Want To Be A Rock’n’Roll Star - classique repris notamment par Patti Smith, évoquant de façon lucide la mutation en marche dans l’industrie discographique de L.A. en cette année 1967 - au morceau final, Why, nous sommes en présence d’un album crucial pour l’avenir de la musique américaine. Las des 45 tours des Monkees et autres pseudo-artistes, le groupe, à l’instar de leurs amis Beatles perçoivent que les choses changent. Confronté au départ de son compositeur Gene Clark l’année précédente, The Byrds modifie ainsi sa formule en délaissant le côté ballade douce-amère des chansons de ce dernier au profit de nouvelles voies.

Comme Fifth Dimension, l’album précédent, Younger Than Yesterday n’est rien d’autre qu’une collection de morceaux hétéroclites mais qui furent tous décisifs pour la mise en place du country rock un an plus tard (Time Between et The Girl With No Name de Hillman). À ce chemin emprunté s’ajoutent les expériences psychédéliques de Crosby, le plus « friscain » du groupe, avec Mind Gardens, ou la musique de cabaret inspirée des années 1950 (Everybody’s Been Burned, face B du simple sus-mentionné) qui confirment le côté patchwork de l’ensemble et renseignent déjà sur les futures orientations que vont prendre les membres du groupe.

Ce qui justifie sa présence dans les albums phares de l’année réside également dans ses expérimentations avant-gardistes et notamment à travers des thèmes de science fiction (C.T.A.-102) ainsi que par le travail de production de Gary Usher (bandes inversées, claviers, voix d’extra-terrestres...). Toutefois, il est clair que Younger Than Yesterday n’a pas la cohérence d’un Sgt.Pepper’s Lonely Hearts Club Band où l’on passe sans problèmes d’une composition de McCartney à une de Lennon mais est tout de même révélateur du bouillonnement créatif et de la liberté qui régnaient à l’époque.

Malgré son échec relatif dans les charts, Younger Than Yesterday dispose toutefois d’une perle pop (Thoughts And Words) et d’un classique dylanien intitulé My Back Pages faisant la jonction entre passé et avenir, bref, un album représentatif de l’époque.