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Kafka

par Noesis le 24 avril 2007

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paru le 25 janvier 2007 (None)

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Cinq titres, durée totale de cinquante-quatre minutes et cinquante-neuf secondes... Cela pourrait en décourager plus d’un, en effrayer d’autres. De plus, avec un nom d’artiste tel que Kafka, l’auditeur pouvait craindre une musique intello qui réfléchit trop, et qui ne laisse pas de place au plaisir. Mais rien de tel. L’ennui ne pointe que très rarement. Mais il ne pouvait en être difficilement autrement. Le décor est planté.

Kaléidoscope Vision 1 ouvre le bal lancinant d’un disque maîtrisé de bout en bout. Lucarne idéale pour pénétrer l’univers torturé de cette formation. Les treize minutes du titre calquent le monde de l’écrivain. Atmosphère tantôt cauchemardesque, tantôt sinistre. La saturation des guitares cède le pas à des accalmies vertigineuses. À l’instar de celle du Tchèque, l’œuvre de Kafka le groupe peut être vue comme le symbole de l’homme déraciné dans les temps modernes. Incroyablement dans leurs âges, ces compositions complètement déstructurées sont qualifiées de post rock. Brest et son changement de rythme brutal -6mn13s- évoque les tourments humains, le mal être. Fascinant.

On écoute l’album comme on tournerait les pages d’un livre de tonton Sigmund... Sur le divan, l’auditeur s’interroge, bien malgré lui, sur sa condition, sur ses peurs les plus profondes, ses aspirations refoulées. Incroyable que ces sonorités relèvent autant de l’indicible et donnent lieu à toutes les interprétations possibles : religieuses, existentialistes ou psychanalytiques.

Trauma, troisième titre. Avec une accroche pareille, nul besoin d’en dire davantage. De nouveau, la fascination est présente. Elle ne s’évapore qu’à de rares occasions, comme si le patient, allongé, décrochait de son travail introspectif. Mais l’analyste ne lâche rien, et souhaite encore développer. « Continuez, associez librement ».

Et pourtant, aucune parole ne vient troubler le périple du retour sur soi. Totalement instrumentales -hormis quelques doux soufflements féminins-, ces cinq plages musicales ne sont en aucun cas cloîtrées sur elle-même, elles parlent à l’inconscient de tout un chacun. La peur naît de cette impression de proximité étouffante. Rarement la musique n’aura fait autant corps avec celles et ceux qui l’écoutent.

Dystopia clôt une œuvre grande et généreuse. Contre utopie, cet album nous décrit des mondes effrayants qui fascineront ou laisseront d’impuissantes victimes sur le carreau.



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