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mercredi 15 avril 2015
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par Aurélien Noyer le 14 juillet 2009
Paru le 15 mai 2009 (Reprise)
Green Day revient... Après le carton planétaire de American Idiot qui les avait sauvé d’un oubli progressif, revoici les papas du punk-pop avec 21st Century Breakdown dont les pubs s’étalaient en grand sur les murs du métro parisien. Pourtant, dès la diffusion du clip du premier single, on pouvait craindre le pire. Tout d’abord le titre... Know Your Enemy. Difficile de faire plus cliché. Ensuite la musique... Un riff sans aucune inventivité, une mélodie plate, le tout en boucle pendant trois minutes. Mais ce qui dérange le plus, ce n’est pas tant la musique (personne n’est à l’abri d’un mauvais choix de single) que le clip. On y voit le groupe dans un Guantanamo de carton-pâte avec gros plans sur les barbelés et les miradors récurrents. Ce qui aurait pu être un choix revendicatif acceptable dans l’Amérique de George Bush devient d’un coup un anachronisme flagrant à l’ère Obama et l’évidence tombe comme un couperet : Green Day est resté bloqué cinq ans en arrière.
Hélas, non seulement l’écoute de l’album confirmera cette impression, mais elle révèlera que pris dans sa faille temporelle, le groupe a également perdu toute capacité à écrire les petits tubes punk-pop qui faisaient son seul intérêt. Inutile de chercher... Nul Basket Case, point de Holiday, aucun Hitchin’ A Ride, même pas un petit Good Riddance (Time Of Your Life) a se mettre sous la dent. Tout est plat, la production semble avoir totalement oublié la notion de relief et les morceaux s’enchainent pendant 70 minutes sans provoquer le moindre haussement de sourcils chez l’auditeur et ne parlons pas d’un hypothétique embryon de début de mouvement de tête.
En fait, les seules réactions que peut provoquer cet album varient de l’ennui à l’indignation en passant par la franche rigolade. Car comme c’est souvent le cas des groupe en grave panne d’inspiration (le même riff se retrouve sur quatre ou cinq chansons de l’album), Green Day est allé piller ses contemporains. Aussi il ne faut pas s’étonner de retrouver au détour d’un titre des réminiscences d’Oasis (Last Night On Earth, Restless Heart Syndrome, 21 Guns) ou de U2 (Last Of American Girls), sans compter une improbable influence mariachi made in Calexico (Peacemaker). Mais ce qui laissera l’auditeur sur les rotules, c’est indéniablement la pantalonnade Horsehoes And Handgrenades.
Qu’on soit bien clair, les enfants, je veux bien que ça soit fatiguant d’écrire des chansons originales et que se mettre du khôl autour des yeux pour avoir l’air d’un rebelle, ça prenne du temps. Mais jamais, au grand jamais, plagier un titre des Hives ne sera une bonne idée. Vous croyiez que ça allait passer inaperçu ? Vous l’avez foutue en fin d’album, avec en prime un titre totalement improbable, mais les faits sont là. Horsehoes And Handgrenades, c’est une décalcomanie du Main Offender des Hives. Alors autant être clair, je n’ai rien contre ce sympathique groupe de garage suédois que sont les Hives. Mais bordel, pour se sentir obligés de pomper un titre, certes entrainant, mais surtout extrêmement basique, il faut vraiment être au fond du trou, artistiquement parlant.
Pour finir, je passerai sous silence les velléités de soliste dont Billie Joe Armstrong parsème l’album. Je pensais que c’était pourtant une règle d’or intangible sous peine de se faire écraser les doigts à coups de crosse façon Victor Jara : un solo ne doit jamais reprendre la mélodie du chant, ça va contre toutes les lois de l’esthétique, c’est atroce, ignoble, laid à vous en faire saigner les oreilles.
Malheureusement, ami lecteur qui m’a suivi jusqu’à cet ultime paragraphe, n’attends aucune indulgence finale. Ce paragraphe ne sera pas celui de la rédemption, celui où le critique dans sa grande mansuétude consent à accorder quelques compliments à l’oeuvre qui a l’insigne honneur d’être passée au crible de ses inaltérables neurones dont les goûts esthétiques ne sauraient être remis en cause. Ce paragraphe ne sera que le dernier clou dans le cercueil : 21st Century Breakdown est tout simplement une énorme daube.
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